Affiches sorties de film mercredi 17 août 2022
Mission/ Art House Films/ Condor Distribution

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LES DERNIERS JOURS DANS LE DESERT ★★☆☆☆

De Rodrigo Garcia

L’essentiel

Ewan McGregor incarne Jésus dans ce film… tourné voilà 7 ans et resté inédit en salles jusqu’ici et qui se perd et nous perd par son style contemplatif trop languissant

Amusant timing : ce film de 2015, dans lequel Ewan McGregor incarne Jésus, finit par sortir en salles peu après la mise en ligne sur Disney + de la série Obi-Wan Kenobi, dans laquelle l’acteur reprend son rôle de Maître Jedi. Or, un fan s’était à l’époque amusé à en détourner les images pour créer la fausse bande-annonce d’un nouveau Star Wars… Le très long temps qu’a mis le film pour parvenir jusqu’à nous fait en tout cas écho à son sujet, qui brode autour des quarante jours passés par le Christ dans le désert. Jésus y croise la route d’une famille dont les tourments font écho à ses propres préoccupations. Réalisé dans un style contemplatif un peu trop languissant, c’est moins une exégèse biblique qu’un drame familial sur l’ombre écrasante des pères, et comment s’en défaire. Le réalisateur Rodrigo Garcia (Albert Nobbs) sait sans doute de quoi il parle, puisqu’il est lui-même le fils de Gabriel Garcia Marquez.

Frédéric Foubert

 

PREMIÈRE A AIME

DE L’AUTRE CÔTE DU CIEL ★★★☆☆

De Yusuke Hirota

Pour son premier long métrage, Yusuke Hirota a choisi d’adapter – en compagnie de son auteur Akihiro Nishino – Entotsu- machi no Poupelle, un livre d’images pour enfants qui a connu un grand succès au Japon. Son personnage central, Lubicchi, est un orphelin qui vit dans une ville aux toits couverts de cheminées empêchant de voir le ciel étoilé et rêve de pouvoir prouver à tous que son père disait vrai et que par- delà les nuages, existent bel et bien des étoiles. Un rêve que sa rencontre, un soir d’Halloween, avec Poupelle, drôle de créature uniquement composé de détritus va peut- être enfin rendre accessible. Hirota choisit la forme du conte bariolé pour développer un récit initiatique couplé à une critique maline (car ne versant jamais dans la facilité manichéenne : les dirigeants ont ici une vraie raison de couper ainsi leur cité du monde extérieur) de nos sociétés ultra- industrialisées. Et De l’autre côté du ciel va bien au- delà du message qu’il entend délivrer, grâce à la beauté et l’inventivité de son animation, sa capacité à mêler moments d’humour et de grande émotion et sa poésie joyeuse, symbolisée par le choix pour l’interprétation vocale de Poupelle d’un Philippe Katherine très inspiré.

Thierry Cheze

LA VERONICA ★★★☆☆

De Leonardo Medel

L’exercice n’est pas simple. Comment s’attaquer aux dérives du monde des influenceurs sans enfoncer des portes ouvertes et ne pas uniquement tirer sur une ambulance mal en point ? Leonardo Medel s’en tire ici non sans superbe en tirant le portrait d’une Victoria Beckham chilienne, femme de footballeur prête à tout pour recruter le million d’abonnés qui lui manquent sur son compte Instagram pour décrocher un juteux contrat d’égérie pour une marque de cosmétiques. D’abord par son parti pris de mise en scène très payant : ne filmer son héroïne que par des plans- séquences fixes à l’image des vidéos de Youtubeurs. Ensuite par l’écriture tout en finesse de ce personnage, perverse narcissique de compétition certes mais soumise aussi à des injonctions étouffantes qui vont la pousser à aller encore plus loin sur la pente du cynisme qu’elle emprunte naturellement. Et dans ce rôle, Mariana Di Girólamo, la révélation d’Emma de Pablo Larrain en 2019, livre une composition époustouflante.

Thierry Cheze

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VESPER CHRONICLES ★★☆☆☆

De Kristina Buozyte et Bruno Samper

On avait découvert le duo franco- lituanien Bruno Samper- Kristina Buozyte, en 2013 avec Vanishing waves, pépite de science- fiction où un scientifique pénétrait les pensées d’une femme plongée en plein coma. Enfin de retour, ils restent fidèles au genre qui les a mis en lumière. Leur Vesper chronicles nous entraîne dans un monde post- apocalyptique où les écosystèmes terrestres ont été contaminés par des organismes génétiquement modifiés. Un univers hostile dans laquelle une gamine de 13 ans va tenter de survivre et de sauver son père, paralysé. Le terrain est ici plus balisé que sur Vanishing waves. Et leur scénario, trop étiré, peine à développer une réelle originalité. Mais leur film séduit par son atmosphère visuelle, cette manière dont les effets spéciaux ne prennent jamais le pas sur le reste et la justesse de Raffiella Chapman (Miss Peregrine…) dans le rôle central.

Thierry Cheze

LA OU CHANTENT LES ECREVISSES ★★☆☆☆

De Olivia Newman

Tout part d’un corps sans vie retrouvé dans le marais proche d’une petite ville du Caroline du Nord dans les années 60. Celui d’un jeune homme de bonne famille un temps en couple avec la mystérieuse Kya, jeune fille sauvage ayant grandi seule dans ces marécages, en marge donc de la société, et qui devient très vite la suspecte n°1 auprès de ceux, nombreux, qui l’ont toujours regardée avec méfiance et mépris. Cette adaptation du best- seller de Delia Owens s’emploie à remonter le fil de son existence, à grands coups de flashbacks et flashforwards, au fil de son procès. Et ses deux trop longues heures flirtent trop longtemps avec la mièvrerie sirupeuse pour que la partie la plus intéressante, sa dernière ligne droite enfin ambigüe, n’apparaisse crédible. Mais Là où chantent les écrevisses possède un atout majeur qui, elle, ne déçoit pas : son interprète principale, Daisy Edgar- Jones, révélée par la série Normal people.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

AMERICA LATINA ★☆☆☆☆

De Fabio et Damiano D’Innocenzo

Révélés en 2018 par le brillant film de mafia Frères de sang, les frères d’Innocenzo avaient beaucoup plus divisé avec Storia di vacanze, fable volontairement morbide sur la classe moyenne italienne. Première faisait partie du clan des convaincus. Ce qui ne sera pas le cas avec ce troisième long certes ambitieux mais bien trop maladroitement exécuté pour parvenir aux sommets qu’il semble rêver d’atteindre. L’histoire d’un dentiste à la vie en apparence parfaite dans son métier comme dans sa famille qui découvre un soir dans sa cave une petite fille ligotée et mal et point. Qui est elle et surtout comment est- elle arrivée là ? Fabio et Damiano D’Innocenzo vont choisir de poser plus de questions que d’apporter de réponses dans un récit qui lorgne du côté des sublimes cauchemars lynchiens à la Lost highway, sans jamais parvenir à la cheville de leur puissance. Car tout dans la descente aux enfers paranoïaque de leur personnage principal est trop surligné pour qu’on s’y abandonne vraiment. Et ce manque de maîtrise tue dans l’œuf toute l’ambiguïté malaisante recherchée pour sombrer plus souvent qu’à son tour dans la violence gratuite.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Désertitude de Vincent Morvan

Esther 2 : Les Origines de William Brent Bell

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Les Vieux fourneaux 2 : Bons pour l’asile de Christophe Duthuron

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