Parmi les images emblématiques de l'histoire du cinéma, il y a celle d'un individu dangereusement agrippé à une horloge fixée sur la façade d'un immeuble. Mémorable, cette tentative audacieuse et illusoire d'arrêter le temps est celle d'Harold Clayton Lloyd dans Safety Last (Monte là-dessus) réalisé par Fred C.Newmeyer et Sam Taylor. Pourquoi est-il, aujourd'hui, le moins connu du trio de stars comiques du cinéma muet qu'il formait avec Charlie Chaplin et Buster Keaton ? Peut-être parce qu'il était, dans la vie, le plus discret et le plus réservé des trois.Harold Clayton Llyod est le second fils de James Darsie Llyod, pasteur protestant et Elizabeth Fraser. Il a grandi beaucoup plus attaché à son père libre, chroniquement sans emploi qu’à sa mère dominatrice. Il s'intéresse dès son plus jeune âge au théâtre. Il suit des cours d'art dramatique à la San Diego Dramatic School et débute sur scène à douze ans et au cinéma à vingt ans. En 1913, il figure dans un rôle d'indien pour un court métrage de J. Searle Dawley. Mais, c'est sous la direction d'Hal Roachqu'il se fait connaître en interprétant un personnage, souvent anonyme The Boy, assez proche de Charlot. Il finit par trouver son identité à l'écran, celle d'un maladroit entraîné malgré lui à exécuter des acrobaties insensées, qu’il réalise lui-même.Par la suite, il joue dans les films sur Willie Work, notamment Willie Runs The Park (1915) avec Jane Novak et Just Nuts (1915) et la série des Lonesome Luke”de 1915 à 1917. Les traits spécifiques de son personnage comique sont représentés par un jeune homme à lunettes, la tête dans les étoiles avec un air réjoui, à la limite du ridicule.Au moment où sa carrière prenait de l’altitude, plus exactement le 14 août 1919, il est victime d'un grave accident dans lequel il perdit deux doigts (le pouce et l’index) de la main droite. Depuis cette date et pour cacher son infirmité, il est contraint de porter une prothèse et un gant couleur chaire. Cependant, il poursuit sa carrière aux côtés des actrices Mildred Davis et Jobyna Ralston avant de fonder sa propre maison de production : Harold Lloyd Corporation. Il tourna dans les années 1920 une série de succès parmi lesquels le fameux Safety Last !, Why Worry ? et The Freshman. On sait moins qu'il était simple figurant dans la seconde version cinématographique de Ben-Hur en 1925, avec l'immigré mexicain Ramon Novarro dans le rôle titre. En revanche, à la suite d’un de ses films les plus réussis, l’Etudiant, il mettra un terme à sa collaboration avec Hal Roach qui s’avèrera trop gourmand. En 1926, il conclura un contrat avantageux avec Paramount.Occasionnellement producteur, il a participé, sans en être systématiquement crédité, à l'écriture de Grandma’s Boy et à la réalisation de six films. Co-fondateur de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), il possédait à Beverley Hills une modeste maison baptisée GreenAcres de quarante-quatre pièces, vingt-six salles de bain, douze fontaines et autant de jardins (inscrite au National Register of Historic Places). Le personnage à lunettes joué à l'écran par Harold Lloyd a, en partie, inspiré celui de Clark Kent, alias Superman, créé en 1934 par Joe Shuster et Jerry Siegel. Le 10 février 1923, il épouse l'actrice Mildred Davis (1901-1969) jusqu'à son décès le 18 août 1969. Ils eurent deux enfants : Gloria (1923) et Harold Jr (1931-1971), ce dernier décéda deux ans après sa mère. Il était homosexuel. Il faut savoir aussi que le couple adopta en 1930 une petite fille, Gloria Freeman (1924-1986), rebaptisée Marjorie Elizabeth Lloyd et plus connue sous le nom de Peggy. Dans les années 20, il fut l'un des acteurs comiques les plus populaires. Pourtant, il rencontre des difficultés face à l'avènement du parlant. Au cours de sa carrière, il aura tourné dans 207 films, un épisode de série télé, a produit 15 films, écrit 7 scénarii et réalisés 7 autres, entre 1913 et 1963 !!Sa dernière apparition à l'écran remonte à 1947, dans The Sin of Harold Diddlebock de preston Sturges, dans lequel il interpréte le rôle principal pour lequel il fut nominé pour les Golden Globes de 1951 (récompense finalement attribuée à Fred Astaire). Toutefois, les Academy Awards lui décernèrent, en 1953, un Oscar d'honneur pour l'ensemble de son oeuvre. En 1961 et 1963, il réalise deux excellents montages de ses précédents films. A la fin de sa vie, il est élu Président de la Chambre de Commerce de Beverley Hills et de la Hollywood Bow Association.Parmi ses plus grands films, on retrouve Rien Ne Va Plus (1919) avec Bebe Daniels et Snub Pollard, De La Coupe Aux Lèvres (ou La Vertu Récompensée) (1919) avec Mildred Davis, Le Manoir Hanté (1920), Le Voyage Au Paradis (1921), Le Talisman De Grand-mère (1922), Faut Pas S'en Faire (1923) avec Jobyna Ralston, Une Riche Famille (1924) ou encore Vive Le Sport (1925).Harold Lloyd est décédé le 8 mars 1971 d'un cancer de la prostate à Los Angeles, en Californie. Il a été un acteur, réalisateur et producteur de cinéma burlesque américain. A la différence de Charlie Chaplin et de Buster Keaton, son personnage comique est un jeune homme plutôt équilibré, intégré, romantique et bosseur.
