Le cinéma politique de Costa- Gavras est à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
La fin d’une trilogie
Même producteur (Jacques Perrin), même interprète central (Yves Montand). Costa- Gavras conclut en beauté avec Etat de siège (Prix Delluc 1973, nomination au Golden Globe du film étranger 1974 face notamment à La Nuit américaine de François Truffaut) une trilogie entamée en 1969 par Z et poursuivie en 1970 par L’Aveu. Ces trois films racontent trois pays soumis à une dictature dans laquelle les Etats- Unis sont d’une manière ou d’une autre impliquée. La Grèce dans Z. La Tchécoslovaquie dans L’Aveu. Et donc l’Uruguay – et plus largement le continent sud- américain – dans Etat de siège. Trois sommets de cinéma politique ont fait date.
Un film inspiré d’une histoire vraie
Souhaitant parler de l’action clandestine de la CIA dans l’Amérique Latine des années 60 et du début des années 70, Costa- Gavras se documente tous azimuts. Et cette recherche l’amène à découvrir un personnage qu’il ne connaissait pas : Dan Mitrione. Un policier fédéral américain qui allait de dictature en dictature enseigner… l’art de la torture avant d’être enlevé et abattu par un groupe révolutionnaire uruguayen, les Tupamaros. Costa- Gavras tient là son idée de film et en développe le récit – concentré sur les 7 derniers jours de la vie de Mitrione - avec Franco Solinas, le scénariste de Kapò et de La Bataille d’Alger de Gilles Pontecorvo.
Un tournage tourné dans le Chili d’Allende
Tourner un film en Amérique du Sud dans cette première moitié des années 70 n’a rien d’une sinécure. L’Uruguay – où se déroule l’action – est ainsi alors sur le point de basculer dans une dictature militaire. Mais un homme va ouvrir les bras à Costa- Gavras : le Président du Chili, Salvador Allende. Ses alliés communistes voient pourtant ce projet et surtout son réalisateur d’un mauvais œil : ils n’ont pas vraiment goûté à son regard porté sur la Tchécoslovaquie dans L’Aveu. Mais Allende sait trouver les mots pour les convaincre et pour que ce tournage se passe au mieux dans les rues de Santiago. Et ce malgré quelques péripéties. Pour les scènes figurant les soldats, l’armée avait promis de prêter des armes avant, devant le nombre de figurants incarnant les militaires, de refuser par peur… qu’ils les utilisent contre eux ! Mais la générosité d’Allende ne fut pas récompensée. Renversé par Pinochet, il est retrouvé mort dans le Palais présidentiel le 11 septembre 1973. Et Etat de siège ne fut jamais distribué au Chili. Neuf ans plus tard, Costa- Gavras rendra hommage au Chili d’Allende avec Missing.
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