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Tony Scott, réalisateur du premier Top Gun en 1986, résumait : « Les scènes entre les personnages ne sont que des pauses entre les scènes d’avions ». En gardant cette idée en tête, on ne peut pas trop en vouloir à Top Gun : Maverick d’être plus à l’aise dans les airs que sur le plancher des vaches : disons que c’est une manière de rester fidèle à l’original. A terre, le film est en effet plombé par une espèce de nostalgie surjouée, mécanique. Photos jaunies accrochées au mur, flashbacks, caméo trémolo d’un Val Kilmer affaibli… Cette révérence excessive envers le passé, en ne provoquant que très peu d’émotion, souligne l’étroitesse d’un univers quand même assez rudimentaire (patriotisme tout sourire, femmes cantonnées à la figuration…). Le film décolle en revanche totalement quand il se laisse aller aux joies de la vitesse, de l’euphorie cinétique, de la sensation pure. Sans singer l’esthétique « soleil couchant » de Scott, Joseph Kosinski impose sa patte, élégante, mélange de chromos Americana post-Michael Bay et de fluidité supersonique. L’intrigue « militaire » est bien meilleure que celle du premier film, Tom Cruise et le fidèle Christopher McQuarrie (ici co-scénariste) s’amusant en cours de route à transformer ce Top Gun 2 en une sorte de Mission : Impossible 6 ½. Arrivé dans le film en vétéran fatigué, presque en fantôme, Tom Cruise en ressort régénéré, affirmant sa nature de super-VRP de « l’expérience cinéma » (c’est un film à voir en salles, obligé). La mythologie de Top Gun est peut-être limitée, mais celle de Tom Cruise, elle, semble inépuisable.