Incroyable mais vrai : "On nous a demandé si c'était un trucage en numérique"

Le film de Quentin Dupieux avec Alain Chabat et Léa Drucker est à (re)voir sur Arte.

Attention aux spoilers : cet article est à lire APRES avoir vu Incroyable mais vrai. Le drôle de film de Quentin Dupieux sera proposé sur Arte à 20h55.

En octobre 2022, sa sortie en DVD était accompagnée d'un commentaire enregistré par son créateur. L'occasion d'en savoir plus sur ce nouveau film "high concept" du réalisateur de Rubber, Au Poste ! et Le Daim (un couple emménage dans une nouvelle maison, dont une trappe leur offre d'exceptionnelles possibilités), qu'il présente comme un "film de science-fiction minimaliste et sans effet."

Au cours de ce commentaire audio, Dupieux détaille précisément comment il a créé certains effets, s'arrêtant longuement sur quelques scènes, le choix des caméras, des focales, de choix de travellings spécifiques ou sur son souhait de tourner toute une séquence sans aucun dialogue... Des explications qui raviront les amateurs de son cinéma, mais attention aux spoilers : les révélations qui suivent sont directement liées aux twists d'Incroyable mais vrai (oui, au pluriel, car il n'y a pas que ce tuyau qui cache des secrets).

Expliquant qu'il avait "très envie de retrouver Alain Chabat huit ans après Réalité", et qu'il rêvait de travailler avec Léa Drucker ("une actrice que j'apprécie beaucoup"), Quentin Dupieux avoue d'emblée que ce sont eux qui lui ont donné envie de faire ce film : "Ce couple m'a conduit vers ce conduit" , s'amuse-t-il.

Il a ensuite imaginé cette histoire de trappe cachée dans la maison permettant à ses habitants de faire un saut dans le temps de quelques heures, tout en rajeunissant de trois jours à chaque fois qu'ils y plongent. Un concept qui va rendre l'héroïne complètement accro : rêvant de redevenir jeune et belle, elle va s'y perdre, au point de retrouver son allure d'autrefois, pendant que son mari refuse de la suivre, et continue de vieillir à ses côtés.

A la fin du film, le personnage de Léa Drucker est ainsi incarnée par une autre comédienne, Roxane Arnal, vue avant cela dans Les Rois du monde ou Madame Hyde. "Plein de gens nous ont demandé si c'était un trucage numérique, détaille le scénariste et réalisateur quand elle s'observe dans le miroir et que son nouveau visage apparaît. Alors que c'est clairement une autre actrice ! Roxane a complètement réussi à incarner Léa, on avait l'impression d'être avec elle, c'était très troublant. Elle a traîné plusieurs jours sur le plateau avant de tourner, pour l'observer, imiter ses gestes : par exemple, sa façon de descendre dans le tuyau est exactement la même que la sienne." 

En plus de cette ressemblance physique indéniable, la jeune comédienne est au coeur de la scène la plus symbolique du film. Quand elle s'ouvre la main et que des fourmis y apparaissent, elle comprend qu'elle est bien comme la pomme qu'elle a emmenée avec elle dans le conduit : rajeunie extérieurement mais pourrie à l'intérieur.

Un hommage au Chien andalou, de Luis Buñuel, une oeuvre surréaliste qui est ouvertement une source d'inspiration pour Dupieux : "C'était clairement une petite passerelle vers Dali et Buñuel. Ça peut paraître pompeux, mais c'est une clé du film. Ça m'a aidé à le terminer. Surtout cette idée de tricher avec la nature, et la punition (qui en découle). L'idée de pourrir de l'intérieur... Dans Le Chien andalou, cette idée n'avait aucun sens, puisque c'était une scène de cauchemar. Mais elle m'a aidé à conclure, a trouvé du sens chez moi."

Après ce plan marquant, la caméra s'arrête un instant sur son partenaire de jeu, Alain Chabat, qui a lui aussi compris la morale de l'histoire, puis l'image devient flou et le film se termine. Dupieux conclut sur cette promesse : "A bientôt, puisque je ne vais pas m'arrêter de faire des films." Effectivement, depuis Incroyable mais vrai sont sortis Fumer fait tousser, Yannick et Le Deuxième acte.

Voici sa bande-annonce :