Première avait assisté au tournage du film américain de Guillaume Canet.
Blood Ties revient ce soir à la télévision, sur W9, à 23h20. Durant l'hiver 2012, Mathieu Carratier, de Première, avait été invité par Guillaume Canet sur le tournage de Blood Ties, sa première réalisation en anglais, portée par une pléiade de stars (Marion Cotillard, Billy Crudup, Clive Owen, Mila Kunis, Zoe Saldana etc). Le metteur en scène avait même été en couverture du magazine. Il révélait à l'époque que les prises de vue n'avaient pas été de tout repos, notamment à cause de règles très strictes concernant les plateaux de tournage aux Etast-Unis : "Il y a des choses formidables lorsqu’on tourne à New York. Tu peux poser ta caméra n’importe où et c’est tout de suite beau. Mais à part ça, les syndicats te rendent fou. On peut, par exemple, te couper l’électricité au beau milieu du tournage d’un plan parce que c’est l’heure de la pause déjeuner. Des conditions qui n’étaient pas du tout en adéquation avec ma méthode de travail. J’aime l’instantané, les accidents, pouvoir changer une scène au débotté en disant au mec : « Là, tu vas plutôt descendre de la bagnole. » Sauf que non, il ne pouvait pas descendre de la voiture vu qu’on n’avait pas prévenu à l’avance les flics qui encadraient le tournage. (...) Je me suis retrouvé confronté au problème que rencontrent tous les réalisateurs français lorsqu’ils tournent à New York : le manque absolu de liberté. Là-bas, il faut des autorisations pour tout. Un figurant qui marche sur un trottoir doit être payé plus cher qu’un autre assis dans un restaurant parce qu’il risque d’être renversé par une voiture. Et je n’avais pas le droit de leur parler car si je le faisais, ils étaient alors considérés comme acteurs et gagnaient plus d’argent. Le matin, les figurants arrivaient sur le plateau, te disaient bonjour et tu ne savais pas trop si tu pouvais leur répondre. Un jour, l’un d’eux m’a demandé s’il pouvait s’asseoir à un endroit. J’ai dit oui, et boum, il a demandé à être payé en tant qu’acteur parce que le metteur en scène venait de lui donner une indication."
Blood Ties, hommage sincère au polar 70's [critique]En fait, avant même de mettre en route la première caméra, les déboires avaient commencé. D'abord, Mark Wahlberg, à qui il avait offert le rôle du petit frère, a quitté le projet "à quatre semaines du tournage pour des raisons totalement obscures", ce qui a obligé le réalisateur à repenser son casting, puisque la star avait signé depuis 8 mois pour le rôle ! Heureusement, il a trouvé son remplaçant en la personne de Billy Crudup. Un soulagement ? "Oui, mais un autre cauchemar a commencé. Étant donné que Blood Ties est un film européen, j’ai découvert que, contractuellement, 50 % du casting devait être composé de comédiens européens. C’était surréaliste : j’avais un tableau sur lequel il y avait un pourcentage à côté de chaque rôle en fonction de son importance dans le scénario, et je jonglais avec les chiffres. Si j’engageais Zoe Saldana, il fallait en contrepartie que je trouve un acteur comme Noah Emmerich, qui possède un passeport allemand."
Avec le recul, Guillaume Canet est pourtant content de cette expérience : "La fabrication a été compliquée, mais il y a aussi eu des moments extraordinaires. Il s’est passé des trucs magiques qui ont fait que j’y étais pleinement, dans ce rêve américain. Je suis si obsessionnel et insatisfait de nature que je l’ai vécu comme un cauchemar, mais au réveil, c’était plutôt un rêve. Je dramatise beaucoup ce que je vis sur les plateaux, je suis tellement exigeant avec moi-même que j’ai constamment l’impression de faire de la merde. Je me raccroche à des petits détails, je ronge mon os. Christian Duguay se fout souvent de moi à cause de ça. À chaque fois, il me dit : « Tiens, prends un autre os. » Maintenant que la bataille est terminée, j’ai des courbatures, mais je me rends compte que ce sont de bonnes courbatures."
Blood Ties n'a pas reçu l'accueil escompté à sa sortie, et son réalisateur nous en reparlait au sein du magazine, en 2017 :
Guillaume Canet : "Rock’n Roll, c’est une manière de dire 'même pas mal'"Bande-annonce :
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