Gaspard Ulliel : "Saint Laurent, c'est le rôle que j'attendais"
La recherche d'un entre-deux
« Quand on commence le travail, on a une boulimie de documentation, on veut tout savoir. J'ai cependant fini par me sentir prisonnier de cet amoncellement de vérités, j'ai compris que je faisais fausse route et je me suis recentré sur le scénario. Mon travail sur la voix de Saint Laurent est assez emblématique de cette approche. J'ai d'abord cherché à la reproduire puis j'ai caressé l'idée, sans doute un peu trop radicale, de parler avec ma propre voix. Le résultat se situe quelque part entre les deux. »
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Pas de performance
« La ligne directrice de mon travail a été de m'éloigner du mimétisme et de l'imitation pour essayer de retrouver une part de liberté, d'imagination et de création, tout en jalonnant mon rôle d'éléments crédibles. Je ne voulais pas réaliser une performance mais quelque chose de plus subtil, de plus senti. Je ne vois de toute façon pas le film comme un biopic mais comme une réflexion sur l'artiste et le processus créatif. Le Saint Laurent que nous vous montrons est celui de Bonello, un peu le mien aussi, mais certainement pas le vrai Saint Laurent. »
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Un rôle prédestiné
« Bertrand Bonello n'est pas le premier à m'avoir dit que je ressemble à Saint Laurent. Il y a quelques années, Gus Van Sant, avec qui j'avais collaboré sur l'un des sketches de Paris, je t'aime, m'avait envoyé un mail après être tombé sur une photo de Saint Laurent accrochée sur le mur d'un restaurant. Ca lui avait fait penser à moi. Il avait ensuite essayé d'adapter Beautiful People, d'Alicia Drake, l'un des livres les plus précis sur YSL, mais ça n'avait pas abouti et j'en avais conçu une certaine frustration. Maintenant, c'est bon, je suis vengé !(Rire.) »
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Le rôle qui a tout supplanté
« Je ne vais pas vous dire que ce personnage va me hanter pendant des années, je ne crois pas à ce genre de choses. Mais quand je repense aujourd'hui à cette période de mon existence, à ces quelques mois de tournage, je m'aperçois que je n'ai quasiment aucun souvenir hors du plateau. J'ai vraiment mis ma vie de côté. »
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Le regard de Jérémie Rénier
« C'était rassurant d'avoir à mes côtés Jérémie Renier (qui interprète Pierre Bergé). C'est l'un de mes rares amis proches dans le métier et il sortait justement d'un gros biopic (Cloclo, de Florent Emilio Siri). J'ai donc pu m'appuyer sur son expérience. Il me donnait des conseils, m'accompagnait, insistait beaucoup sur la rigueur. Il arrive toujours un moment, quand le tournage prend son envol et que tout fonctionne, où on croit maîtriser le personnage. On se relâche alors et on devient moins précis. Comme un film n'est pas forcément tourné dans l'ordre chronologique, on prend le risque de créer des ruptures d'une scène à l'autre. Jérémie m'observait avec bienveillance, exactement comme Bergé avec Saint Laurent. »
Le rôle qui va tout changer
« J'ai l'impression que ce film va faire évoluer les choses pour moi. Je redécouvre ce métier, j'ai hâte de tourner à nouveau. Tant mieux car je sors d'une période d'attente qui finissait par devenir stérile. J'avais levé le pied, j'étais entré dans des calculs de carrière, des choses néfastes. Je traversais un âge un peu bâtard où je ne pouvais plus jouer les ados tourmentés mais pas encore les trentenaires ou les jeunes papas. J'attendais ce rôle, celui de la maturité. »
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