Reservoir Dogs : On a beau connaître ça par cœur, on ne s'en lasse pas [critique]
METROPOLITAN FILMEXPORT

Le film culte de Quentin Tarantino revient sur Arte, à 22h55.

Au tournant des années 90, c'est dans un bain de sang que Quentin Tarantino entrait avec fracas dans le monde du cinéma. Celui qui est alors un jeune fanatique de série B, de films de Blacksploitation et de la Nouvelle Vague, employé d'un ciné club d'Hermosa Beach en Californie, n'a qu'un rêve : éclabousser le genre du film de gangster à la manière dont Sergio Leone, quelques décennies plus tôt, s'était attaqué avec succès aux dogmes du Western. Par un jeu de hasard et de relations comme il en existe tant en Amérique, le script de Reservoir Dogs, écrit en moins de 3 semaines, atterrit entre les mains de Harvey Keitel (la cousine de la collègue de Tarantino connaissait la soeur d'un ami qui connaissait le voisin du neveu de Keitel à quelque chose près...). L'acteur de Mean Streets est à tel point emballé par la verve et l'audace du jeune cinéaste qu'il se propose même de co-produire le projet. Avec 1 500 000 dollars de budget, Tarantino parvient à aboutir, non sans quelques bastons entre acteurs, un long-métrage choral devenu instantanément l'une des références ultime du film de gangster. 

Michael Madsen ne savait pas comment danser dans la scène culte de Reservoir Dogs

A la fois ultra-violent, et ultra-caustique, balayant d'un revers la mythologie cinématographique des histoires de mafieux italo-américains pour se concentrer sur des antihéros, Reservoir Dogs se construit comme le récit d'un plantage. Les "dogs" forment une équipe de jeunes criminels aux édifiants noms de code (Mr White, Mr Pink, Mr Orange, Mr Blonde). Mi-pro, mi-amateurs, ils se trouvent chargés d'un casse qui, comme prévu, tourne mal et s'achèvera dans un (truculent) bain de sang. Épique et dézingué, Première ne saurait que trop vous recommander ce monument de pop culture, dont nous avons partagé deux critiques (la deuxième figure dans notre classement des films de Quentin Tarantino du pire au meilleur

"Inimaginable le sang que contient un corps humain. Du début à la fin de Reservoir dogs, on patauge dans le liquide épais et gluant, le rouge est d'ailleurs la couleur dominante du film. Des truands préparent un casse qui tourne au massacre: une taupe a dénoncé le gang à la police. Les survivants cherchent le traître, comme des chiens prêts à mordre... Avec des acteurs aussi allumés que leurs personnages, ce film gueulard et speedé est à la fois un hommage original aux films de gangsters mais aussi une parodie à déguster saignante. Le film révéla Tarantino et son cocktail de prédilection: violence + humour."

"On a beau connaître ça par cœur, on ne s'en lasse pas. Au petit déj, des malfrats parlent du sens caché de "Like A Virgin" de Madonna, puis s'engueulent sur le pourboire (pour ou contre ?), râlent sur le café, les serveuses, la musique 70's, les gueules des mecs... Le film entier pourrait se passer sur ce moment-là, sur ces banquettes, que ça ne nous aurait pas dérangé. Vingt ans après, le film sent un peu l'huile (un peu trop facile de dire que tout QT est déjà là, c'est faux), son réalisateur faisant tout pour se faire remarquer comme l'ado tapageur et bourré de talent qu'il était. Ca a marché. Il s'est fait remarquer. L'année d'après c'était Pulp Fiction et les tapis rouges de la gloire. On connaît ça par cœur. On ne s'en lasse pas. Stuck in the middle with you."

 


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