Le nouveau Gaspar Noé est un moyen métrage chaotique comme un épisode de Dix pour cent piraté par des sorcières.
On l’avait un peu oublié. Présenté à Cannes 2019 en séance de minuit par Thierry Frémaux se réjouissant à l’idée de choquer le public à l’aide du nouveau Gaspar Noé, rappelant que le film réunissait trois protagonistes de grosses projos-scandales cannoises, Béatrice Dalle (le cannibalisme de Trouble Every Day de Claire Denis), Charlotte Gainsbourg (l’automutilation campagnarde d’Antichrist de Lars Von Trier), devant la caméra du réalisateur d’Irréversible… Si la séance de minuit de Lux aeterna a fait un tabac grâce au fan club du cinéaste, rien de bien choquant à l’écran, sinon un stroboscope final qui a mis un point final à bien des gueules de bois cannoises. La sortie le mois dernier d’Irréversible dans un tout nouveau montage chronologique (voir Première numéro 510) permet de voir que le réalisateur s’est désormais bel et bien détaché de toute velléité de choquer pour choquer. Lux aeterna raconte l’arrivée de Charlotte Gainsbourg (dans son propre rôle) sur le tournage d’un film de Béatrice Dalle (idem) sur les sorcières. Le tournage va sombrer dans le chaos. On a un peu peur devant le prologue ronflant composé d’un montage d’extraits de La Sorcellerie à travers les âges (1922) et de Jour de colère (1943) de Dreyer, le tout entrecoupé de citations des cinéastes favoris de Gaspar (seulement appelés par leurs prénoms, « Jean-Luc », « Rainer W. », etc.). Mais c’est (presque) une fausse piste, une blague : Lux aeterna démarre pour de bon avec la séquence suivante, hilarant dialogue entre Charlotte et Béatrice où cette dernière « slamme les anecdotes comme une Serge le mytho revenue des enfers », écrivait-on en mai 2019 en sortant de la projection – un peu assommés, mais définitivement ravis.
Lux Aeterna, en salles le 23 septembre 2020
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