L'Evénement
Wild Bunch Distribution

Quelques semaines après son triomphe à la Mostra, le film d’Audrey Diwan a obtenu pour sa première française, le Grand Prix du Festival luzien.

Du 4 au 10 octobre s’est tenue à Saint-Jean-de-Luz la 8e édition du Festival International du film, un rendez-vous cinéphile dédié au « jeune » cinéma. Dix longs métrages étaient en compétition. Outre L’évènement d’Audrey Diwan, récent Lion d’or à la Mostra ou Rose d’Aurélie Saada avec la reine Françoise Fabian en cheffe de famille, la sélection comptait également : le film iranien sous haute influence « farhadienne »  Le Pardon ; le drame social maltais Luzzu ; le gréco-burlesque Apples ; le canadien-claustro Souterrain, le belgo-euphorisant Une vie démente et les français : Petite leçon d’amour, rom-com avec Laetitia Dosch et Pierre Deladonchamps; Une mère, un revenge-movie avec Karin Viard et enfin Sentinelle Sud autour de deux jeunes soldats français fraîchement revenus du front.    

Audrey Diwan revient sur sa victoire à la Mostra

Le jury présidé par le cinéaste Thierry Klifa (Tout nous sépare...)  était composé des actrices Florence Loiret Caille, Nadège Beausson-Diagne et du producteur Christophe Rossignon. Si L’évènement d’Audrey Diwan, adaptation à la fois sobre et puissante du récit d’Annie Ernaux autour d’une jeune fille cherchant à se faire avorter clandestinement dans la France des sixties s’est logiquement imposé (le film a également remporté le Prix du Syndicat de la Critique, une nouveauté de cette édition), l’autre sensation de la semaine est Une vie démente, comédie du duo belge Ann Sirot et Raphaël Balboni, en salles le 10 novembre prochain.

Un film "dément"

Le film a cumulé le prix du Jury Jeune, le Prix du Public, le Prix d’interprétation féminine (Jo Deseure) et celui de la mise en scène. Une vie démente raconte le quotidien d’un jeune couple, Noémie et Alex, peu à peu bouleversé par la personnalité éruptive et imprévisible de Suzanne, la mère d’Alex. Cette comédie autour de la maladie mentale, aborde son sujet avec un mélange de fantaisie et de légèreté.

C’est d’abord une vive euphorie qui gagne l’esprit de Suzanne (et le nôtre) avant que sa démence prenne une tournure plus incontrôlable donc prétendument dangereuse. L'originalité du film tient dans sa mise en scène très poétique où le motif d’un papier peint peut devenir l’allégorie d’un trop-plein, où le sens précis du cadre retient captif des personnages acculés mais combattifs, où le sens des dialogues et des situations, stimule avec intelligence les émotions. Sa découverte en public dans une salle pleine à craquer, a été l’un des moments forts de cette 8e édition.

Le Prix d’interprétation masculine, lui, a été attribué au parfait duo de Sentinelle Sud de Mathieu Gérault : Niels Schneider et Sofiane Khammes, impeccables en soldats cabossés prisonniers involontaires d’une vie militaire peu soluble avec la vie civile.

On en profite ici pour féliciter le directeur artistique du Festival de Saint-Jean-de-Luz, Patrick Fabre. La cohérence de sa sélection confirme la belle vitalité d’une manifestation devenue le porte-voix des promesses - présentes et à venir - d’un jeune cinéma international. On remercie enfin toute l’équipe du Festival (exploitant(e)s, organisateurs-trices, attaché(e)s de presse...), pour la belle énergie qu’elle a impulsé tout au long de cette solaire édition.