Affiches Films à l'affiche mercredi 14 juin 2023
Warner Bros/ L'Atelier Distribution/ Le Pacte

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
THE FLASH ★★★☆☆

De Andy Muschietti

L’essentiel

Avec sa double ration de Flash, Andy Muschietti signe un film de superhéros qui se concentre sur son personnage principal et ne sort son Zod qu’à la toute fin. Comme pour mieux prendre ses distances avec les uberfilms de Snyder.

Paradoxe : The Flash, le superhéros le plus rapide de l’univers DC aura pris son temps pour arriver sur nos écrans. Des années d’atermoiements, de retours en arrière. Entre temps tout l’univers DC aura été bouleversé plusieurs fois et l’équilibre des forces plusieurs fois remis en cause. Mais ça y est, il est là et le résultat est même… satisfaisant.

Première évidence, Ezra Miller est un Flash parfait, capable d’insuffler une véritable émotion au personnage. Cela tient à sa composition, mais aussi à l’astuce la plus intéressante du scénario. L’histoire oppose en effet très rapidement deux Barry Allen. Le premier, le Barry original, celui qui va grandir moralement en traversant les multivers. Le second Barry plus jeune, plus fou, celui qui découvre, le pouvoir de la Force véloce. Le film repose beaucoup sur cette dynamique offrant une vraie richesse émotionnelle et une (relative) profondeur au personnage. Et ce d'autant plus que Muschietti reste rivé sur son héros. Les 20 premières minutes du film, très amusantes  fonctionnent comme une suite à Justice League, et servent à définir le Barry original avant de lancer le film quand ce dernier va se mettre à remonte le temps où, à vouloir corriger les erreurs, on risque de casser l'équilibre du monde. Et Barry va se retrouver bloqué dans le passé, comprenant qu’il a modifié le cours de l’histoire à son détriment. Si sa mère est effectivement sauvée, tout a changé : Batman n’est plus incarné par un Affleck au sommet de sa forme, mais a l’apparence d’un Keaton un peu cintré. Pire : dans ce monde-là, ce n’est pas Michael J. Fox qui joue dans Retour vers le futur, mais Eric Stolz ! Cette deuxième partie joue la carte de la nostalgie avec humour et s’appuie beaucoup sur le Batman de Burton

Tout cela s’achèvera bien sur dans un carnage en CGI mais Muschietti parvient quand même à garder les vibrations plus légères, plus personnelles, de son film. Ce qui fait de The Flash une comédie avec ce qu'il faut d'esprit et d'action pour satisfaire tout le monde

Pierre Lunn

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

MARCEL LE COQUILLAGE (AVEC SES CHAUSSURES) ★★★★☆

De Dean Fleischer- Camp

C’est l’histoire d’un petit coquillage vivant en seul dans un pavillon déserté par ses propriétaires qu’un réalisateur de docus – louant le lieu via Airbnb – découvre et va aider, au fil de leurs échanges, à retrouver sa famille mystérieusement disparue. Mêlant animation et prise de vues réelles, ce vrai- faux documentaire ne vient pas de nulle part. Trois courts métrages ultra- populaires sur la Toile depuis 2010 ont constitué le tremplin parfait pour un passage à long reposant sur un parfait équilibre entre mignonnerie pure, réflexions espiègles sur l’époque (la vanité de la célébrité, les réseaux sociaux…) et une mélancolie qui vous serre le cœur. A contre- courant du cynisme dominant et des grosses productions standardisées, cette fantaisie animée clairement destinée à toute la famille a tout pour devenir culte.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

LE PROCESSUS DE PAIX ★★★☆☆

De Ilan Klipper

Venu du documentaire, Ilan Klipper sait aussi apporter au genre de la comédie dramatique une tonalité brute à la séduisante liberté. Il s’empare ici de la problématique du couple en racontant la vie de Marie et Simon, parents stressés qui se disputent sans cesse et qui se trouvent au bord de la rupture. Pour se donner une dernière chance, le duo établit une liste de règles visant à apaiser leur relation : la Charte Universelle des droits du couple... En injectant une bonne dose de fantaisie à son sujet et en adoptant une esthétique proche de celle du conte, Klipper rend ses personnages particulièrement attachants et fait d’autant mieux ressentir la cruauté des moments où l’incompréhension et le conflit prennent le dessus. Déployant autour de ce couple, joué brillamment par Camille Chamoux (aussi coscénariste du film) et Damien Bonnard, tout un univers familial et professionnel, le récit démontre que les difficultés amoureuses proviennent également d’un environnement extérieur qui limite les désirs et l’autonomie. Révolutionner l’existence pour que l’amour perdure, voici le défi narré par ce film qui capte à merveille la fragilité des sentiments.

