Brad Pitt : "A Hollywood, le système de valeurs est totalement déréglé"

En 2011, la star faisait le point dans Première en attendant la sortie en salles de Moneyball. Flashback.

Le baseball, Hollywood, le jeu... A l'occasion de la sortie du stratège, la plus grande star américaine se dévoile (un peu) pour Première... Nous repartageons cette interview de Brad Pitt à l'occasion de la rediffusion du Stratège, ce soir sur la chaîne L'Equipe.

Interview publiée initialement le 16 novembre 2011 :

Alors qu'il se dit proche de la retraite, Brad Pitt a sans doute trouvé l'un des meilleurs rôles de sa carrière dans Le stratège. Un film de baseball, mais pas seulement : la revanche de l'outsider plutôt. L'histoire d'un type qu'on pensait fini et qui finit par imposer sa marque et son génie. Ecrit par les deux plus grands scénaristes américains d'aujourd'hui (Aaron Sorkin et Steven Zaillian), Le Stratège est un film qui frappe fort et multiplie les home runs. Mais l'arme suprême du film, c'est Brad Pitt. A la une du dernier numéro de Première, le comédien revient sur cette expérience. Voici un extrait du long article qui lui est consacré. La suite est dans les kiosques...

Par Benjamin Rozovas

Première : Le Stratège parle de base-ball sans jamais vraiment montrer de sport. Il s’agit plus d’un film sur le business qui l’entoure et sur cette dimension quasi religieuse qu’on lui accorde aux États-Unis...
Brad Pitt : Le base-ball est effectivement sacré chez nous. Les Américains entretiennent un rapport très particulier avec ce sport, qui peut carrément les rendre dingues. Mais je crois savoir que vous, les Français, n’êtes pas non plus très nets avec votre football... Le Stratège est une histoire comme je les aime sur des outsiders, où les petits s’attaquent à un système qui les écrase en essayant d’abattre des murs à mains nues. Billy Beane, le manager des Oakland Athletics que j’incarne, est passé pour un hérétique lorsqu’il s’est élevé contre tout le monde et a dit : « Je ne peux pas concourir dans ces conditions. Arrêtons de dépenser des sommes astronomiques n’importe comment, mettons l’argent là où il y a de la valeur ! »

C’est une façon détournée de parler du business hollywoodien, non ?
Les questions que soulève Billy à propos du base-ball s’appliquent aussi à Hollywood, dont le système de valeurs est totalement déréglé. Les joueurs que mon personnage va dénicher ont tous des réputations de tocards et commençaient eux-mêmes à se dire qu’ils étaient finis... Mais Billy, en additionnant les talents de chacun, va prouver le contraire et initier une véritable révolution.

En parlant de système de valeurs...
(Il intervient.) On accorde beaucoup d’importance aux trophées : qui a gagné ceci, qui a gagné cela... Je me souviens d’avoir regardé une fois les jeux Olympiques, au début des années 90, je crois. Il y avait une gymnaste russe qui était censée battre toutes les autres à plate couture et dominer la compétition. Mais, quelques secondes après le début de son exercice au sol, elle a chuté. Les commentateurs ont commencé à s’affoler : « Oh, mon Dieu ! C’est une catastrophe, c’est terminé... » Elle s’est relevée et, sachant pertinemment qu’elle avait tout perdu, elle est quand même allée jusqu’au bout. C’était incroyable, parfait, miraculeux... L’un des trucs les plus émouvants que j’ai jamais vus. Encore mieux que de gagner une médaille d’or. Mais les commentateurs ont continué : « Quel dommage, quel moment de tristesse », au lieu de célébrer cette victoire silencieuse à laquelle on venait d’assister.

Aujourd’hui, votre présence dans un film lui garantit aussitôt un certain niveau de qualité. Êtes-vous conscient d’avoir, comme Billy, imposé vos propres règles ?
C’est un énorme compliment que vous me faites. Je serais très fier si c’était le cas...

D’après vous, L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford sera-t-il un jour considéré comme un grand classique ?
Je l’ai toujours vu comme un vin d’exception. Il fera son effet avec le temps... J’ai découvert la plupart de mes films préférés bien après leur sortie. Seul, sans l’aide de personne. Je ne m’inquiète pas trop pour l’avenir de L’Assassinat...

Bande-annonce du Stratège :