L’ivresse de l’argent est très proche de La Servante. Qu’est-ce qui vous a incité à rester dans cet univers ?La Servante est le remake d’un film de Kim Ki-Young, donc j’étais limité dans mon action en tant qu’auteur et réalisateur. Je me suis donc dit que je devrais faire un autre film à ma manière.Que vouliez-vous montrer de plus cette fois-ci ?La Servante se déroule dans un monde à l’espace très limité avec un nombre de personnages très restreint, un peu comme dans un conte de fées, alors que ce film décrit les interactions plus complexes de personnages plus nombreux et variés. Si on devait établir une hiérarchie entre eux, l’Américain arriverait tout en haut, et la bonne venue des Philippines se situerait en bas de l’échelle. Cette hiérarchie est représentative non seulement de la société coréenne, mais de l’humanité en général.Se croyant à l’abri de tout contrôle extérieur, vos personnages se lancent dans une série d’actions si odieuses qu’elles attirent nécessairement des sanctions, comme dans un film de vengeance. Y avez-vous pensé ?En fait c’est l’histoire d’un vieux couple. On pourrait dire que leur relation a pu commencer d’une façon romantique, comme pour le jeune couple. Mais l’inégalité de pouvoir entre les deux époux induit une certaine rivalité, ce qui valide cette notion qu’ils cherchent à se punir. Le mari se sent très frustré parce que sa femme est plus riche que lui, et il cherche effectivement à se venger en couchant avec sa bonne et ensuite en voulant quitter sa femme. Or, Madame Baek ne l’accepte pas, et réplique en tuant la bonne. Donc oui, ce schéma de vengeance réciproque existe d’une certaine façon. Et si tout le monde est perdant à la fin, Mr Baek apparaît souriant dans son cercueil, alors que sa femme est accablée devant le cadavre de son mari. Mais le schéma est appelé à se reproduire puisque la jeune fille est beaucoup plus riche que le garçon.Vous montrez l’effet corrupteur de l’argent, du pouvoir et du sexe, mais votre mise en scène trahit aussi une certaine fascination. Comment vous situez-vous par rapport à cette ambigüité ?Si j’avais voulu faire de l’argent, il aurait fallu je fasse un film qui plaise à la droite ou à la gauche. Mais mes films, et en particulier celui-ci, ne plaisent ni à un camp ni à l’autre. Je me suis fait beaucoup d’ennemis, depuis les cinq grandes familles qui ont la main sur la société coréenne, jusqu’au procureur qui me reproche de ne pas le mettre en valeur.
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- L'ivresse de l'argent : "tout le monde est perdant à la fin"
L'ivresse de l'argent : "tout le monde est perdant à la fin"
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