La nouvelle mini-série signée Hugo Blick arrive ce soir sur la chaîne cryptée, et raconte la rencontre de deux destinées dans l’Ouest américain.
Un western à mi-chemin entre Sergio Corbucci et Akira Kurosawa. Il n’en faut pas plus pour être convaincu. Avec cette série de 6 épisodes, Hugo Blick signe un tour de force considérable et façonne un récit qui s’amuse à entremêler les destins de ses personnages sur fond de paysage aride. "À 18 ans, on m’a envoyé vivre dans le Montana. On m’appelait ‘The English’. C’était à la fin des années 70 et on pouvait encore sentir dans ces espaces gigantesques le souffle du western," livre le showrunner dans le dernier numéro de Première. Si son nom ne vous dit rien, c’est normal. Acteur de formation mais surtout créateur de mini-séries qu’il écrit et réalise, Hugo Blick s’est essentiellement imposé au Royaume-Uni avec The Shadow Line (2011), The Honourable Woman (2014), et Black Hearth Rising (2018).
Peut-être que The English va permettre aux spectateurs français de découvrir ce réalisateur encore discret. Le pitch ? "Une Anglaise aristocratique, Lady Cornelia Locke, croise en 1890 le chemin d’un ex-soldat de cavalerie Pawnee, Eli Whipp. Ils vont alors traverser ensemble l'Amérique du Midwest, chacun avec une idée précise de leur destin sans être conscient qu'il est enraciné dans un passé commun." Chaske Spencer (mais si, vous savez, le mec de Twilight) est Eli Whipp, qui par sa seule existence incarne cette dualité d’être à la fois amérindien et ancien éclaireur de l’armée américaine. Trop autochtone pour être accepté auprès des soldats de son infanterie, mais pas assez indigène pour être accepté par les siens. Emily Blunt est Lady Cornelia Locke, une bourgeoise en robe rose qui arrive d'Angleterre pour s’installer dans une auberge isolée du Kansas. Robe qu’elle va rapidement troquer contre un habit de combat pour mener à bien sa vengeance : celle de tuer le responsable de la mort de son fils. Autour d’eux, un casting étoilé composé de Rafe Spall, Tom Hughes, Toby Jones et Ciarán Hinds.
"Il y a dans The English une dimension picaresque, grand-guignolesque qu’on peut aussi rapprocher du roman graphique. L’outrance y est naturelle parce que tout ça fait partie d’une sorte de rêve fiévreux. C’est Alice aux pays des merveilles transposé dans l’Ouest de Cormac McCarthy," déclare Bick, qui parvient ici à dépoussiérer le western en y insufflant une pincée de spiritualité, le tout émaillé de fatalité. Tourné près de Madrid, The English donne à voir des paysages écrasants habités par un personnage féminin charismatique dont la rage transperce l’écran, en opposition à la force tranquille d’Eli, « Loup blessé », avec qui elle créée un lien indéfectible. Emily Blunt et son visage ébloui par le soleil n’ont jamais été autant magnétiques (à part peut-être dans Looper), ses yeux n’ont jamais été aussi bleus, et son jeu jamais aussi bon. Car Blunt ne se trompe jamais : elle joue autant avec ses propres émotions qu'avec les nôtres.
Parfois songe chimérique, parfois peinture réaliste qui transpire de cruauté, The English embrasse autant sa violence western que ses moments de poésie pure, pour finalement créer une fable dont la chute heurte son spectateur. Car de cette ambiance pesante qui nous maintient en haleine lors du visionnage en ressort surtout le pressentiment qu’une révélation brutale est sur le point de nous cogner en plein cœur. Et c’est bel et bien le cas.
The English est diffusée à partir du 30 mars sur Canal +, au rythme de deux épisodes par semaine, et sera disponible sur MyCanal.
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