A son image de Thierry de Peretti
Pyramide

Dans l’un des plus beaux films de ce début de festival, elle campe une jeune photographe au cœur des événements qui vont secouer la Corse des années 80 aux années 2000. Des débuts étincelants. Rencontre.

A son image marque votre toute première expérience au cinéma. Est-ce que vous vous étiez imaginée un jour devenir actrice ?

Clara-Maria Laredo : Je dirais que le seul signe précurseur, c'est que lorsque j'étais enfant, ma mère m'appelait la commedia dell'arte ! (rires) Mais rien de plus, je vous assure…

Comment alors se retrouve-t-on à jouer le premier rôle du nouveau Thierry de Peretti ?

C’est une histoire un peu folle. Je faisais un stage au Parlement européen comme assistante parlementaire du député François Alfonsi qui était aussi responsable d'une revue autonomiste corse, Arriti, pour laquelle j'écrivais de nombreux articles politiques. Et puis un jour alors que je venais de voir Enquête sur un scandale d’Etat, un ami m’apprend que Thierry fait un casting sauvage pour son prochain film. Je lui dis que je ne me vois pas faire un article là- dessus. Et là, il me propose d’essayer de le passer. Je lui réponds « Chiche si tu le fais ». Et comme il tope là, me voilà embarquée dans le processus. Mais vraiment en mode pari pour tenir ma parole. Sans jamais penser à un moment décrocher le rôle. Sauf que j’accroche à chacun de mes échanges avec la directrice de casting Julie Allione. Car les questions qu’elle me pose sont politiques autour de la Corse, du rapport à la terre corse, à la religion. Ca me pousse à m’interroger. Ca me passionne et ce d’autant plus que mon père a été acteur de ces années- là. La réalité dont parle le film n’est donc pas la mienne mais j’y suis d’emblée connectée. Et puis les tours s’enchaînent et petit à petit on commence à travailler certaines scènes de la première version du scénario.

Ca vous plaît de jouer ?

Oui, j’accroche tout de suite à l’exercice de l’improvisation. J’y trouve un espace de liberté qui ne va cesser ensuite de s’ouvrir et de se creuser. Puis Thierry me demande de commencer à prendre des photos. J’en faisais beaucoup plus jeune, j’avais arrêté à 12 ans mais j’ai adoré reprendre. Couvrir par l’image des actions d’amis engagés dans des syndicats. Et puis, un jour, Thierry m'a proposé le rôle d'Antonia…

Comment s’y prépare-t-on quand on est vierge de toute expérience cinématographique ?

En menant de front… plusieurs fronts ! Un mois après avoir été engagée, j'étais en stage chez Corse Matin où travaille mon personnage. En parallèle, je suis une formation de photographe, je prends des cours à l'université Agnès Varda à Bruxelles, de développement de photo. Je suis accompagnée par un photographe, Pierre-Antoine Fournier, qui a couvert ces années- là.

A son image
Pyramide

Et du point de vue du jeu ?

Ca passe par des workshops avec Thierry et le reste de casting. Car l’écriture des scènes naît parfois de nos improvisations. Mais aussi pour tisser un lien entre nous, pour créer ce groupe d’amis qu’on voit à l’écran.

La caméra a pu vous impressionner ?

Non car j'ai commencé à militer très jeune, notamment en fondant une association SSP (Sous le Seuil de Pauvreté). Donc je suis habituée à prendre la parole en manifestation, à donner des interviews filmées. Et puis j’ai eu la chance d’être ici filmée par une personne aussi exceptionnelle que Josée Deshaies. Avec Thierry et elle, il ne peut rien vous arriver !

Arrivée au bout de cette aventure, qu’est-ce qui vous a le plus emballé dans ces semaines passées à créer puis incarner ce personnage ?

Ses paradoxes. Son côté imprévisible. La difficulté qu’on peut avoir à la comprendre. C’est une chance inouïe de pouvoir camper un personnage dont les manières de l’envisager sont à ce point multiples. Est-ce qu’elle décide, par exemple à un moment de sa vie, de quitter la Corse pour couvrir le conflit en ex- Yougoslavie car cela répond à sa quête de vérité ou pour tromper son ennui ? Chacun – moi la première – a son idée mais personne n’a raison ou tort. Ca donne une liberté inouïe dans le jeu.

Cette première expérience vous a donné envie de continuer ?

Oui, vraiment ! Si l’occasion se présente, je serai plus qu’heureuse.

A son image. De Thierry de Peretti. Avec Clara- Maria Laredo, Marc Antonu Mozziconacci, Louis Starace… Durée : 1h53. Sortie le 4 septembre 2024