Affiches Films à l'affiche mercredi 12 avril 2023
Paramount Pictures France/ Eurozoom/ Ad Vitam

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
DONJONS & DRAGONS- L’HONNEUR DES VOLEURS ★★☆☆☆

De John Francis Daley et Jonathan Goldstein

L’essentiel

Une adaptation très premier degré du célèbre jeu de rôle qui accouche d’un blockbuster qui ne prend pas de risques en misant tout sur son parcours

Une bande d’aventuriers lutte contre le complot d’une bande de mages maléfiques... Adapter Donjons & Dragons au premier degré, pourquoi pas ? Mais pourquoi, en fait ? Le film se situe dans les Royaumes oubliés, son univers le moins palpitant, conçu d’abord pour y jouer, et qui à l’écran paraît terriblement fade, sans personnalité aucune. Le public de 2023 est-il considéré comme les cols blancs du marketing incapables de digérer autre chose que du Marvel au cinéma ? Car L’Honneur des voleurs ressemble à un blockbuster conçu par un comité de production cherchant à imiter les trucs et astuces des derniers opus du MCU. Un horizon de cinéma bien peu excitant pour un récit bien longuet que ne parvient pas à sauver un casting pourtant convaincant.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A ADORE

SUZUME ★★★★★

De Makoto Shinkai

Suzume met en scène une jeune fille de 17 ans sur la trace d’un chat parti ouvrir une série de portes disséminées dans tout le Japon ; portes qui ouvriront la voie à une série de désastres gigantesques, situées dans des ruines où l’on doit être à l’écoute des fantômes du passé pour pouvoir accomplir le rituel fermant les portes de la destruction. Un fabuleux road trip adolescent, rythmé par les alertes séisme apparaissant sur les smartphones, où l’héroïne traverse le pays d’ouest en est, aidée par une série de rencontres fortuites. Une leçon de narration autant qu’une leçon de technique visuelle, bref une vraie leçon de cinéma où Makoto Shinkai s’amuse en outre avec les propres codes de l’entertainment nippon tout en désamorçant avec maestria la hantise de la destruction, qui n’est plus vue comme un châtiment mais comme une partie nécessaire de la grande dynamique de la vie

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

THE QUIET GIRL ★★★★☆

De Colm Bairéad

Adapté des Trois lumières, une nouvelle de Claire Keegan, The Quiet girl met en scène dans l’Irlande de 1981 une petite fille timide et négligée par ses parents qui, le temps d’un été, est envoyée chez des membres éloignés de la famille, un couple sans enfant auprès duquel elle va pour la première fois ressentir douceur et affection. De ce livre raconté à la première personne, Colm Bairéad a fait un film à hauteur d’enfant qu’on vit à travers le regard déchirant de cette petite fille qui entrevoit un bonheur dont elle sait qu’il ne sera que de courte durée, puisque dès septembre, il faudra retourner chez elle. La délicatesse de la mise en scène épouse la beauté simple de la photographie, l’interprétation fascinante de la débutante Catherine Clinch et un scénario ne confondant jamais sensibilité et sensiblerie. Une merveille.

Thierry Cheze

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LES ÂMES SOEURS ★★★★☆

De André Téchiné

Tout débute par une déflagration en plein désert du Mali. David (Benjamin Voisin), jeune soldat, est plongé dans le coma après l’explosion. Rapatrié en France, son corps endormi est veillé par Jeanne, sa sœur (Noémie Merlant) Il faudra bientôt réapprendre à se (re-)connaître l’un et l’autre, déconstruire une relation pourtant chargée d’un passé brûlant. Cette quête où les blessures à vifs obligent à ne rien dissimuler permet à André Téchiné une nouvelle variation autour du mystère des sentiments et d’explorer l’émoi d’une jeunesse dont il s’est toujours fait un observateur sensible. Un film de toutes beautés.

Thomas Baurez

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LES AVENTURES DE RICKY ★★★★☆

De Mette Rank- Tange et Benjamin Quabeck

Cette suite du Voyage de Ricky (2018) partage avec lui le même point de départ -un moineau adopté par une famille de cigognes- mais pour partir dans de nouvelles directions inattendues, dès que l’on fait l’effort de passer la mise en place ronflante et qu’on arrive dans la ville où se déroule l’action. L’animation du Voyage de Ricky était un poil raide : celle des Aventures de Ricky est impeccable. Les personnages faisaient un peu trop « travail de fin d’année d’école d’animation » : ceux de la suite sont fabuleux, à commencer par le grand méchant du film : un paon, devenu maléfique après avoir été torturé par les humains, qui a mis une ville orientale sous sa coupe. Et du pur point de vue character design, on passe de Chuck Jones (la grosse inspi du premier film) à Ward Kimball. Un autre univers, donc : un film d’aventures trépidant, hyper généreux, qui surprend par sa gravité.

