Amadeus : Quand Mark Hamill et Mel Gibson rêvaient de jouer Mozart
Abaca/Lucasfilm/Warner Bros

Mick Jagger a également été approché par la production pour ce film culte de Milos Forman.

A l'occasion de la rediffusion d'Amadeus, ce soir sur Arte (et déjà visible sur Arte.TV), nous repartageons ici un extrait de notre dossier consacré au film dans le Première Classics n°10 (avec Le Père Noël est une ordure en couverture).


 

Amadeus a ceci de particulier qu’il adopte le point de vue de l’antagoniste. C’est un biopic de Mozart où Mozart est moins présent que Salieri. Dès l’instant où le producteur Saul Zaentz va chercher le financement pour monter le projet, toutes les stars de l’époque vont venir se bousculer pour auditionner. Mark Hamill, qui vient d’interpréter le compositeur autrichien sur scène est le plus motivé et le plus confiant d’entre tous. C’est le rôle qui peut donner un second souffle à sa carrière maintenant que les Star Wars sont derrière lui. Forman lui répondra in fine que personne ne  peut croire que Luke Skywalker peut aussi être Wolfgang Amadeus Mozart. Mel Gibson vient aussi  tenter sa chance: il est congédié. On propose à Mick Jagger de venir passer un bout d’essai, histoire de voir si la rockstar du XVIIIe peut être interprétée par la plus grande rockstar du XXe : ça ne fonctionne pas.

En fait, rien ne fonctionne et Forman en vient à cette conclusion: Amadeus n’est pas conçu pour des stars mais pour des acteurs inconnus. « Un jour, alors que j’étais dans une impasse totale en termes de casting, je me suis rendu compte de quelque chose d’évident, avouera plus tard le metteur en scène. Lorsque vous regardez les portraits de Mozart peints à l’époque, il y a quelque chose de frappant: il n’y en a pas deux qui se ressemblent. C’est donc qu’il n’avait pas de traits saillants, qu’il n’avait rien de bien remarquable, il ne ressemblait ni à un meneur ni à un héros. C’était donc l’inverse d’une star. Voilà le type d’acteur qu’il me fallait ! »

Pour trouver l’intégralité de son casting, une quinzaine de rôles à pourvoir environ, Forman fera passer plus de 1400 auditions. Ces séances  lui prendront une année entière et grèveront une bonne partie du budget du film. Le producteur Zaentz s’en souvient: « Puisque Miloš ne voulait pas de stars en tête d’affiche, je savais que nous allions  avoir beaucoup plus de mal à financer le film – qui coûtait tout de même moins cher en cachets. Il fallait 20 millions de dollars et j’ai réussi à les réunir, mais deux ou trois sont partis pendant cette année de casting. Je crois que, à l’époque, personne n’avait encore jamais fait une chose pareille… ». Alors qu’un acteur anglais du nom de Kenneth Branagh semble enfin tenir la corde pour jouer Mozart, Forman  décide que son accent est un souci. On ne fait pas de grands biopics hollywoodiens avec du flegme british. Il choisit donc un jeune Américain parfaitement inconnu, Tom Hulce, à qui il fait passer une audition de 8 heures, et qu’il envoie ensuite pratiquer le piano quatre heures par jour pendant presque un an.

Rien n’est tout à fait authentique dans Amadeus, si ce n’est le pur génie de Mozart

Choisi pour le rôle de Salieri, F. Murray Abraham semble garder un souvenir mémorable de ce casting au long cours, transformé petit à petit en gigantesque atelier de jeu : « C’était un coup de génie en termes de production ! Forman et Zaentz ont pris le temps de choisir les meilleurs. Ce qui leur a permis d’économiser ensuite beaucoup de temps, donc d’argent. Ils ont pu expérimenter comme jamais dans l’attribution des rôles : tout cet immense processus d’audition qui durait, qui durait, n’était rien d’autre que des répétitions déguisées qui se sont étalées sur une année. Moi, par exemple, alors que je venais d’être choisi pour un personnage très secondaire dans l’intrigue, et que je m’apprêtais à rentrer chez moi, heureux, je fus rattrapé par Miloš qui auditionnait ensuite un jeune type pour le rôle de Mozart. Il m’a proposé de lui donner la réplique en Salieri juste « pour filer un coup de main ». J’étais donc très décontracté et j’ai dû être très bon parce que j’ai finalement eu le rôle. Mais Miloš me l’a avoué plus tard, ce “coup de main” n’était rien d’autre qu’une audition déguisée… » Forman confirmera ses intentions avec une pointe de venin toutefois : « J’avais vu dès sa première audition qu’Abraham ressemblait par bien des aspects à Salieri: c’était un acteur qui peinait beaucoup à vivre de son travail à l’époque et, comme Salieri, il pensait son génie était entravé par la médiocrité de ceux qui l’entouraient. Il était donc parfait pour le rôle. » Il lui vaudra même un Oscar. Du meilleur rôle principal. Au nez et à la barbe de Mozart.

L'article complet sur Amadeus est à retrouver dans notre kiosque en ligne