"C’est un film, pas un documentaire ni une caméra cachée."
Depuis sa présentation dans le cadre du festival de Cannes 2021, Bac Nord a fait couler beaucoup d'encre. Lors de la conférence de presse de ce polar musclé réalisé par Cédric Jimenez et porté par François Civil, Karim Leklou et Gilles Lellouche, un journaliste irlandais avait interrogé l'équipe sur les potentielles reprises politiques de son sujet, le film suivant des policiers corrompus à Marseille et sortant au cinéma quelques mois avant une élection présidentielle. Ils avaient pris la question à la légère, mais depuis sa sortie en août, Bac Nord a effectivement été pris pour exemple par des personnalités politiques, notamment d'extrême droite, comme Marine Le Pen et Eric Zemmour. Cette semaine, peu après l'annonce de la sélection des César et les 7 nominations de Bac Nord, on a appris qu'Alliance, un syndicat de police, avait décidé de le projeter dans le cadre d'une rencontre avec plusieurs candidats à la présidentielle. Organisée au Club de l'Etoile, à Paris, cet événement politique a fait réagir son réalisateur sur France Inter (son interview complète est à lire ici).
Cédric Jimenez s'indigne de "la pure récupération politique" autour de Bac NordTout d'abord, Cédric Jimenez explique avoir appris l'existence de ce meeting "très tard", puis détaille : "Je sais qu'ils ont demandé au producteur la bande annonce, ce qu'on a refusé. Malgré ça, on ne peut rien faire, on ne peut pas empêcher les gens de visionner le film. On n’a pas été prévenus, on a encore moins donné notre accord. On ne peut rien faire. C'est dérangeant, cela m’ennuie beaucoup..." L'intéressé considère ensuite qu'"un film reste une œuvre cinématographique et il ne peut pas devenir un objet politique." Jugeant que le présenter juste avant des discours de candidats à la présidentielle "n'a aucun sens", il déplore que son film soit utilisé comme un argument politique : "Je le répète, c’est un film, pas un documentaire ni une caméra cachée. J'ai fait un film avec un point de vue. C’est une affaire très particulière, exceptionnelle, où des flics se sont retrouvés en prison. Cela n'arrive pas tous les jours. Ça ne représente ni le quotidien des quartiers, ni celui de la police. Ils ne font pas des opérations comme ça tous les jours, toutes les semaines, c'est faux, donc c'est un film, une fiction, qui se concentre sur une affaire judiciaire." Il conclut en expliquant que les multiples récupérations politiques de Bac Nord l'ont refroidi de réaliser d'autres films de ce style : "S'il y a une récupération politique à chaque fois que le propos d'un film touche à quelque chose de politique, ça veut dire qu'il ne nous reste plus qu'à faire des comédies familiales. Des choses qui sont vraiment très, très inoffensives. C'est inquiétant de façon générale, pas juste pour mon cas. Si on fait du cinéma, c'est bien parce qu'on a choisi de ne pas faire de la politique."
Les prochains films de Cédric Jimenez risquent pourtant de faire à leur tour parler d'eux pour des raisons politiques, puisqu'ils s'intéresseront à deux drames survenus récemment : Novembre retracera les attentats du 13 novembre 2015, puis Verde racontera la captivité d'Ingrid Betancourt et Clara Rojas dans la jungle. L'ancienne candidate à la présidentielle colombienne a été enlevée avec sa directrice de campagne, et elles ont été retenues captives pendant 7 ans. Le premier sera porté par Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Cédric Khan, Sofian Khammes, Sami Outalbali et Stéphane Bak, et il sortira le 5 octobre 2022. On ne connaît pas encore le casting du second projet, qui vient d'être annoncé.
François Civil et Gilles Lellouche - Bac Nord : "Je ne crois pas que le film soit sujet à polémique"
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