L'acteur est à l'affiche de La Revanche des crevettes pailletées, en compétition au festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez.
Retour à l'Alpe d'Huez pour les Crevettes Pailletées, avec une suite qui emmène le groupe aux Gay Games de Tokyo. Mais après un problème de correspondance, les sportifs ratent leur correspondance et se retrouvent coincées au fin fond de la Russie, dans une région particulièrement homophobe… Une comédie réussie qui évite le piège de la redite, et où brille l'un des meilleurs seconds rôles français, Michaël Abiteboul, vu dans – pour n'en citer que quelques-uns – 20 ans d'écart, Superstar, Papa ou maman, BAC Nord ou Le Bureau des légendes. Rencontre.
Après le succès du film au festival de l'Alpe d'Huez en 2019, il y avait une grosse pression à revenir avec une suite ?
J'étais très curieux de voir comment le film serait reçu. Il y a trois ans, c'était une très bonne surprise et on a été cueillis par les réactions. Là, je me disais que ça pouvait produire l'effet inverse, parce l'attente était là. Elle aurait pu être sympa et potache cette suite, et j'aurais trouvé ça un peu tristoune mais la plupart des gens s'en seraient sûrement contentés. Sauf que Cédric Le Gallo et Maxime Govare [les réalisateurs] ont pris des risques, notamment dans l'engagement de la parole qu'ils voulaient défendre. Et je suis fier du film car il va ailleurs que le premier.
C'était un soulagement de vous en rendre compte quand vous avez reçu le script ?
Non, en fait j'étais hyper triste parce que je mon personnage ne partait pas avec eux dans l'histoire. C'est bizarre, mais je l'ai presque pris personnellement. Comme un abandon. Je me sentais puni. Donc j'ai balancé le scénario ! Et je ne l'ai pas relu pendant un mois. Je leur ai dit que j'allais réfléchir... C'était un sentiment qui me dépassait. Et puis, finalement, j'ai replongé dedans et je leur ai proposé des choses, qui n'ont pas forcément été gardées mais qui ont nourri le personnage. Je trouve que j'ai fait un travail plus droit que dans le premier où, parfois, je ne savais pas ce que je jouais. Et je le vois à l'écran. Là, c'est plus proche de moi, j'en suis assez heureux.
On voit bien comment un acteur de rôles principaux peut construire sa carrière. Mais comment ça se passe pour acteur de seconds rôles ?
Je n'ai pas de projet de carrière, ça se fait au fil des rencontres. J'aime être un rouage de l'équipe, m'inscrire dans un groupe. Mais je me suis toujours projeté dans une carrière de second rôle. Attention : avec envie, appétit et curiosité, hein. A la base, j'ai un goût pour un cinéma plutôt d'auteur, et ce qui m'amuse, c'est quand on me propose quelque chose de compliqué, que je ne sais pas faire. Ca m'excite. Par contre, je n'ai jamais aspiré à monter vers les sommets. Peut-être pour me protéger. Je me pose souvent la question de mon ambition... Je trouve que c'est un boulot à part entière d'accéder aux premiers rôles. Mais, les quelques fois où j'ai eu des rôles plus exposés, c'était génial parce que le champ des possibles beaucoup plus vaste. Donc ça ne me fait pas peur, pour autant j'ai l'impression que ma place est en tant que second rôle dans ce métier que j'adore. Je n'ai aucune amertume. Tant que je travaille avec des gens qui m'intéressent, je peux trouver une place - même petite - qui apporte une pierre à l'édifice.
Est-ce que ça demande moins d'ego d'être second rôle ?
Peut-être. Mon ego est placé bizarrement. Ce qui ne m'empêche pas d'en avoir à des moments et de ne pas du tout bouder mon plaisir quand j'ai un retour positif ! Et puis l'anonymat – du moins un relatif anonymat -, je ne trouve pas ça désagréable. Les gens me reconnaissent de façon très épisodique, ou alors ils ne savent plus trop dans quoi ils m'ont vu. C'est marrant, il y aurait un court-métrage à faire là-dessus ! L'autre fois, une femme était persuadée que j'habitais à Nantes et qu'on se connaissait depuis longtemps ; un petit gamin pensait que je travaillais au restaurant « chez Stéphanie » (Rires.) Les gens font souvent des associations d'idée et sont persuadés de m'avoir vu dans un film dans lequel je n'ai pas joué... « Dites-moi dans quoi je vous ai vu ? » Je ne sais pas ! J'en ai fait quelques-uns, des films ! (Rires.) Disons que mon parcours me ressemble. Quand j'ai commencé dans ce métier, j'arrivais du Sud, je ne connaissais personne, j'étais roux, j'avais un nom un peu compliqué... C'était pas gagné ! Et puis j'ai travaillé. Le danger des petits rôles, c'est de se dire qu'on n'a pas besoin de bosser, que ça va rouler tout seul. C'est une erreur : ça demande beaucoup de boulot.
Les réalisateurs viennent vous chercher aujourd'hui ? Ou alors c'est un processus ininterrompu de castings malgré votre expérience ?
Un peu des deux. Je lis tous les scripts qu'on me donne - même si parfois au bout de 20 pages je ne peux pas aller plus loin – et j'essaie de répondre vite, parce que je trouve que c'est le minimum de respect que je dois aux réalisateurs et aux auteurs. Mais je passe régulièrement des essais, et parfois c'est formidable de le faire parce que ça peut être une façon « d'essayer » des réalisateurs. Mais je ne veux pas toujours me mettre en attente de l'autre, je crois qu'il faut aussi se construire dans le "non". Même quand on n'a a priori pas le choix. Parce le "non" d'un acteur, ça pose quelque chose. A mon niveau, les gens sont très habitués à ce qu'on accepte tout. Alors, parfois, il faut marquer le coup. Montrer son désaccord.
La Revanche des Crevettes Pailletées, en compétition au festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez et le 13 avril au cinéma.
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