Damien Leblanc

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FIFI ★★★☆☆

De Jeanne Aslan et Paul Saintillan

Sous forme de chronique estivale située à Nancy, ce film réalisé à quatre mains suit une adolescente de 15 ans censée rester pour les vacances dans l’appartement HLM où elle vit toute l’année. Mais la jeune fille décide soudain d’occuper seule et sans prévenir personne une chic maison du centre-ville appartenant aux parents d’une amie, sans se douter que le frère aîné de cette famille aisée, âgé de 23 ans, va aussi débarquer dans ce logis pour y passer l’été. Portée par le charismatique duo Céleste Brunnquell - Quentin Dolmaire, cette rencontre entre deux grands timides issus de milieux différents dessine une douce bulle temporelle au regard décalé. Entre humour inattendu et gravité émotionnelle, ce portrait d’une ado qui voudrait mener sa vie comme une adulte surprend ainsi autant qu’il attendrit.

Damien Leblanc

LOVE LIFE ★★★☆☆

De Kôji Fukada

Le prolifique japonais Kôji Fukada (4 films en 3 ans !) a une passion non dissimulée pour les portraits de famille sans histoire qui se craquèlent pour en révéler les failles et le talent de s’en emparer sans jamais bégayer en passant à chaque fois par le prisme d’un genre différent. Comédie (Hospitalité), tragédie (L’Infirmière) ou comme ici mélo. Love life met en scène une femme mariée à un homme dont elle découvre l’existence d’une ex cachée et qui voit en même temps ressurgir dans sa vie le père biologique de son enfant. Une femme qu’on pense soumise, prête à encaisser les petites humiliations comme les agressions physiques mais aux apparences trompeuses. Impossible de rentrer dans les détails des rebondissements d’un récit qui vous place en inconfort permanent sous peine d’abîmer cette mécanique d’ultra- précision. Mais sa capacité à bouleverser aussi puissamment qu’à glacer le sang force l’admiration.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LA NUIT DU VERRE D’EAU ★★☆☆☆

De Carlos Chahine

Vue sur des paysages montagneux du Liban à la beauté foudroyante. Décors sauvages et intemporels, bien trop écrasants pour le monde qu’entend décrire Carlos Chahine dans ce premier long-métrage au titre symbolique (qui nous échappe un peu !). Car une fois arrivé dans le lieu précis de l’intrigue, un petit village haut perché durant l’été 1958, tout apparait soudain figé, comme coulé dans le formol d’une mise en scène illustrative. Le cinéaste entend bien-sûr révéler un espace sous cloche, imperméable aux fracas révolutionnaires du moment, mais peine à créer cet indispensable malaise qui viendrait envahir insidieusement le cadre. Si le propos est louable - émancipation d’une épouse trop parfaite dans une famille bourgeoise traditionnelle – rien ne semble réellement s’opposer à ce conformisme dramatique.

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

CARMEN ★☆☆☆☆

De Benjamin Millepied

Jörg Widmer (Une vie cachée) à la lumière, Alexander Dinelaris Jr. (Birdman) au scénario, Paul Mescal (Aftersun) et Melissa Barrera (Scream VI) en têtes d’affiche et Dimitri Rassam (Les Trois mousquetaires) à la production. Benjamin Millepied a su s’entourer pour son passage à la réalisation et, au vu de l’inventivité de ses spectacles, on attendait énormément de son adaptation de l’opéra de Bizet, revu et corrigé à la sauce moderne: Carmen est ici une Mexicaine qui, rentrant illégalement aux Etats- Unis reçoit l’aide d’un ex- marine souffrant de stress traumatique pour échapper aux autorités. Ca rutile à tous les étages dans ce Thelma et Louise en mode Baz Luhrmann où Millepied peine à faire voir sa singularité. Les scènes de danse sont évidemment superbes mais flottant au milieu d’un récit mal équilibré, étouffé par un symbolisme permanent et des facilités d’écriture. Beaucoup de bruit, de couleurs et d’énergie pour pas grand-chose.

Thierry Cheze

STARS AT NOON ★☆☆☆☆

De Claire Denis

Claire Denis rêvait depuis longtemps d’adapter Des Etoiles à midi, le roman de Denis Johnson. C’est en voyant les « pieds de ballerine » (c’est elle qui le dit) de Margaret Qualley dans Once upon a time in Hollywood de Tarantino qu’elle a su qu’elle avait enfin trouvé son actrice. Qualley déambule donc, les pieds nus et crasseux, en journaliste américaine privée de passeport, prisonnière d’un Nicaragua inquiétant. Elle rencontre un bel Anglais joué par Joe Alwyn, ils font l’amour, errent de bars interlopes en jungles moites, refont l’amour. L’idée est de faire se percuter le froid et le chaud, le thriller diplomatique abstrait et un érotisme très charnel, mais le film n’a aucun rythme et souffre d’une étonnante absence de sex-appeal, malgré la beauté de ses interprètes. Même les plus « foot-fetichists » des cinéphiles seront obligés d’admettre que c’est pas le pied.

Frédéric Foubert

 

Et aussi

Giulia, de Ciro di Caro

Seygénaires, de Robin Sykes

Les reprises

Falstaff, de Orson Welles

Jeanne et le garçon formidable, de Olivier Ducastel et Jacques Martineau

Trois milliards d’un coup, de Peter Yates

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