La suite des aventures de Derek et Hansel réchauffe très maladroitement la recette du premier. Smiley triste.
Après un bide spectaculaire en salles au lendemain du 11-Septembre, Zoolander premier du nom a connu une deuxième vie en DVD et s’est offert avec le temps un statut de film culte auprès d’une petite frange d’adorateurs. Totalement passée sous le radar en France, cette comédie flamboyante et jusqu’au-boutiste sur la mode faisait reposer la quasi intégralité de ses gags sur la connerie abyssale de ses protagonistes. Sans jamais rougir de sa propre bêtise.
Quinze ans plus tard, les ex-mannequins Derek et Hansel vivent chacun de leur côté en reclus, après un accident avec le "Derek Zoolander Center For Kids Who Can't Read Good". Mais lorsqu’un mystérieux assassin cible des popstars célèbres, les deux has-been des podiums se rendent à Rome pour reconquérir leur couronne de super mannequins et aider la belle Valentina, de la Fashion Police d’Interpol, à sauver le monde.
Autodérision pour les nuls
Le scénario contient quelques surprises qu’on n’éventera pas ici mais sachez que le plus drôle de ce retour raté est résumé dans la bande-annonce. L’explication est simple : là où Zoolander se moquait avec malice d’un univers de la mode décérébré et hautain, sa suite instaure une connivence un peu malsaine avec le milieu. Chacun fait mine de rire de soi mais tout ça renifle la caricature de petit bourgeois qui ne ne veut surtout blesser personne. De l’autodérision pour les nuls, bien trop confortable pour provoquer le rire.
Zoolander 2 est boursouflé de caméos et de clins d’oeil balourds à destination des fans, qui tuent dans l’oeuf toute tentative de vanne. Pendant près de deux heures, le film court après ce qui déconne sur Internet et dans le monde des médias pop, sans jamais réussir à mettre le doigt dessus. Et après une première moitié où le rythme pèche terriblement, Zoolander 2 passe enfin la seconde mais ne sait du coup plus prendre son temps. Comme si soudain, chaque scène n’existait que dans le but de préparer à la prochaine.
Seuls les personnages d’Hansel (Owen Wilson) et Mugatu (Will Ferrell) peuvent s’exprimer (sans eux, le naufrage serait total) mais ne font finalement que recracher ce qui marchait dans l’original, alors que les nouvelles venues Penélope Cruz et Kristen Wiig sont tout simplement sacrifiées. Pire, Derek Zoolander (Ben Stiller) est devenu assez détestable, comme conscient de sa propre crétinerie. Un type du coup moins con et plus méchant, aux antipodes de ce qu’il était dans le premier film.
Une comédie qui n’atteint jamais son but, trop fière d’exister pour se demander si elle avait une raison de venir au monde. Après des mois d’un marketing tordant, la claque est d’autant plus violente.
Zoolander 2, de Ben Stiller, avec Ben Stiller, Owen Wilson, Penélope Cruz, Will Ferrell… Sortie le 2 mars 2016.
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