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Une minute, un téléphone, un film. Pour sa nouvelle édition, le Mobile Film festival a demandé à l'écrivain-réalisateur Philippe Claudel de présider ce festival pas comme les autres. Avant la proclamation des résultats (jeudi), rencontre avec un président heureux. Philippe, pourquoi avoir accepté de présider le mobile film festival ? Ça m’arrive rarement, parce que je ne suis pas très intéressé par les présidences ou les honneurs. Mais là, c’est le professeur qui sommeille en moi qui a répondu. Ça me plaisait de présider ce concours de très court métrage sur téléphone portable, ça m’excitait. Parce que je voulais savoir ce que les jeunes créateurs d’aujourd’hui pouvaient faire avec des contraintes très précises. Lesquelles ? Un portable, une minute, un film. Du court, donc très court. Mais ça vous intéresse vraiment les court-métrages ? Évidemment, c’est un vivier qui donne naissance à des auteurs ou à certains long-métrage de demain. Et puis j’éprouve un vrai plaisir à voir des courts parce qu’on ne sait pas qui on regarde et ce qu’on regarde. C’est comme déguster un vin à l’aveugle. Aujourd’hui, quand vous allez voir un film en salle, il est précédé d’une rumeur, bonne ou mauvaise. Il y a de l’affichage, le film annonce... on n’est jamais vierge. Dans un festival de court métrage, justement, la virginité de l’esprit nous permet d’être beaucoup plus ouvert. Revenons à l’autre particularité de ces courts : le portable... Ça, ça rejoint ce que je répète à mes étudiants. Pour filmer, ma génération devait trouver une caméra, de la pellicule et un peu d’argent. C’était pas simple. Alors qu’aujourd’hui, les possibilités de tourner, monter, donc postproduire, tout le monde les a. La morale est simple : on peut raconter des histoires, pour rien et tout le monde peut s’exprimer... Vous avez repéré des tendances cette année ? La comédie, surtout. En France, le court-métrage est un peu l’héritier de la nouvelle à la française. Tout est construit autour d’une chute. On trouve beaucoup ça dans ce mini-format. D’autres essaient de mettre en avant un univers, une ambiance, mais c’est vrai que la comédie domine...