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L’ouverture de Trois Jours et une vie est saisissante : dans un Scope renversant (« carpenterien »), Boukhrief pose son décor. Une forêt dense et profonde qui ressemble à un décor maléfique de conte de fées. Et puis, la caméra et l’action descendent au niveau des hommes et on découvre un petit village des Ardennes, ses habitants, sa topographie. Et cet enfant qui va vivre son pire cauchemar. L’histoire est celle d’Antoine, un gamin de 12 ans qui, dans un accès de rage, s’énerve contre un de ses amis, lui envoie un bout de bois pour le faire déguerpir et le tue par accident. Il enterre le corps, mais les rumeurs vont bon train et le village s’affole. Un événement d’une ampleur exceptionnelle va pourtant tout effacer. Antoine échappe aux recherches, à la prison, mais quand il revient vingt ans plus tard, la culpabilité et la peur frappent à sa porte. Très fidèle au roman de Pierre Lemaitre, Nicolas Boukhrief bâtit une tension sourde et multiplie les rebondissements en creusant la question au cœur du livre : comment vivre et survivre en ayant été meurtrier ? Trois Jours et une vie est pourtant un film extrêmement personnel qui travaille toujours plus les thématiques du cinéaste : nouveau récit sur la transmission (d’une vie, d’un destin), nouvelle œuvre sur le point de vue et l’identité (comme La Confession et Un ciel radieux), c’est aussi un magnifique film sur l’enfance... Les cauchemars d’Antoine rejoignent ceux du petit Mohune des Contrebandiers de Moonfleet et on peut alors voir ce thriller comme une porte entrouverte sur la vie, le rêve et le cinéma. Une série B métaphysique dont la fin, sublime, vous hante pour longtemps.