Douze ans après Poupoupidou, Gérald Hustache-Mathieu détourne avec malice son polar givré mâtiné d’humour à froid. Sur la trace de l’auteur d’une série de meurtres, Jean-Paul Rouve et Guillaume Gouix replongent. Nous aussi.
« Rewind. Remettre la bande à zéro. Recommencer toute l’histoire », lance Jean-Paul Rouve dans la peau de l’écrivain David Rousseau, dans l’une des dernières scènes de Poupoupidou. Plus de dix ans après la sortie de son film, Gérald Hustache-Mathieu a pris son personnage au mot. Avec Polar Park, le réalisateur se lance dans une surprenante réécriture de son long métrage au format sériel, lui donnant une autre dimension.
Pour ceux qui mettraient pour la première fois un pied dans son univers, le cinéaste compose ici un réjouissant polar décalé, sous influence Twin Peaks mais pas que, où un écrivain et un gendarme font équipe pour confondre un tueur. Son script passe à la moulinette tout un pan de la pop culture, à qui il adresse des oeillades régulières, sans que jamais la série sombre dans la caricature. Pour les autres, qui connaîtraient son premier film sur le bout des doigts, il s’est essayé à un joli exercice de style. Polar Park revisite dans le moindre recoin le film original, en décompose la matrice et reprend au compte-gouttes des éléments de scénario, pour mieux s’en affranchir.
David Rousseau, le romancier en panne d’inspiration, est bien là, toujours sous les traits de Rouve, fidèle au poste. Guillaume Gouix revient en flic du cru, plus fouillé que lors de sa première apparition. Du reste, tout change. Répondant à l’appel d’un moine, Rousseau se retrouve cette fois mêlé à une série de meurtres soigneusement mis en scène qui pourraient bien lui inspirer ce nouveau roman qu’il espère tant signer.
Riche en mises en abîme et jeux de miroirs, Polar Park devient un terrain d’expression jubilatoire pour son réalisateur qui déploie un double jeu de pistes, à destination de ses personnages comme du public qui le connaît déjà un peu. Il triture la matière, la détourne et multiplie trompe-l’oeil et illusions en prenant le contre-pied du film original… jusqu’à jouer avec l’image de leurs interprètes, ou des rôles que l’on pensait connaître. Poupoupidou n’a finalement plus grand-chose de Polar Park et inversement, mais ils prennent une tout autre ampleur l’un à côté de l’autre.
Polar Park sera diffusée les 2 et 9 novembre sur Arte, et déjà disponible intégralement sur Arte.tv
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