Alain Corneau et Yves Montand sont à l’honneur ce soir de « Place au cinéma » sur France 5, présenté par Dominique Besnehard
Le retour de l’équipe gagnante de Police Python 357
Alain Corneau était un amoureux fou des films noirs et du cinéma de Fritz Lang et de Don Siegel. Alors après l’échec en 1974 de son premier long métrage comme réalisateur, France Société Anonyme où il s’était essayé maladroitement à mêler science-fiction, thriller et satire sociale, il décide de revenir aux fondamentaux. De faire correspondre ses goûts de spectateur à ses goûts de créateur. Alors, en 1976, avec Daniel Boulanger, le co- scénariste de L’Homme de Rio et de La Vie de château, il imagine Police Python 357 avec Yves Montand. France Société Anonyme avait réuni 71 243 spectateurs. Porté par une critique enthousiaste, Police Python 357 totalise 1 464 582 entrées. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne. Corneau et Boulanger se remettent immédiatement à l’écriture pour un nouveau projet avec une fois encore Yves Montand en tête d’affiche. Dans un rôle miroir de celui qu’il vient d’interpréter. Dans Police Python 357, il était un policier chargé de trouver l’auteur d’un meurtre dont tout semblait l’accuser. Dans La Menace, il joue un homme qui s’accuse d’un meurtre qu’il n’a pas commis – celui de sa femme dépressive qui s’est suicidée en apprenant qu’il allait la quitter – pour que sa maîtresse, première suspecte, soit disculpée. Et là encore, le public sera au rendez- vous : La Menace réunira plus d’1,3 millions d’entrées.
Une B.O. signée par un maître du jazz
En grand mélomane, Alain Corneau – dont on commémorera le 30 août prochain les 10 ans de sa disparition – a toujours apporté un soin particulier aux musiques de ses films. Et celle, très réussie, de La Menace ne fait pas exception avec, aux commandes, le grand saxophoniste et pianiste de jazz Gerry Mulligan. Né en 1927 à New- York et disparu en 1996, on a entendu ses morceaux dans de nombreux films, des Tricheurs de Carné à Carol de Todd Haynes en passant par L.A. Confidential de Curtis Hanson et Celebrity de Woody Allen. Mais il ne signera la bande originale que de 4 longs métrages, dont donc les 10 titres de La Menace et l’année suivante celle d’un autre film français, Les Petites galèrse de Jean- Michel Mongrédien en tandem avec l’argentin Astor Piazzolla.
Un César pour Marie Dubois
Un an après les 2 nominations aux César – dont la statuette du meilleur montage décrochée par Marie- Josèphe Yoyotte - de Police Python 357, La Menace se retrouve, lui, nommé à 3 reprises. Dans la catégorie montage, Henri Lanoë doit s’incliner face à Albert Jurgenson pour le Providence d’Alain Resnais. En second rôle masculin, Jean- François Balmer est battu par Jacques Dufilho (Le Crabe- tambour). Mais le César du second rôle féminin est, lui, bel et bien décerné à Marie Dubois qui joue la femme dépressive du personnage d’Yves Montand. Elle s’impose face à Florence Giorgetti (La Dentellière), Valérie Mairesse (Repérages), Nelly Borgeaud et Geneviève Fontanel (L’homme qui aimait les femmes). Ce sera la seule récompense de cette comédienne, révélée trente ans plus tôt dans Tirez sur le pianiste par François Truffaut qui lui trouva son pseudonyme. Et dans la foulée du tournage de La Menace, sa sclérose en plaques – dont elle avait eu les premiers symptômes à 23 ans – se réveillera et la conduira à apparaître de moins en moins souvent sur les plateaux. Alain Corneau réalisera d’ailleurs un film de campagne pour soutenir la lutte contre cette maladie dans lequel elle apparaîtra en en 2001, treize années avant sa mort à 77 ans.
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