Sylvestre Picard

 

PREMIÈRE A AIME

LES COMPLICES ★★★☆☆

De Cécila Rouaud

Ça commencerait presque comme une blague Carambar : « Quel est le comble pour un tueur à gages ? De s'évanouir devant la moindre goutte de sang ! » Sur ce pitch aussi simple que parfaitement poilant, Cécilia Rouaud (Photo de famille) signe un film singulier aux accents coeniens. Dans la peau de Max, tueur quinqua en retraite forcée pour cause de malaises vagaux, on retrouve François Damiens et sa géniale gueule de six pieds de long. À court de fric et en dépression, il entame un nouveau boulot dans l'immobilier, laissant au passage entrer dans sa vie Karim et Stéphanie (William Lebghil, sacré meilleur acteur à l’Alpe d’Huez, et Laura Felpin, impériaux), un petit couple sans histoires qui ne se doute de rien quant à la vraie nature de leur voisin. Jusqu'à ce que, évidemment, le passé du tueur ne le rattrape... S'il n'évite pas totalement les erreurs de parcours (des scènes peu crédibles autour de l'organisation employant Max…), Les Complices réussit le pari de lier une certaine forme de réalisme et un humour aux frontières de l'absurde. Peuplé de seconds rôles hilarants, ce drôle de projet en équilibre instable est un bel ovni dans le paysage cinématographique français.

François Léger

ALMA VIVA ★★★☆☆

De Cristèle Alves Meira

Du haut de ses 9 ans, Salomé vient passer de douces vacances d’été dans le village portugais d’où sa famille est originaire. Mais quand sa grand-mère meurt soudain, la petite fille se retrouve hantée par l’esprit de cette ancêtre que tout le village considérait comme une sorcière. Avec ce premier long métrage marquant, la franco-portugaise Cristèle Alves Meira fait cohabiter dans sa mise en scène un aspect réaliste (la description des conflits familiaux provoqués par le décès de la grand-mère est plus vraie que nature) et une dimension plus mystique qui montre comment la petite Salomé se découvre une capacité à dialoguer avec des puissances invisibles. Il en résulte une œuvre originale sur la transmission entre générations et la magie de la nature, qui culmine avec un regard caméra final fort audacieux.

Damien Leblanc

BRIGHTON 4TH ★★★☆☆

De Levan Koguashvili

Brighton Beach où se déroule la majorité de ce film (à l’exception notamment d’une géniale scène d’ouverture en Géorgie) sera  familier aux amoureux du cinéma de James Gray car le surnom de ce quartier new- yorkais peuplé d’immigrants de l’ex- URSS n’est autre que… Little Odessa ! L’ombre de ce chef d’oeuvre plane donc sur ce troisième long de Levan Koguashvili mais sans jamais l’écraser. Car il y a quelque chose de puissamment attachant dans le voyage qu’entreprend son héros, ex champion lutte géorgien vers New- York pour venir en aide à son fils, étranglé par des dettes de jeu. Koguashvili trouve le bon équilibre entre la description de la vie de ce quartier aux habitants hauts en couleur mais jamais regardés de manière pittoresque et la chronique d’un amour paternel plus fort que tout. Avec une authenticité renforcée par l’idée de mêler comédiens pros et habitants du coin.

Thierry Cheze

L’AUTOMNE A PYONGYANG, UN PORTRAIT DE CLAUDE LANZMANN ★★★☆☆

De François Margolin

Les lecteurs de l’autobiographie de Claude Lanzmann (1925 – 2018), Le Lièvre de Patagonie se souviennent forcément de cet épisode romanesque où le jeune journaliste-intellectuel envoyé en Corée du Nord en 1958 entame une liaison amoureuse forcément interdite avec une jeune infirmière de Pyongyang. Au crépuscule de sa vie, Lanzmann était revenu sur les lieux de cette liaison passagère pour son film Napalm (2017). Cet Automne à Pyongyang, un portrait de Claude Lanzmann, peut se voir comme un bonus tardif dudit film où le cinéaste François Margolin, en super-confident, parvient à saisir une dernière fois l’intimité d’un homme aux mille et une vie. Lanzmann en Corée du Nord affublé de deux interprètes qu’il tente de rouler dans la farine, a un petit côté Tintin malicieux.   Tendre et émouvant.

