Cette version live action de City Hunter, par Netflix, a la noble ambition de coller au manga d'origine. Pour autant, cela n'est pas une garantie de succès.
Surtout si la fille est mignonne, Nicky Larson ne craint personne... On connaît la rengaine par coeur. Il faut dire que depuis plus de trois décennies, la culture populaire ne ménage pas ses efforts pour relancer le personnage de Ryô Saeba, inventé en 1985 par Tsukasa Hōjō. City Hunter tente une mise à jour sur Netflix, dans une nouvelle version live action qui dépoussière Nicky Larson, tout en respectant religieusement le manga d'origine.
On sait que les fans n'aiment pas qu'on touche aux héros de leur enfance. L'entreprise de l'adaptation en prises de vues réelles est souvent casse-gueule et rarement couronnée de succès. One Piece a fait office d'exception l'an dernier, mais on ne peut pas dire que Netflix ait réussi à renouveler l'exploit avec ce film Nicky Larson, balourd et simplement sans intérêt.
Pourtant, on y retrouve tous les ingrédients : la petite voiture rouge qui crisse des pneus, le Colt Python qui fait mal, les bas-fonds de Tokyo et ses gangs qui kidnappent à tour de bras. De toute évidence, la production - dirigée par Yûichi Satô - a pris pour dogme la transposition la plus fidèle. Les premiers tomes de la BD, ceux consacrés à la fameuse Angel Dust, sont ainsi besogneusement répliqués à l'écran, dans les moindres détails. L'intrigue reprend l'origin story qui part du meurtre de Tony, pour arriver à la naissance du duo entre Nicky et Laura. Le script incorpore même les obsessions libidinales du héros, qui bave sur les grosses poitrines et se comporte comme un obsédé infernal à chaque instant - sauf quand il doit dégainer ! Sur ce point, les fans peuvent se rassurer : Nicky n'a pas été aseptisé par l'époque et Ryohei Suzuki s'en donne à coeur joie en slip, à faire la danse de la banane... Soit.
Sauf que la révérence à l'œuvre originale ne suffit pas à faire un bon film. Il n'y a dans cette adaptation aucune vision. Aucun parti pris. Aucune volonté, si ce n'est celle de n'offusquer aucun fan. Ce Nicky Larson s'échine à correspondre à tout ce qu'il pense qu'on attend de lui. Tant et si bien qu'il en devient insipide. Malgré quelques séquences d'action efficaces où le détective affiche toute sa classe, le film n'a rien à raconter. Le personnage cartoonesque du manga, drôle parce que "too much", paraît tout à coup ridicule en live action. Ce qui fonctionne en dessin animé ne fonctionne pas toujours dans la vie réelle. C'est le cas avec cette version finalement lourdingue et bien ennuyeuse. On peut dire ce qu'on veut du Nicky Larson de Philippe Lacheau, mais a minima, il avait tenté de capter l'esprit WTF de l'animé des années 1990, pour oser une comédie totale, délurée et colorée. Il avait osé s'approprier Nicky. Ce film Netflix ne fait que reproduire, pendant 1h40, un épisode vieux de 40 ans.
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