Entretien avec une actrice heureuse.
Chérie 25 continue sa programmation de portraits de femmes exceptionnelles avec In the Fade, de Fatih Akin, un drame porté par Diane Kruger, qui est dévastée par la mort soudaine de son mari et de son enfant dans un attentat à la bombe, et qui décide de se venger. Durant l'été 2019, nous avions rencontré la comédienne pour parler de The Operative, dans lequel elle campe avec superbe une recrue du Mossad chargée d’une mission d’infiltration en Iran. Elle devait ensuite enchaîner avec 355 de Simon Kinberg, retrouver Guillaume Gallienne puis de camper Marlene Dietrich dans une série. Flashback, en attendant la rediffusion d'In the Fade, dont elle avait parlé lors de cet entretien.
Qu’est ce qui vous a donné envie de jouer dans The Operative ?
Diane Kruger : J’avais vu et beaucoup aimé Bethléem, le premier long métrage de Yuval (Adler). Et j’ai accroché à son scénario tant pour son traitement du quotidien d’un agent secret en mission d’infiltration que pour l’aspect psychologique qu’il a su y développer au- delà du suspense de la situation et bien évidemment hélas de l’actualité de son sujet, au vu des tensions actuelles entre les Etats- Unis et l’Iran
Après In the fade, vous aviez expliqué vouloir mettre la pédale douce sur les tournages…
Oui et c’est pour cela que je n’ai accepté que des seconds rôles voire des participations dans Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis et JT LeRoy (encore inédit en France) avec Kirsten Stewart. J’avais besoin de légèreté. En tout cas de ne pas porter sur mes épaules un rôle pendant des mois et des mois. Cependant, après avoir accepté The Operative, j’ai bien cru ne pas pouvoir le faire car j’ai appris que j’attendais un enfant juste avant le tournage. Mais Yuval a été d’accord pour que je puisse tourner enceinte et j’avoue que j’étais contente de ne pas devoir passer ma grossesse sur un canapé à manger des Haribo ! (rires) Je garderai donc forcément un souvenir particulier de ce tournage. L’expérience y fut intense mais j’avais retrouvé un enthousiasme à jouer. J’étais de nouveau prête
Comment avez- vous construit ce personnage d’agent secret infiltré ?
The Operative est adapté de The English teacher, le roman d’un ex- agent du Mossad devenu écrivain. Mais le personnage que je joue est inspiré d’une femme qui a réellement existé. Et j’ai eu la chance de pouvoir la rencontrer alors qu’elle vit cachée en Israël. Et puis Yuval adore faire des lectures, discuter très en amont. Ce qui a permis de clarifier des choses dans ce scénario très dense et très complexe et a rendu le tournage beaucoup plus fluide.
En parlant d’agent secret, on vous avait déjà proposé de jouer dans un James Bond ?
Non mais ça ne m’a jamais vraiment tenté d’être une James Bond Girl. Sauf celle que joue si magnifiquement Eva Green dans Casino Royale, le seul rôle majeur de femme de la franchise, à mes yeux. Là, j’ai été jalouse ! (rires) Mais il se trouve que je m’apprête à redevenir agent secret dans 355 de Simon Kinberg (X- Men : Dark Phoenix), ce projet initié et produit par Jessica Chastain. Une sorte de Jason Bourne au féminin avec 5 agents secrets unissant leur force contre un ennemi commun : une Américaine (Jessica Chastain), une Britannique (Lupita Nyong’o), une Colombienne (Penelope Cruz), une Chinoise (Fan Bingbing) et donc une Allemande. Je joue une vraie badass avec pas mal de scènes de bagarre avec Jessica. Et je suis surexcitée car ce sera une première pour moi ! Je remplace Marion Cotillard - initialement prévue pour ce personnage - et je peux témoigner, grâce à ce que je vis sur ce projet, de la force concrète du féminisme à Hollywood. Jamais je ne m’étais retrouvée sur un plateau pareil entre l’égalité salariale entre hommes et femmes, la participation de tous au processus créatif et le fait que, tournant au cœur de l’été, tous nos enfants puissent être sur le plateau. Je me suis rarement sentie aussi mise en valeur et je n’aurais pas pu rêver mieux comme premier tournage après mon accouchement. Tout reste familial malgré l’importance du budget. Tout le monde est là pour de bonnes raisons et tu n’as absolument pas l’impression de faire partie d’une machine.
Vous avez senti un changement dans les propositions que vous recevez, après le prix d’interprétation cannois pour In the fade ?
Oui, tant quantitativement que qualitativement. On ne me propose plus les mêmes rôles. Il faut dire que je suis désormais un peu trop âgée pour jouer les jeunes premières et ça me va très bien ! (rires) Et je suis gâtée. Après 355, je tournerai The Almond and the sea horse, le troisième film de Guillaume Gallienne en anglais puis la série en 6 épisodes sur Marlène Dietrich, développée par Fatih Akin.
J’imagine que camper ce mythe est un rêve pour vous ?
Oui mais surtout un vrai défi. On tourne dans un an et j’ai aussi hâte que peur. Il va falloir que je me défasse du mythe pour l’appréhender en tant que femme. Fatih comme moi devons trouver la bonne distance: lui rendre hommage tout en racontant son quotidien forcément plus terre- à- terre… mais sans abîmer le mythe !
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