NRJ12 relance un cycle Le Labyrinthe, le mardi soir.
A seulement 33 ans, Wes Ball cartonnait en 2014 avec Le Labyrinthe, un film de SF estampillé "young adult", qui enferme une bande de jeunes amnésiques au coeur d'un dédale gigantesque rempli de pièges. Le studio 20th Century Fox a rapidement commandé deux suites au metteur en scène, La Terre brûlée et Le Remède Morte. Quand nous avons rencontré Wes durant l'été 2014, le succès du Labyrinthe n'était pas encore garanti et le réalisateur était en train de terminer son film. Retour sur cet entretien intéressant à l'occasion de la rediffusion de la trilogie. Notez qu'à peine dix ans après la diffusion de cette première adaptation, Le Labyrinthe est déjà en cours de reboot à Hollywood.
Comment as-tu obtenu le job de réalisateur du film ? J’ai fait un court-métrage, Ruin, qui a tapé dans l’oeil de la 20th Century Fox. Le studio m’a demandé ce que je pourrais fait à partir du bouquin Le Labyrinthe, alors je leur ai dessiné des concept art sur le sujet. J’ai dessiné des ruines imposantes sous un soleil de plomb, rongées par la végétation, dans un look un peu SF… Ils ont dit « wow ». En plus, j’ai chiffré assez précisément le budget du film. Comment faire un truc qui ait le plus de gueule possible tout en restant financièrement responsable ? Le budget tourne autour de 30, 40 millions de dollars. C’est rien par rapport aux standards industriels. On a compressé au maximum. A tous les aspects.
Comment ? On n’a pas besoin de 3D ou de pyrotechnie pour faire de l’effet. On a beaucoup utilisé le son pour donner de l’ampleur au labyrinthe. Mon modèle d’utilisation du son c’est Inception. Ce n’est pas un film en 3D mais il a de la gueule, pas vrai ? (rires) Le son, c’est ce qui rend le labyrinthe terrifiant. Le film commence dans le noir complet, et on entend juste des bruits… Comme dans Monsters, qui utilise le son pour faire croire à de gros effets mais sans fric. Après tout, la majorité du film se passe dans un camp dans l’herbe, il s’agissait juste de créer les portes du labyrinthe. Les murs ont été faits en post-production. Normalement, c’est moins cher de tourner en studio. Mais le fait de shooter en extérieur te force à l’efficacité, comme on était complètement dépendants du soleil, on était pressés par le temps. Ca te booste. En studio, tu paresses plus.
Et les passages dans le labyrinthe ? On a tourné sur le parking immense d’un hôtel abandonné qui allait être démoli. Le béton était usé comme il fallait, ça faisait réel.
Si on regarde les blockbusters de SF actuels, la tendance est à la sobriété. C’est vrai. On ne voulait pas d’une direction artistique à la Harry Potter, hyper baroque. L’inspiration visuelle vient des blockhaus de la Seconde guerre mondiale. Mes premiers croquis partaient de l’idée que le labyrinthe avait été utilisé avant, et avait été réapproprié. Je ne suis pas un scénariste ou un écrivain. Je me suis formé avec les effets visuels, et je pars du concept art pour réaliser. Je suis vraiment un technicien. L’ordinateur est mon outil le plus précieux. Aujourd’hui avec des logiciels comme Maya ou Photoshop tu peux faire virtuellement n’importe quoi, et tu peux tout de suite montrer le résultat de la façon la plus visuelle possible. Ce qui est plus parlant que n’importe quel texte.
Quelles sont tes influences ? Je vais partir de la scène type du film : un piège qui se referme sur un personnage - va-t-il y échapper ? Suspense ! J’adore ce genre de gimmick. J’ai essayé d’insuffler dans Le Labyrinthe l’esprit hyper fun des films que je regardais quand j’étais gamin. Les Goonies, Indiana Jones et le Temple maudit… C’est cet esprit old school qui a causé le succès de Gravity, à mon avis : l’impression d’être dans un grand huit. Il faut penser un film comme une grosse attraction.
Et tu fais un premier film young adult, donc. Oui, c’est la tendance, maintenant. Après j’espère qu’on a transcendé le truc, qu’on est allés au-delà. On fait trop de films enfantins. J’espère avoir fait un film pour les enfants, un peu au-dessus de leur âge. Ludique, mature, un peu brutal. Engageant comme un épisode de La Quatrième dimension.
On risque quand même de comparer ton film avec Hunger Games et Divergente. Si on a le même succès, ça me va. (rires). Le problème avec ces films, c’est qu’ils transposent des histoires de lycée dans des mondes de SF post-apocalyptiques. Nous, on refait Sa majesté des mouches. Pas de problématique copain/copine ici. Le film est une métaphore du passage à l’âge adulte.
Honest Trailer du Labyrinthe, alias "Hunger Maze"
Impossible en voyant le film de ne pas penser très fort à une version teenage de Cube de Vincenzo Natali, surtout… Exactement. C’est une de mes grosses inspirations. Non seulement dans le thème de huis clos, de dédale avec des pièges, mais aussi dans le côté mystère et suggestion. On laisse beaucoup de questions en suspens à l’issue du film.
Tu vas réaliser la suite si le film marche ? (NDLR : interview réalisée en juin 2014, avant la sortie du Labyrinthe) Le studio mise beaucoup sur cette franchise. Je suis en train de préparer la suite, de faire des dessins préparatoires qui m’excitent à mort. Des images de la Terre complètement ravagée… Mais rien n’est officiel… Ce qui est excitant c’est que dans les romans on ne parle plus du labyrinthe après. Tant mieux. C’est un concept bon pour un film, mais impossible à développer sur la longueur sans se répéter.
Interview Sylvestre Picard
Cube : pourquoi le film fauché de Vincenzo Natali a si bien vieilli
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