La comédie de Romain Levy n'est pas nommée aux César.
En avril dernier, Première soutenait avec conviction Radiostars, la première comédie de Romain Levy, un jeune auteur passé par Canal+ où il avait fait ses classes aux côtés de Nicolas Bedos, Michael Youn, Omar & Fred ou Jamel. Biberonné comme ses drôles de confrères à l’humour SNL, Romain Levy entendait, modestement mais résolument, ranimer une comédie française atone, dominée par le « pitch », les têtes d’affiche et le formalisme télévisuel. Pas de noms ronflants ni de calembours dans Radiostars, portrait d’un groupe d’animateurs radio lancé sur les routes de la France profonde. De la vulgarité, oui, mais fun et justifiée. Des punchlines inoubliables. Des scènes instantanément mythiques (« la farigoule », l’attaque de l’aigle, la femme du rappeur...). Une troupe d’acteurs au diapason, mélangeant valeurs sûres (Clovis Cornillac, Manu Payet) et révélations (Douglas Attal, Alice Belaidi). Mais surtout, et avant tout, de la modernité. Enfin, une comédie française qui captait l’air du temps, ses vicissitudes chroniques, son langage en mutation et sa musique électro-pop (Rob pour la BOF plutôt que Bruno Coulais, merci). En rassemblant 560 731 spectateurs,Radiostars prouvait qu’il y avait une vie hors de l’énième comédie formatée avec stars rigolotes (hum) interchangeables.
Radiostars fourmilles d'instants de bravoure (critique)
Navets César ?
L’annonce des nominations aux César, c’était certain, allait rendre à Radiostars ce qui appartenait à Radiostars : le dépoussiérage d’un genre qui ne fait pas recettes à tous les coups, comme l’a mis en évidence la récente polémique sur la rentabilité des films français. Patatras ! Aucune (AUCUNE) nomination pour Radiostars, même dans la catégorie « Meilleur Premier Film ». Rien non plus pour Manu Payet, le voleur de scènes de l’année (mémorable dans Les Infidèles, surnageant dans Nous York), ni pour Douglas Attal et Alice Belaidi (seulement présélectionnés comme Révélations ; elle pour Les Kaïra) sur lesquels reposent beaucoup d’espoirs sauf chez les votants des César...
Avec Radiostars, Romain Levy veut "faire bouger les lignes du cinéma populaire français"
Parallèlement à cette non-annonce discutable, Le Prénom obtenait une nomination dans la catégorie reine du « Meilleur Film » - Patrick Bruel arrachant, lui, une nomination comme « Meilleur Acteur ». Cette récompense (c’en est une car l’agréable pièce de théâtre filmée de La Patellière et Delaporte n’a aucune chance face à la concurrence) symbolise la frilosité (l’archaïsme ?) d’un milieu qui dédaigne la comédie mais qui donne malgré tout le change en en désignant une chaque année, si possible consensuelle. L’appel d’air créé par Les beaux gosses(sacré Meilleur Premier Film en 2010) et par le César du Meilleur Acteur attribué l’an dernier à Omar Sy pour Intouchables était un leurre. L’Académie des Arts et Techniques du Cinéma porte bien son nom. Par essence, une Académie impose des règles et usages dont on ne s’écarte pas – sauf exceptions opportunistes. Idéaux kill the Radiostars.
Christophe Narbonne
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