Claude Lelouch- épisode 3
DR/ Les Films 13

A l’occasion de son Ciné-spectacle Symphonique, voyage musical à travers ses œuvres, le cinéaste nous dévoile les secrets de fabrications de quelques- unes des chansons culte de ses films. Cette semaine : l’histoire d’Edith et Marcel.

Ce ne devait être qu’un one shot ! En novembre 2022, pour célébrer tout à la fois son 85ème anniversaire ses 50 films et une carrière de plus de 60 ans, le Palais des Congrès de Paris accueillait « Claude Lelouch - Le Symphonique ». Un spectacle sous forme de voyage en musique et en images à travers sa filmographie, où les musiciens de la formation Symphonique interprétaient les plus belles musiques de ses longs métrages sur un montage inédit projeté sur un écran géant. Mais une salle comble et enthousiaste ne pouvait que donner lieu à des rappels.

Alors à partir du 10 novembre, « Claude Lelouch - Le Symphonique » s’offre une balade à travers la France, en passant par la salle Pleyel à Paris le 15 novembre. L’occasion pour Première d’aller à la rencontre du cinéaste pour qu’il nous parle des chansons devenues cultes qui peuplent son cinéma. Et ce feuilleton se poursuit avec Edith et Marcel qui a fêté cette année ses 40 ans.

C’était une évidence que Charles Aznavour, vu ses liens forts et particuliers avec Piaf y tienne son propre rôle et compose (avec Mama Béa qui fait prête aussi sa voix à Piaf pour toutes ses chansons à l’écran) et interprète une chanson originale : Je n’attendais que toi ?

Claude Lelouch : Evidemment mais ce film a une histoire particulière qui commence en 1960 quand je croise Edith Piaf dans la rue…

Edith Piaf à l'Olympia en 1960
Edith Piaf à l'Olympia en 1960 - PA Photos/ABACA

Dans quelles circonstances ?

On était en 1960. Je tournais mon premier long métrage, Le Propre de l’homme, à Paris devant les Galeries Lafayette. Et il y avait une voiture, une traction qui me gênait car elle était dans le champ. Je demande à mon premier assistant d’aller parler à celui ou celle qui conduit pour lui demander de déplacer le véhicule de quelques mètres. Il y va puis revient aussitôt pour me dire qu’il n’y a pas de chauffeur. J’y vais alors à mon tour. Et si en effet il n’y a personne au volant, je jette un œil à l’arrière et je découvre… Edith Piaf ! Je suis évidemment scotché. Elle me demande ce que je veux. Et moi, j’ai l’impression d’être dans un rêve. Je lui bégaie que je suis cinéaste, que je fais mon premier film et qu’il se trouve qu’elle est la chanteuse préférée de toute ma famille et de moi en particulier, et qu’elle a aimé l'homme que j'ai plus admiré : Marcel Cerdan. Et là, tout en m’expliquant que son chauffeur est parti faire ses courses car elle a du mal à marcher et qu’il va revenir dans un quart d'heure, elle m’invite à lui tenir compagnie. Je suis donc monté dans la voiture. Et pendant 20 minutes, elle m'a parlé de Marcel Cerdan et moi je priais pour que le chauffeur ne revienne jamais ! (rires)


 

Qu’est ce qu’elle vous a dit sur Cerdan ?

Ce qui me frappe, c’est l’amour et la tendresse avec laquelle elle en parlait. On n'a d'ailleurs parlé que de ça. Et puis à un moment le chauffeur est revenu, je suis sorti de la voiture, je lui ait dit que je ne savais pas comment la remercier, qu’elle venait de m’offrir un des plus beaux moments de ma vie. Et là, avant de partir, elle m'a lancé : « Ecoutez, si un jour ça vous amuse de raconter tout ce que je vous ai raconté dans un film, je vous en fais cadeau ! » C’est ce que j’ai fait dans Edith et Marcel et dès que je me lance, je vais donc voir Charles Aznavour.

Comment se crée alors « Je n’attendais que toi »?

Je lui demande d’abord s’il est prêt à embarquer dans l’aventure. Il me répond qu’on ne peut rien refuser à Edith… et à Claude Lelouch ! (rires). Je lui parle de mon film, de ce que je veux en faire et, pour la chanson, je lui dis : « Je n'attendais que toi, je n'attendais que toi... Si on partait de cette phrase- là qui raconte si bien leur amour, ce serait formidable ». Charles a tout de suite accroché et avec le talent qu’il avait, tout a été très vite. Il m’a rappelé deux jours plus tard. La chanson était là. Et je la trouve magnifique.

Claude Lelouch- Le Ciné- spectacle symphonique. Le 10 novembre au Zénith de Caen. Le 15 novembre à la salle Pleyel à Paris. Le 17 novembre au Zénith de Rouen. Le 1er décembre au Zénith de Caen. Le 3 décembre au Zénith de Lille