Le Chateau Ambulant
Studio Ghibli

Akihiko Yamashita, animateur pour Hayao Miyazaki, a travaillé de longues heures sur le film culte de 2004.

Il y a 20 ans, Hayao Miyazaki sortait l'un de ses plus beaux chefs-d'oeuvre. Le Château Ambulant débarquait au cinéma après son avant-première à la Mostra de Venise (la sortie française aura lieu en novembre). A cette occasion, l'animateur Akihiko Yamashita, qui a passé près de deux ans à travailler comme superviseur de l’animation sur le film du Studio Ghibli, raconte les coulisses de la production. Dans une interview accordée à Variety, il confie :  "Je n’ai vraiment aucune idée du nombre de pages de dessins qu’il y avait pour Le Château Ambulant, ni même du nombre de dessins que nous avons dessinés. Je sais juste que nous avons énormément travaillé et que nous avons énormément dessiné..."

Collaborateur de Hayao Miyazaki depuis Le Voyage de Chihiro (en 2001), Akihiko Yamashita a aussi planché sur Ponyo (2008) et Le Vent se lève (2013) et plus récemment sur Le Garçon et le Héron (2023).  

Lr château ambulant
Le Studio Ghibli

Il avoue avoir ainsi passé 14 heures par jour sur Le Château Ambulant durant les six derniers mois de la production : "Aujourd’hui, on parle d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, mais à l’époque, ce concept n’existait pas. Il n'y avait pas de dimanche ni de temps libre pendant la semaine". En remerciement du travail accompli, il a eu droit dans la foulée à 3 mois de congés payés...

Il raconte ensuite sa collaboration avec le maître Miyazaki :

"Tout d’abord, c’est quelqu’un qui dessine lui-même. De la mise en page aux storyboards, tout, il dessine lui-même. Et disons ensuite qu’un animateur principal a dessiné une animation qu'il n'aime pas, il la modifie et en fait un dessin préliminaire. Ensuite, les animateurs principaux et les autres animateurs doivent amener cela à l’étape finale. Par ailleurs, il a une vision spéciale dans sa manière de concevoir l’animation. D’autres réalisateurs d’animation utilisent l’animation pour raconter une histoire, mais lui raconte l’histoire à travers l’animation. Tout cela fait partie intégrante de sa narration."

chateau ambulant
Studio Ghibli

Pour faire Le Château Ambulant, Akihiko Yamashita ne se souvient même plus du nombre de personnes qui ont bossé sur le film. "Il y a eu beaucoup, beaucoup de gens qui ont travaillé dessus. Pour dessiner un objet aussi grand que ce château, il y aurait généralement un plan de base pour celui-ci, et ensuite plusieurs animateurs pourraient dessiner à partir de ce plan de base. Mais dans ce cas, il n’y avait pas de plan de base initial. Il peut donc y avoir une scène où le dessin est d’une certaine manière, puis une autre scène où la petite maison n’est pas au même endroit. Mais même avec ces changements d'angles qui peuvent montrer des choses différentes, cela ressemble finalement à un seul château."

Akihiko Yamashita poursuit en expliquant qu'on peut voir "différentes choses collées sur le château, mais tant qu’il y a la bouche, les yeux et les cheminées, les gens le perçoivent comme la même chose. Nous profitons donc de ce genre de perception du public pour dessiner des choses légèrement différentes."



Pour ce qui est de la musique, l'animateur avoue ne pas avoir eu voix au chapitre : "Tout se passe à un niveau supérieur, au plus haut niveau, entre M. Miyazaki et le compositeur, M. Hisaishi. Nous avons entendu certains morceaux de type démo concernant l’image souhaitée pendant notre travail de production, mais je n’ai pas entendu la partition complète avant la fin du film."

Finalement, l'animateur confie que selon lui, la scène la plus réussie du film, c'est celle qui montre à quel point Hauru est "un personnage sexy. C’est la scène où, après que Sophie soit entrée dans le château, le lendemain matin, Hauru revient et s’approche de Sophie – très près d’elle – et lui dit : « Qui êtes-vous ? » À ce moment-là, j’avais fait un croquis avec les mouvements, et je l’ai montré à M. Miyazaki. Il aurait dû y avoir plus de développement et de croissance dans cette scène, mais il a dit : « Non, c’est bien. C’est bien ». C’est donc une scène où Hauru est de profil, et j’ai trouvé que ça fonctionnait vraiment bien, et j’étais très content que ça ait bien fonctionné. Cela montrait un aspect différent de Hauru, qu’il était aussi une personne très attirante et sexy."

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