Les compléments de programme idéaux pour ce documentaire sur le procès qui conduisit Nelson Mandela en prison.
L’image manquante (Rithy Panh, 2013)
Comment raconter dans une œuvre audiovisuelle un événement historique dont il ne reste aucune image ? Comment combler les trous de l’histoire et de la mémoire ? Ce sont d’une certaine manière les questions auxquelles se confrontent les réalisateurs Nicolas Champeaux et Gilles Porte dans leur documentaire Le Procès contre Mandela et les autres, qui retrace les minutes du procès tenu à Pretoria en 1963-64, qui conduisit Nelson Mandela en prison, et dont il n’existe aucune image filmée, seulement des archives sonores. Comment faire du cinéma à partir d’une telle béance ? C’est aussi la question que s’était posée Rithy Panh dans L’image manquante, un film où il sculptait dans la glaise ses souvenirs personnels, faisant raconter à des figurines en terre cuite l’anéantissement de sa famille par les Khmers rouges.
Valse avec Bachir (Ari Folman, 2008)
Comment raconter dans une œuvre audiovisuelle un événement historique dont il ne reste aucune image ? (bis) Depuis le choc Valse avec Bachir, en 2008, beaucoup de documentaires choisissent l’animation pour figurer l’infigurable, donner à voir ces images perdues dans les limbes du temps. C’est en tout cas une grosse tendance cet automne, puisque Le Procès contre Mandela et les autres sort quinze jours après Chris the Swiss et quinze jours avant Samouni Road, deux autres films sous influence Bachir, mêlant l’intime et l’histoire, et racontant des événements traumatiques (la guerre en ex-Yougoslavie, le deuil d’une famille de Gaza dont les membres ont été tués par l’armée israélienne) en recourant au dessin animé.
Invictus (Clint Eastwood, 2010)
En 2018, on célèbre les 100 ans de la naissance de Nelson Mandela. L’occasion de se replonger dans les nombreuses fictions qui ont mis en scène Madiba (on les a recensées ici). Invictus, le film d’Eastwood qui raconte comment Mandela a unifié l’Afrique du Sud grâce au championnat du monde de rugby 1995, est sans doute le meilleur companion piece pour un double programme Mandela : une sorte d’épilogue au Procès contre Mandela et les autres. Son happy end.
Punishment Park (Peter Watkins, 1971)
Un film complètement fou de Peter Watkins. Une dystopie dans laquelle, dans l’Amérique du début des années 70, des militants gauchistes sont envoyés après un procès inique dans des camps de redressement, où ils sont alors traqués par des militaires et transformés en gibier humain tant qu’ils n’ont pas prêté allégeance au drapeau US. Le film s’inspirait en partie du procès des « Chicago Seven », sept hommes accusés de conspiration pendant les manifestations qui avaient entouré la Convention démocrate de Chicago en 1968. Soit un autre procès emblématique de la lutte entre les forces réactionnaires et progressistes.
Tous au Larzac (Christian Rouaud, 2011)
L’autre moyen utilisé par Le Procès contre Mandela et les autres pour pallier au manque d’archives, c’est de réunir plusieurs protagonistes de l’affaire (Winnie Mandela, les co-accusés de Mandela, etc.) et de leur demander de raconter leur histoire. Un procédé documentaire pour le coup ultra-classique (une succession de « talking heads » face caméra) mais qui, ici, a quand même la force d’un uppercut : la puissance de conviction des intervenants, leur mélange de sérénité et de radicalité, donnent à voir, un peu comme dans le documentaire Tous au Larzac, une flamme insurrectionnelle insensible au passage du temps. Et c’est bouleversant.
Le Procès contre Mandela et les autres, de Nicolas Champeaux et Gilles Porte, en salles le 17 octobre. Bande-annonce :
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