François de Roubaix

Autodidacte, touche-à-tout, avant-gardiste, François de Roubaix réinvente un style musical inédit, devenu culte à titre posthume. La griffe de Roubaix à la signature unique - aussi bien en matière de composition que de sonorités - fait de ce compositeur et directeur musical de films une référence incontournable. Enfant de la balle, François de Roubaix naît le 3 avril 1939 à Neuilly-sur-Seine, d’un père belge (Paul de Roubaix), producteur de films institutionnels et d’une mère italienne, artiste peintre et bédéiste. En 1951, outre son amour pour le cinéma, son père lui fait partager sa passion pour la plongée sous-marine (qui lui coûtera la vie) en Corse. Si son père lui offre l’opportunité de s’essayer au montage et à la réalisation, l’adolescent de quinze ans découvre alors le jazz, et c’est la révélation. Désormais, c’est à travers la musique qu’il se réalisera dans les métiers du cinéma. Il s’essaie alors à plusieurs instruments, dont le trombone, la guitare, ou le piano. Dès 1954, il rejoint le New Orleans College, un orchestre de dixieland créé par Georges Billecard et Michel Fontanes. À vingt ans, François de Roubaix signe sa première composition pour L'Or de la Durance (1959), un court-métrage d'un jeune réalisateur, Robert Enrico, avec lequel il se lie d’amitié. Cette collaboration vaudra à de Roubaix de composer la musique de tous les films du cinéaste. Un an plus tard, Robert Enrico lui confie la musique de son deuxième court-métrage, Thaumétopoéa, puis enchaîne avec Montagnes magiques (1962), Contre-point (1964), ou encore le téléfilm La Redevance du fantôme en 1965. Entre-temps, il épouse Lorraine Morales le 11 novembre 1963, avec laquelle il aura une fille, Patricia (le 8 janvier 1965). En 1966, François de Roubaix signe sa première composition pour un long-métrage, Les Grandes Gueules, toujours du même cinéaste Robert Enrico, sur une adaptation d'un roman de José Giovanni. L’année suivante, sa partition des Aventuriers de Robert Enrico est suivie de la composition de la bande originale de Samouraï de Jean-Pierre Melville. Au cours du tournage de L'Homme orchestre de Serge Korber en 1969, il fait la connaissance de Rosario Luna, sa dernière compagne. Sa notoriété lui vaut d’être interviewé sur France Inter (1970) dans l'émission Le compositeur, cet illustre inconnu : François de Roubaix révèle pour la première fois au public ses explorations musicales et sonores, sa diversification instrumentale et les mariages qu’il aime à créer entre divers instruments. Pionnier en matière de synthétisation de musiques de film, il crée dès 1972 à son domicile l’un des premiers home studios 8 pistes, en étroite collaboration avec son complice de toujours, l’ingénieur du son Jean-Pierre Pellissier. La même année, le double succès cinématographique et musical (partition dont il assure exclusivement l’enregistrement et la production) de La Scoumoune de José Giovanni lui vaut la reconnaissance du public. En 1974, François de Roubaix est à l’honneur à la télévision dans une série documentaire, Les Musiciens de la pellicule. Il y évoque son travail, ses choix, allant même jusqu’à interpréter une composition en direct. 1975 est l’année de consécration avec Le Vieux fusil de Robert Enrico, celle du bonheur avec la naissance de son fils Benjamin, mais aussi année de deuil, fauchant le compositeur en pleine gloire : le 21 novembre 1975, François de Roubaix meurt dans un accident de plongée aux Canaries. En 1976, lui est décerné le César de la Meilleure Musique de film pour Le Vieux fusil, sa dernière création, dont l’originalité laissait pressentir de nouvelles pistes prometteuses. En dix ans d’une courte, mais brillante carrière, il aura collaboré avec toute une génération de grands cinéastes, mais aussi pour le petit écran, avec notamment Chapi Chapo et Les Chevaliers du ciel.