Récompensé en 2008 pour Le Scaphandre et le Papillon, Mathieu Amalric avait préparé un petit message au cas où. Qui fut amputé de toute une partie. Explications.2008, 33ème cérémonie des César : Mathieu Amalric est récompensé comme Meilleur acteur pour Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schabel (adaptation de l’autobiographie de Jean-Dominique Bauby, atteint du locked in syndrom). L'acteur étant absent de la cérémonie, Antoine de Caunes lit le discours préparé par Amalric, préparé « au cas où ».Mais voilà, le texte a, selon Amalric, subi de sérieuses coupes. De Caunes commence à lire le début du texte : « Alors là on frôle le n’importe quoi : Lindon ; trois fois nommé, zéro compression. Darroussin ; deux fois... nada. Michel ; quatre fois comme acteur... résultat blanc. Et le pompon, Jean-Pierre Marielle. Sept fois nommé !!! Et jamais la fève, même pas pour les Galettes. Chapeau ! ... De Panama, d’où je vous fait un vrai faux-Bon...D.L’autre vilain de Lonsdale aussi il paraît.Enfin, mouais, mais... non ce qui fait plaisir, c’est que le Scaphandre, c’est bien la preuve qu’un acteur n’existe qu’à travers, qu’en regard de ses partenaires. Parce que qui voit-on à l’image, qui fait prendre vie au Jean-Do de fiction ? C’est Chesnais, c’est Ecoffey, Arestrup, Watkins. Ce sont Marie-José, Olatz, Consigny penchées vers lui, vers moi, vers vous, tendres, drôles et attentives. C’est Marina en Vierge Marie, c’est Emmanuelle Seigner qui joue pas la Sainte et qui du coup donne corps, chair et souffrance à Bauby. Ta fille aussi, Emma qui carrément provoque le miracle. Et c’était Jean-Pierre Cassel, doublement.Le Papillon c’est la preuve que, quand il y a un réalisateur, les techniciens sont des roseaux pensants. Que tout se mélange, que sur un plateau tout est dans tout, qu’on peut être, (ce joli mot), une équipe PAS technique... parce que franchement qui c’est l’Acteur quand c’est Berto, le caméraman qui fait, qui EST le regard. C’est LUI qui, par les mouvements de sa caméra crée les mouvements de la pensée de Jean-Do.Oui, quand il y a un réalisateur... Julian.Je pense fort à une autre équipe. Celle, médicale, de l’Hôpital Maritime de Berck-sur-Mer où on a tourné et où Bauby a passé un an et demi. Le vrai et le faux, la réalité et la fiction... on ne savait plus. D’ailleurs c’est drôle, je me souviens. Le décor de la chambre, pour avoir plus d’espace, était reconstituée dans une grande salle au rez de chaussée de l’Hôpital, la salle des fêtes. Avec au dessus de la porte, une enseigne en grosses lettres rouges : CINEMA. Ça ne s’invente pas. »Voilà où s’arrête le discours prononcé par De Caunes. Mais voilà, suite à la cérémonie, Mathieu Amalric envoie un message du Panama, où il se trouvait, à l’AFP et aux Cahers du Cinéma afin de leur donner l’intégralité du texte, qui se termine ainsi :« Mais la salle de cinéma. Oui, la SALLE de cinéma, elle, doit pouvoir continuer à s’inventer. "A lire à la lumière. Et à diriger sur notre nuit" Notre musique. Insupportable "trompe l’œil" des multiplexes. Les chiffres comme seule ligne d’horizon. Aveuglement, brouillage, gavage, lavage. Et quelle solitude. Vous avez déjà parlé à quelqu’un dans un multiplexe ? Pas moi. D’ailleurs c’est impossible, ce qui compte c’est le flux. "Circulez s’il vous plaît, y’a rien à voir" . Au suivant ! bande de Brel. Alors que le travail souterrain, patient, divers, dédié au public, aux écoles, aux rencontres que font et on envie de faire tellement d’exploitants de salle se voit de plus en plus nié aujourd’hui. La Question humaine n’aurait par exemple jamais fait autant d’entrées sans le travail de curiosité des exploitants de province et de l’ACRIF. Ce tissu de salles, que le monde entier nous envie, est notre cœur, nos poumons. Sinon... Sinon on va tous finir devant nos "home cinéma" à se tripoter la nouille... Bons baisers de Panama... Mathieu » Mathieu Amalric conclue ainsi son message aux Cahiers du Cinéma : « Je n’en reviens pas. Je ne savais pas que c’était si simple que ça, la censure. » Quant à Antoine de Caunes, il déclare alors n'avoir reçu que le discours tronqué, sans avoir eu connaissance d'un texte plus long.Peut-être la critique frontale des multiplexes a-t-elle effrayé les organisateurs des César, alors que des tracts étaient distribués au-dehors, notamment par Agnès Jaoui, appelant à lutter pour la sauvegarde des petites salles de cinéma. Un débat invisible…Le dossier spécial César 2010.VIDEO – César 2010 – l'anecdote du jour : la fin d'Alain Chabat VIDEO – César 2010 : l’anecdote du jour : Jamel détend l’atmosphère VIDEO – César 2010 : l’anecdote du jour : quand Valérie Lemercier se prend pour Rabbi Jacob. VIDEO – César 2010 : L’anecdote du jour : Johnny Depp a toujours la classeCésar 2010 : le bilan des nominations César 2010 : la liste complète des nommés Vote – César 2010 : quels sont vos favoris ?
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César 2010 – L’anecdote du jour : le discours censuré de Mathieu Amalric
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