Louane
@adrelanine

Rencontre avec celle qui prête superbement - et doublement ! - sa voix au sublime film d’animation de Mamoru Hosoda, Belle.

Ce n’est pas la première fois qu’on vous retrouve dans l’exercice du doublage, vous aviez déjà vécu cette expérience sur Les Trolls, Sahara et Les Indestructibles 2. Qu’est-ce -qui vous a incité à la réitérer avec Belle ?

Louane : J’ai reçu un simple mail me le proposant. Et j’étais spontanément très excitée à l’idée de travailler sur de l’animation japonaise que j’adore comme spectatrice. Jusqu’à ce qu’on m’annonce qu’il allait y avoir des chansons. Or j’avais vraiment décidé de séparer le cinéma et la musique et il est forcément difficile, en plus, de revenir avec une BO après La Famille Bélier. Donc j’avoue que je me suis beaucoup interrogée jusqu’à ce que, avant même de pouvoir découvrir le film, je reçoive la BO. Et là toutes mes hésitations sont envolées. J’ai dit oui sans hésiter. J’avais rarement entendu ça. Avec une qualité rythmique insensée. J’ai donc accepté sans avoir vu la moindre image, ni vraiment connaître l’histoire de Belle

Et qu’avez-vous ressenti quand vous avez enfin découvert le film ?

Cette histoire, c’est une claque ! Une réécriture exceptionnelle de La Belle et la Bête, avec des références aussi bien à la version de Cocteau qu’à celle de Disney, aussi pointue qu’à vocation populaire. Et ce autant dans l’image que dans la musique. J’aime la manière dont ce film parle d’Internet sans cacher la vigilance qu’exige le fait de se mettre en scène sur Internet mais en célébrant aussi comment cela peut changer des vies. Sans compter les similitudes entre les personnages de Suzu et son double musical Belle et moi qu’évidemment Mamoru Hosoda ne pouvait connaître. A commencer par le drame vécu par Suzu et le fait qu’elle s’en sorte par la musique ! Comment ne pas me reconnaître ? Et comme Mamoru m’a laissé carte blanche pour incarner ces deux personnages, j’ai pu y mettre beaucoup de moi.

Combien de temps a duré l’enregistrement ?

Habituellement, c’est un jour et demi maximum. Mais pour Belle, comme j’interprète deux personnages et qu’il y a des chansons, ça s’est étendu sur une grosse semaine. Et il y en avait besoin ! On a commencé par le doublage – un personnage après l’autre : d’abord Suzu puis Belle - avant de passer aux chansons. C’était un exercice très technique. Mais une fois encore, les émotions, les sentiments de ces personnages, je les avais en moi. Le plus complexe sans doute été l’enregistrement des chansons. Sans doute le plus dur de ceux que j’ai eu à faire jusque là. Parce que ce n’est pas mon registre habituel et que la tessiture exigée est très aigüe pour moi. C’était un vrai challenge et je ne vais pas dire qu’il n’y a pas eu des petits craquages mais ça s’est bien passé !

Comment envisagez vous le cinéma par rapport à la musique ?

Le cinéma est clairement moins important que la musique. Et ça ne le sera sans doute toujours. Attention, j’aime énormément jouer – même si je crois préférer le doublage car je m’y sens plus à l’aise, l’absence de caméra m’offrant une liberté plus agréable à vivre – mais mon métier, c’est la musique. Parce que je peux y développer mes projets de A à Z et contrôler les choses.  Cette maîtrise me permet de me sentir toujours mieux dans un studio d’enregistrement que sur un plateau de cinéma et donc pour l’instant de m’y épanouir plus. Dans le cinéma, je suis beaucoup plus dans l’apprentissage alors que j’ai pris mes premiers cours de chant à 8 ans ! Je faisais certes le clown chez moi à cet âge- là mais je ne suis pas sûre que ça compte ! (rires)

Pour autant vous jouez régulièrement…

Oui, l’été dernier, j’ai tourné la série Visions pour TF1 et j’ai d’ailleurs pris beaucoup plus de plaisir que sur les films. Pour une raison basique : je n’aime pas attendre ! Et le rythme d’une série est forcément plus soutenu pour des questions de timing restreint pour tout mettre en boîte. Rien n’est inné chez moi dans le jeu donc je bosse toujours beaucoup en amont – j’ai bien vu les conséquences quand je n’ai pas pu le faire – et c’est ce qui me permet de prendre du plaisir sur le plateau. D’ailleurs je kifferais de faire un jour du théâtre, j’avoue !

Vous continuez à voir régulièrement Eric Lartigau qui vous a révélée dans La Famille Bélier ?

Le lien ne s’est jamais distendu ! On s’est encore parlé en fin de semaine dernière. C’est un pilier de ma vie ! Et si le film avait fait un flop, je sais que la relation qu’on a aujourd’hui aurait été la même