Affiches Films à l'affiche semaine du 29 mai 2024
Metropolitan/ Pyramide/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
MEMORY ★★★☆☆

De Michel Franco

L’essentiel

Quand la rencontre de deux âmes brisées donne naissance à la plus inattendue des histoires d’amour. Michel Franco fend l’armure et ça lui va bien

Un film comme un puzzle dont jusqu’à l’ultime image on découvrira des pièces inattendues. On rencontre d’abord Sylvie, dont on perçoit vite le besoin d’un quotidien structuré construit autour de son travail, sa fille et ses soirées chez les Alcooliques Anonymes pour ne pas rechuter. Et puis à une réunion d’anciens de son lycée, elle croit reconnaître en Saul un de ses camarades qui l’a agressée sexuellement. Saul qui, ce soir- là, va la suivre, dormir au pied de son appartement et ne plus se souvenir de rien au matin à cause de la maladie qui détruit sa mémoire. Sylvie comprendra vite que sa mémoire à elle lui joue aussi des tours mais cette rencontre va à jamais tout bouleverser en elle, lui donner le courage de confronter son passé et espérer retrouver l’amour. Avec ce mélo bouleversant, Franco fend l’armure comme jamais, mais dans un climat de tension et d’instabilité qui tue dans l’œuf toute mièvrerie.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LA BELLE DE GAZA ★★★★☆

De Yolande Zauberman

Dans ce documentaire qui clôt sa trilogie entamée avec How to have sex with an Arab ? et M,             Yolande Zauberman part à la recherche d’une femme trans qui aurait fui Gaza pour se rendre à pied à Tel Aviv. Le film s’articule en une succession de portraits qui révèlent un souffle de vie (et de mort) hors du commun. L’instigatrice involontaire de ce voyage, cette Belle de Gaza, elle, va rester introuvable.  Mais son absence finit par devenir la légitimité même d’un récit qui se nourrit du mystère qu’elle suscite et dont la nuit est la grande ordonnatrice Comme dans les films noirs américains, l’obscurité ne cherche pas tant à cacher une vérité honteuse qu’à révéler par dissimulation la douleur des êtres qui l’habitent. Les ténèbres sont d’abord un refuge pour ces femmes livrées à elle-même dans un monde qui les refuse. Yolande Zauberman avec sa caméra n’est pas une intruse qui viendrait puiser le temps d’une immersion quelques sensations. L’échange se matérialise par la grâce d’une mise en scène proche des êtres d’où émerge une beauté tragique. Puissant.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A AIME

SALEM ★★★☆☆

De Jean- Bernard Marlin

Djibril, enfermé dans un hôpital psychiatrique, se remémore son passé. Enfant, il était un membre éminent d’un gang comorien, amoureux de Camilla, une gitane issue de la bande ennemie des Grillons... Jusqu’au jour où Camilla est tombée enceinte… Six ans après Shéhérazade, Jean-Bernard Marlin revient poser sa caméra à Marseille avec ce drame shakespearien qui risque de déconcerter ses fans de la première heure. Dans un mouvement antiréaliste, le film évoque cet amour interdit au travers d’étonnantes séquences fantastiques. Cette matière permet à Marlin de s’interroger sur un phénomène de société peu évoquée dans le cinéma français : les faux prophètes détiennent-ils une part de vérité ? Mais le cinéaste ne s’embête pas à expliciter son propos, préférant laisser au spectateur une part d’imagination tout en se penchant, lui, sur la dimension romanesque de son récit. La spontanéité des acteurs, choisis au cours d’un casting sauvage, permet de rendre l’ensemble encore plus émouvant.

Yohan Haddad

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ADAM CHANGE LENTEMENT ★★★☆☆

De Joël Vaudreuil

Avec ce film d’animation, le canadien Joël Vaudreuil signe une fable touchante (et souvent très drôle) sur le mal-être et les traumas des adolescents, notamment ceux qui n'ont pas la chance d'avoir un corps - et un esprit - dans la norme. On y suit Adam, jeune homme de 15 ans trop grand, complexé, bossu dont le physique a l’étonnante particularité de se modifier en fonction des moqueries et des commentaires négatifs que ne se prive pas de lui lancer son entourage. À travers ce portrait pince-sans-rire d’un paria qui ne demande qu’à sortir de sa bulle, Vaudreuil questionne l’air de rien les mécaniques du harcèlement ordinaire en faisant dérailler les clichés de films de lycée. Un film dans la marge, loufoque et singulier.