Thomas Baurez

LA COLLINE ★★★☆☆

De Denis Gheerbrant

Kirghizistan. Une décharge à ciel ouvert. Là-haut, sur la colline de déchets, se joue un sursaut d’humanité. Des corps déambulent entre les ordures, les rogatons et les gaz toxiques. Trois visages se distinguent, discutent et dissertent. D’amour, de liens, d’alcool, d’abîme et autres. Et l’homme, ancien sniper bourré de traumas, d’avouer : « Je bois pour m’endormir ». Plus loin, après son labeur, une mère pleure les cinq enfants qu’elle a perdus. Elle dit préférer le travail dans la déchetterie plutôt que dans les champs, car « là-bas, on te paie trois jours plus tard ». Un de ses fils lit ses notes poétiques écrites sur son carnet. Plus tard, une ado lâche : « Petite j’étais heureuse. Puis, il y a eu tant de larmes. » Au bout du bout de la chaîne du capitalisme, il y a ces hommes et ces femmes, filmés en plan serré, à fleur de peau. Qui illuminent la colline… et ce remarquable documentaire.

Estelle Aubin

DESORDRES ★★★☆☆

De Clara Gostynski

Le hasard des sorties permet parfois à certains films de dialoguer. Comme ce long métrage de Cyril Schaüblin avec L’Apprenti, sorti la semaine dernière. L’idéologue anarchiste Pierre Kropotkine infiltrant une usine de montres suisse à la fin du 19ème siècle a quelque chose de l’ancêtre du prof de fac marxiste agissant de même dans une usine Citroën de la France post mai 68 chez Gokalp. Les deux cinéastes y font œuvre de parfaits portraitistes de ces hommes et ces femmes résistant contre l’aliénation du travail à la chaîne. Mais Schaüblin opte pour une approche plus poétique (voire burlesque avec ce village où se déroule l’intrigue, découpé en quatre fuseaux horaires différents !), à l’image de son parti pris de plans décadrés qui laissent toujours de l’espace au- dessus de ses personnages, comme pour leur offrir une respiration dans un monde oppressant. Une œuvre aussi intrigante que captivante.

Thierry Cheze

DANCING PINA ★★★☆☆

De Florian Heinzen- Ziob

Que peut la danse ? « Tout » semble dire le documentaire. Surtout l’école sensorielle de Pina Bausch, figure de la danse contemporaine en Allemagne. « Quand vous êtes sur scène, il n’y a pas d’échappatoire », « On ne peut pas imiter les autres, on ne peut qu'être fidèle à soi-même », « Abandonne-toi, exprime-toi », « N’aies pas peur d’être grande, sois toi-même », entend-on çà-là. Et les corps se meuvent. Une jambe tournoie, un pied bondit, un bras s’étend, se déplie et se déploie. Dancing Pina est le parfait complément d’En Corps de Klapisch. Un documentaire  sincère et vibratoire. Plein de bons sentiments, immersif, hypravisuel. Seuls hics : la réalisation plutôt convenue, entre scènes dansantes et témoignages face cam. Et l’envie constante de théoriser la méthode Pina, quand celle-ci prône au contraire l’expression du corps.

Estelle Aubin

LOUP & CHIEN ★★★☆☆

De Claudia Varejao

Sur une île religieuse du Portugal, au large des Açores, l’ado Ana guette l’avenir. Cheveux crépus, joues de porcelaine, œil mélo. Son visage dit tout. Il (se) cherche. Sans insouciance, ni fatalisme. Ana rencontre Cloé, reste en famille, tient des mains, survole les vagues, se recueille auprès du curé (scène remarquable), n’aime pas, pose sa tête sur l’épaule de Luis, crayonne ses yeux, se mêle à la communauté queer. Espère surtout fuir l’île et ses traditions archaïques. Loup et chien ose la fluidité. De l’âge de l'héroïne à sa sexualité naissante. De l’entrelacement des scènes, colorées et patinées, aux élans de la caméra. Mieux encore. Loup et chien réunit douceur et sensualité dans un même mouvement – mélange pas des plus aisés. En découle une guimauve visuelle méticuleusement poétique.

