Rouge de Farid Bentoumi
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Porté par un impeccable Sami Bouajila, cette plongée dans le monde brutal de l’entreprise se double d’un beau récit sur un conflit de génération.

Sorti en août dernier au cinéma, Rouge, de Farid Bentoumi et porté par Zita Hanrot, Sami Bouajila ou encore Céline Sallette, sera diffusé ce soir sur Canal +. Voici notre critique.

Quatre ans après le très sympathique Good Luck Algeria, Farid Bentoumi monte en grade avec ce deuxième long-métrage labélisé « Cannes 2020 », porté une nouvelle fois par sa « muse » Sami Bouajila. Bouajila dont on ne cesse de redécouvrir l’incroyable talent, qui se paie même le luxe de se bonifier avec l’âge. L’acteur de 54 ans dégage désormais une sagesse qui fait d’emblée autorité, son charme doux n’exclue pas cependant les passages en force, de ceux qui imposent le combat. Certains se souviennent peut-être du récent Un fils de Medhi Barsaoui où face à un chaos personnel son personnage parvenait à rester debout sans jamais baisser les bras.

Dans Rouge, il est à nouveau un père de famille qui ne voit pas venir la tourmente s’abattre sur ses propres certitudes l’obligeant à réagir. Rouge, c’est la couleur du sang, de la révolte, de la violence, c’est aussi celle d’une gigantesque entreprise de produits chimiques posée tel un vaisseau cabossé au milieu d’une nature et une humanité menacées. Slimane (Sami Bouajila), délégué syndical de l’entreprise, mais surtout bon soldat, plaît à une direction qui voit en lui le garant d’un dévouement aveugle de la part des employés. L’arrivée de sa fille (Zita Hanrot) comme infirmière va faire voler en éclat l’équilibre de l’ensemble. Articulé comme un thriller social, le film s’appuie sur un récit fouillé et une mise en scène subtile qui ne cherche jamais à dénaturer l’honnêteté des intentions (les frères Dardenne ont coproduit le film). C’est bien à hauteur des visages crispés et des corps qui résistent que doit se raconter la violence du monde. 


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