François Léger

GREENHOUSE ★★★☆☆

De Lee Soi- hui

Moon-Jung est une aide-soignante à domicile pour un couple de personnes âgées. Lui est aveugle, elle est atteinte d’une maladie neuro-dégénérative et ne peut se gérer seule. Moon-Jung jongle habilement entre les tâches domestiques et son fils incarcéré, jusqu’à un accident qui l’oblige à prendre une décision ingérable… Avec pas mal d’humour noir et un sens aiguisé du suspense, la réalisatrice Sol-hui Lee signe un thriller psychologique sur la déchéance et la façon dont la société pousse des êtres ordinaires à commettre l’irréparable. Un premier film pas exempt de défauts (la conclusion un peu décevante et certaines scènes à la limite du crédible), mais dont le rythme lent et la pudeur de la mise en scène parviennent à refléter la cruauté du piège dans lequel s’est mis elle-même sa protagoniste.

François Léger

UNE AUTRE VIE QUE LA MIENNE ★★★☆☆

De Malgorzata Szumowska et Michal Englert

Quarante-cinq ans de la vie d’une femme transgenre. Dans la Pologne des années 80, Andrzej se sent coincé dans une vie qui n’est pas la sienne... L’écueil du film à thèse est évité par ce portrait en forme d’épopée intime, odyssée feutrée où le destin de l’héroïne se dessine à coups de scènes brèves, elliptiques. En filigranes, c’est aussi l’histoire de la Pologne qui défile, du communisme au capitalisme – et, de l’un à l’autre, sa constante indifférence aux droits des personnes transgenres. L’interprétation poignante de Malgorzata Hajewska cimente le tout.

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

ABIGAIL ★★☆☆☆

De Matt Batinelli et Tyler Gillett

Une bande de kidnappeurs qui ne se connaissent pas entre eux s’empare d’une gamine et la séquestre toute une nuit dans une drôle de maison. Les choses vont dégénérer de manière inattendue (si vous n’avez pas vu la bande-annonce), et extrêmement gore (en tous cas pour des standards américains). Du huis clos hyper bis, c’est un exercice de style plutôt intéressant, à condition qu’il y ait du style : et les réalisateurs des deux derniers Scream en date ne parviennent pas à en injecter suffisamment dans Abigail pour que le film devienne une véritable série B, aussi réjouissante et fun que ses papas l’ambitionne. En l’état, Abigail ne ressemble à guère plus qu’un spin-off de Resident Evil : heureusement, le casting assure bien, notamment Melissa Barrera et surtout l’adorable (et très costaud) Kevin Durand, parfaitement à l’aise dans ce genre de film. On dirait même qu’il mérite mieux que ça.

Sylvestre Picard

FAINEANT.E.S ★★☆☆☆

De Karim Dridi

Comment filmer une frange marginale de la société ? Tel un road-movie, Fainéant·es suit le parcours de deux femmes qui se sépareront avant de se retrouver, et propose une myriade de micro-événements, soit autant d’épreuves à surmonter lorsqu’on vit dans les marges du système, sans logement ni travail fixe. Dommage que la dimension politique de ces destins n’embrase jamais la mise en scène pour se cantonner à quelques symboles : un doigt jeté à un flic ou un slogan antiraciste sur un pull…

Nicolas Moreno

ASSEMBLAGE ★★☆☆☆

De Sofiene Mamdi

Le geste témoigne d’une envie de cinéma qui traverse l’écran. Avec son premier long, Sofiene Mamdois signe le plus long film constitué d’un seul et unique de l’histoire du cinéma français. Mais tout à son obsession de la forme (où il fait montre d’une réelle virtuosité), il lui a sacrifié le fond de son récit au fil d’un scénario filandreux dont les trous d’air finissent par abîmer le climat de suspense au cordeau qu’il ambitionne ici de créer.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Anhell 69, de Will Ashurst

L’Ennemi public n°0, de Amalric Gérard

39-45 Elles n’ont rien oublié, de Germain Aguesse

Uchronietzsche parabolique, de Alexandre Bellas

Les reprises

L’Ascension, de Larissa Chepitko

Larmes de joie, de Mario Monicelli