Pierre Niney, Laurent Lafitte et Anaïs Demoustier se sont lâchés avec humour en conférence de presse.
C’était l’événement que les cinéphiles français attendaient. Hier soir, Le Comte de Monte-Cristo a été présenté hors compétition au Festival de Cannes et pour l’occasion, le casting cinq étoiles s’était réuni pour une montée des marches événementielle. Trois heures plus tard, les lumières de la salle se sont rallumées et le public était aux anges – conquis par cette nouvelle adaptation sombre, tragique, époustouflante et modernisée du roman d’Alexandre Dumas (un auteur qui a dernièrement le vent en poupe). Dans la peau du vengeur masqué, Edmond Dantès, nul autre que Pierre Niney – un acteur de renom qui a su montrer ses talents autant en comédie qu’en drame – et qui à la fin de la projection s’est retrouvé ému aux larmes.
Après le succès du dytique Les Trois Mousquetaires, les scénaristes Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte reviennent avec ce nouveau film d’époque, dont ils sont cette fois aux commandes en plus du scénario, une relecture grandiose portée par un casting passionné qui s’est livré avec beaucoup d’humour sur le tournage durant la conférence de presse.
Le Comte de Monte-Cristo : Pierre Niney impérial en ange de la vengeance [critique]A promising youg man
Comme on a pu l’entendre durant cette conférence : qui n’aime pas les revenge story ? Edmond Dantès se retrouve trahi dans sa jeunesse et enfermé pour un crime qu’il n’a pas commis. Parvenant à s’échapper, le metteur en scène orchestre sa vengeance et devient le Comte de Monte-Cristo. "Batman est un héritier du Monte-Cristo", confirme son interprète.
Pierre Niney a prouvé au fil des années qu’il excellait dans tous les genres et ce personnage semble être écrit pour lui. Déjà pour Première, dans le dernier numéro consacré à cette 77ème édition du Festival de Cannes, il évoquait l’aspect shakespearien d’Edmond et les jeux de masques et du double.
Exclu – Pierre Niney : "Je préfère Monte-Cristo à tous ces superhéros"A Cannes, le comédien explique que son personnage passe d’un extrême à un autre, d’un justicier à un monstre, se prenant pour Dieu voire le diable. "C’est un cadeau pour un acteur et je suis honoré de faire partie de cette aventure."
Une aventure risquée et dangereuse si bien que Pathé demandait des comptes à la production : "Vous n’avez pas fait ça avec l’acteur quand même ?". Pour son rôle, Niney a appris à se battre à l’épée, à chevaucher et à retenir sa respiration sous l’eau. Le secret de l’apnée ? Une voix au loin dans la salle s’exclame : "Serrez le périnée." Le panel rit jusqu’à ce que Pierre Niney renchérisse : "Serrez le Pierre Niney plutôt !" Fou rire garanti. "Merde, on avait dit qu’on faisait un truc sérieux." C’est confirmé, il est le roi de la tragédie et de la comédie.
"Mon seul bémol avec Pierfrancesco c’est que tout le monde tombe amoureux de lui"
Autour de Pierre Niney, gravitent une ribambelle de personnages, tous interprétés par des acteurs de renom. La première à parler de son rôle est Anamaria Vartolomei, dans la peau de Haydée, sorte d’alter-ego féminin du comte, et qui subit une réécriture forte dans cette adaptation.
"Ce que j’aime par-dessus tout, c’est les personnages féminins qui tentent de s’émanciper d’une emprise et c’est ce qui m’a plu chez Haydée. Elle cherche sa liberté, à s’échapper de l’emprise de Monte-Cristo."
Pour Alexandre de la Pattelière, Haydée, trahie et vendue comme esclave, "a ce feu en elle", et grâce à son personnage, les spectateurs voient sous un autre point de vue le Comte sombrer dans la noirceur de son plan. Elle vient contrebalancer la narration entièrement à la première personne.
Grand absent de cette conférence, Pierfrancesco Favino. Celui qui se tient aux côtés de Greta Gerwig dans le jury des longs-métrages interprète l’Abbé Faria. A sa place, se sont exprimés ses collègues et notamment Pierre Niney qui a souligné son admiration pour l’acteur italien. :
"Il apporte dans ce film son charisme, sa voix de basse, sa figure paternelle à laquelle on avait envie de s’attacher. (…) Malgré ce côté très impressionnant de l’acteur et du personnage, il avait cette enfance, et cette petite connerie dans l’œil qu’il est bon de cultiver, je crois. Je suis très honoré et très fier de partager des scènes avec lui."
Des mots doux suivis d’une pique amicale lancée par de la Pattelière : "Mon seul bémol avec Pierfrancesco, c’est que tout le monde tombe amoureux de lui et je trouve que c’est très injuste pour nous, simples mortels." Les absents ont toujours tort !
Du côté des méchants se trouve le trio Laurent Lafitte (Gerard de Villefort), Bastien Bouillon (Fernand de Morcef) et Julien de Saint Jean (Andréa), sur qui l’un des deux réalisateurs déclare : "Ce sont des vrais méchants de tragédie, de cinéma. Ils sont tous les personnages principaux de leurs histoires."
Se démarquer des anciennes adaptations
Avant de passer entre les mains d’Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte, Le Comte de Monte-Cristo a connu une vingtaine d’adaptations, traversant les frontières physiques, celles des langues et des époques. Il y en a eu par le passé, et il y en aura à l’avenir. Le défi étant de pouvoir donner sa propre version du roman. Pour ce projet fou de faire renaître cette immense fresque littéraire, des choix ont été faits comme l’explique Mathieu Delaporte :
"On n’avait pas tellement regardé les anciennes versions. On s’est concentré sur l’écriture qu’on avait envie de faire du roman – la réécriture."
Tout comme les créateurs qui n’ont pas pris en compte leurs aînés, les acteurs ont fait abstraction des précédentes adaptations. Comme l’expliquent Pierre Niney et Laurent Lafitte, tous deux issus de la Comédie Française, il était important de désacraliser la chose et de se détacher pour n’être "ni impressionné, ni influencé." D’un rire gêné, l’acteur de la série Tapie ajoute :
"Je suis tombé par hasard sur la version de Jean Marais… qui devait fonctionner à l’époque, j’imagine ? (rires) C’est facile de venir quarante ans après et dire que ça a mal vieilli."
S’il faut se démarquer dans le jeu, c’est aussi visuellement que Le Comte de Monte-Cristo joue l’originalité. Les réalisateurs racontent aux journalistes leur désir de revenir à une impression Technicolor et de réinventer le XIXème siècle. Pour référence, Alexandre de la Pattelière cite La Mort aux trousses d’Alfred Hitchock et le plan culte de Gary Grant courant face caméra alors qu’un avion fonce sur lui, ciel bleu en arrière-plan. Le Comte de Monte-Cristo est une sombre vengeance en couleur et "la couleur devient étouffante".
Quand le masque tombe
Il permet de distinguer Edmond du Comte sans pour autant effacer l’homme derrière la chimère. Le masque est l’objet central du film et Pierre Niney a profité de cette conférence de presse pour souligner le travail des maquilleurs :
"Je regrette qu’il n’y ait pas de récompense pour les maquilleurs. Il y en a dans d’autres pays, mais pas en France."
Une invitation visée pour inciter les César à revoir leurs catégories ? A bon entendeur…
Le Comte de Monte-Cristo sortira dans les salles obscures le 28 juin.
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