Estelle Aubin

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LE PRIX DU PASSAGE ★★☆☆☆

De Thierry Binisti

Natacha élève seul son fils près de Calais et peine à joindre les deux bouts jusqu’à sa rencontre avec Walid, migrant d’origine irakienne aspirant à traverser la Manche - et que tous deux développent à leurs risques et (grands) périls une filière de passages clandestins. On ne se plaindra pas que le cinéma français s’empare régulièrement de sujets sociétaux essentiels pour jouer un rôle de passeur. Sauf que sur cette question des migrants, là où Jérémie Elkaïm (Ils sont vivants) et Guillaume Renusson (Les Survivants) ont su s’appuyer sur un angle fort –histoire d’amour sensuelle ou pur survival – Binisti reste sagement, à l’image de sa mise en scène, sur les rives du simple thriller sous tension certes mais manquant de relief et pas vraiment à la hauteur de la qualité du duo Alice Isaaz (à voir aussi actuellement dans Apaches) - Adam Bessa (Harka).

Thierry Cheze

LA COURSE AUX OEUFS ★★☆☆☆

De Gabriel Riva Palacio Alatriste

Un coq et une poule mexicains, tout récent parents de deux charmants petits œufs, voient ceux- ci kidnappés par un grand chef proposant un menu à base de rares variété d’œufs au cœur de l’Afrique et entreprennent un long voyage, forcément riche en péripéties, pour les retrouver. Voilà pour la trame de ce film d’animation réservé où un jeune public, pensée par ses deux réalisateurs mexicains comme une parabole autour des kidnappings d’enfants qui gangrènent depuis des années leur pays. Une obsession d’un message à délivrer qui donne à l’ensemble un côté trop scolaire, comme effrayé par l’idée d’un mot, d’une scène qui sortiraient du cadre de la bonne morale. Et c’est dommage car les rares fois où La Course aux œufs s’aventure sur le terrain du burlesque bien secoué (une version revisitée d’America’s got talent en plein jungle, dynamitée par deux singes en roue libre), il fait mouche.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

10 JOURS ENCORE SANS MAMAN ★☆☆☆☆

De Ludovic Bernard

Trois ans après le déjà peu convaincant 10 Jours sans maman, le réalisateur Ludovic Bernard remet le couvert avec une suite dont l'existence ne semble justifiée que par les 1,1 million d'entrées réalisées par le premier film. Pas mieux, peut-être même légèrement pire : cette fois le personnage de Dubosc (désormais père au foyer à temps plein) entend emmener toute sa petite famille au ski, mais madame annule à la dernière minute pour raisons de travail. Devinez qui va passer dix jours à la montagne seul avec les gosses ? Le changement de décor ne suffit pas à renouveler les péripéties autour de ce papa dépassé, et Franck Dubosc fait ce qu'il peut avec un scénario dont les seules idées sont de le faire chuter à tout-va (avec des skis, sans skis, en motoneige... Vous voyez le genre). Absolument épuisant.

François Léger

UNE HISTOIRE D’AMOUR ★☆☆☆☆

De Alexis Michalik

Golden boy du théâtre français collectionnant les Molières, Alexis Michalik fait ici un pas de côté. Révélé par des fresques historiques au rythme palpitant (Le Cercle des Illusionnistes, Edmond qu’il avait adapté en 2019), il s’essaie à une histoire contemporaine, tragi- comédie romantique qui ambitionne de nous émouvoir. L’histoire d’un couple de femmes, Katia et Justine qui affrontent leur peur de l’engagement pour faire un bébé mais se séparent avant la naissance de celui- ci avant que, douze ans plus tard, Katia, élevant seule leur fille apprenne qu’elle est atteinte d’une maladie incurable et se tourne vers son frère, écrivain cynique, pour en devenir le tuteur. Personnages réduits à des archétypes, rebondissements téléphonés, chantage à l’émotion… tout ce qui ne fonctionnait pas dans la pièce éclate ici plein écran. En changeant de registre, Michalik a perdu de sa fougue et de sa superbe.

Thierry Cheze

 

Et aussi

A la poursuite de mes rêves, de Florie- Anne Berrehar

Alegria sefarade, de Suzy Cohen

Metallica : 72 seasons- Global premiere, de Tim Saccenti

Reprises

Portrait de famille, programme de courts métrages d’animation

Raging Bull, de Martin Scorsese

Le Temps de l’innocence, de Martin Scorsese