Egalement muse du réalisateur Robert Altman, l’actrice avait 75 ans.
Héroïne, aux côtés de Jack Nicholson, du légendaire Shining de Stanley Kubrick, vedette de plusieurs pépites du cinéma américain des années 70 souvent signées Robert Altman (Nashville, Trois femmes, Popeye…), Shelley Duvall est morte jeudi 11 juillet, quelques jours après avoir célébré son 75ème anniversaire, des suites de complications liées au diabète.
"Ma chère, douce et merveilleuse compagne et amie nous a quittés. Elle a trop souffert dernièrement, elle est libre désormais. Envole-toi, belle Shelley" a déclaré son mari, le musicien Dan Gilroy, au Hollywood Reporter.
Retirée des plateaux de tournage en 2002, Shelley Duvall avait fait publiquement état des troubles mentaux dont elle souffrait. L’histoire du cinéma retiendra qu’elle avait également beaucoup souffert sur le plateau de Shining, le perfectionniste et tyrannique Stanley Kubrick la poussant dans des états limites, multipliant les prises pour obtenir d’elle la prestation la plus intense possible. Shelley Duvall jouait Wendy Torrance, l’épouse d’un écrivain raté, incarné par Jack Nicholson, bientôt pris de folie et cherchant à massacrer sa famille. Le visage tremblant d'effroi de la comédienne a marqué des générations de spectateurs. Longtemps après ce tournage qui avait duré de longs mois, Shelley Duvall avait fait part de l’extrême dureté de cette expérience : "Au bout d’un moment, ton corps se rebelle. Il te dit : « Arrête de me faire ça, je ne veux pas pleurer du matin au soir. » Parfois, la simple idée que j’allais devoir passer ma journée à pleurer me faisait pleurer."
Née à Fort Worth, au Texas, en 1949, Shelley Duvall avait été repérée par Robert Altman, qui l’avait engagée pour jouer dans son film Brewster McCloud (1970). Le réalisateur phare du Nouvel Hollywood naissant avait été séduit, comme bientôt les spectateurs, par son physique et son attitude atypiques, sa minceur et ses yeux immenses qui lui donnaient une présence unique à l’écran. L’actrice allait vite rejoindre la troupe du cinéaste anticonformiste, pour des rôles grands ou petits, dans de nombreux films marquants de l’époque : les westerns John McCabe (1971) et Buffalo Bill et les Indiens (1976), le film de gangsters Nous sommes tous des voleurs (1974), ou encore l’immense fresque polyphonique country Nashville, en 1975.
Deux films marquent le sommet de leur collaboration : d’abord Trois femmes (photo ci-dessus), en 1977, film labyrinthique et psy à mi-chemin de Rivette et de Lynch, où Duvall donne la réplique à Sissy Spacek (autre visage inoubliable des seventies) et qui lui vaudra le prix d’interprétation féminine au festival de Cannes ; puis Popeye, l’adaptation en chansons de la BD sur le marin amateur d’épinards, où elle donnait vie au personnage d’Olive, l'épouse du matelot, face à Robin Williams.
Des années 70 aux années 90, on avait également pu croiser l’actrice dans Annie Hall (1977) de Woody Allen (sur le plateau duquel elle rencontra le chanteur Paul Simon, qui fait une apparition dans le film et avec qui elle vivra pendant deux ans), Bandits, bandits (1981) de Terry Gilliam, A fleur de peau (1995) de Steven Soderbergh ou encore Portrait de femme (1996) de Jane Campion.
Dans les années 80, elle anima des émissions pour enfants, des programmes pour lesquels elle reçut parfois le concours de réalisateurs de premier plan comme Francis Ford Coppola ou Tim Burton. Le même Burton qui la dirigea dans un de ses premiers courts métrages, le fameux Frankenweenie, en 1984. Shelley Duvall était récemment sortie de sa retraite pour jouer dans un film d’horreur à petit budget, The Forest Hills.
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