Rithy Panh est un scénariste et réalisateur cambodgien né le 18 avril 1964 à Phnom Penh, capitale du Cambodge. Il est célèbre pour ses films Les gens de la rizière, La Terre des âmes errantes, S21, Le papier ne peut pas envelopper la braise et L'Image Manquante.
Quatre ans après l'arrivée des Khmers rouges de Pol Pot au pouvoir, Rithy Panh décide de fuir son pays natal, refusant de faire partie des plus d'un million et demi de victimes du régime totalitaire. Il n'est alors âgé que de 15 ans. Il trouve refuge en Thaïlande, avant de s'installer en France à partir de 1980. Il commence alors sa formation dans l'audiovisuel au sein de l'Institut des Hautes études cinématographiques (IHDEC), jusque là dirigée par Louis Daquin. A vingt-et-un ans, Rithy Panh décroche son diplôme et débute dans le métier.En 1988, il signe un premier court-métrage intitulé Le Passé imparfait. L'année suivante, le jeune réalisateur débutant dévoile un documentaire, le premier d'une série de films consacrés au Cambodge et son passé douloureux, qu'il baptise Site II - Aux abords des frontières. Le film est centré sur les camps de réfugiés cambodgiens.
Premiers films, premières récompenses
Rithy Panh s'intéresse par la suite au cinéaste malien Souleymane Cissé en lui dédiant un numéro de la collection Cinéma de notre temps, avant de replonger dans sa culture natale avec Les Gens de la rizière. Il se penche dans ce dernier sur la vie d'une famille pauvre cambodgienne qui sera présenté en compétition officielle du Festival de Cannes, en 1994.En 1995, il est nommé co-responsable de l’Atelier Varan au Cambodge. Cette même année, il réalise un nouveau documentaire, The Tan’s Family, suivi en 1996 par Bophana, une tragédie cambodgienne. Le film relate l'histoire d'un couple de cambodgiens torturé et exécuté au plus fort de la répression Khmère rouge. L'idée est née de la découverte de Panh de documents appartenant à cette jeune épouse et de lettres échangées par les conjoints alors qu'ils étaient séparés par les combats. A sa sortie, le cinéaste reçoit le prix Planète Câble au F.I.D.Marseille.En 1997, Rithy Panh signe la comédie dramatique Un soir après la guerre. Elle sera présentée a Un Certain Regard, au festival de Cannes. Dans ce film, un boxeur et une prostituée tentent de se défaire de leur passé marqué par les exactions des hommes de Pol Pot. La même année est projeté 10 films contre 110 000 000 de mines, son deuxième court-métrage. Il sera suivi d'un long, Van Chan, une danseuse cambodgienne en 1998.
Panh et l'histoire du Cambodge
Après La Terre des âmes errantes, un documentaire sur l'existence misérable des ouvriers travaillant sur les réseaux de câbles de fibres optiques reliant l'Asie au Vieux Continent (Prix Spécial TV5 pour le Meilleur documentaire à Namur), Rithy Panh dévoile Que la barque se brise, que la jonque s'entrouvre en 2000. Cette production télévisée franco-cambodgienne raconte l'histoire d'amour liant une survivante de l'oppression Khmère rouge à un chauffeur de taxi vietnamien et la recherche par la fille de la première du passé familial.Rithy Panh signe ensuite l'un de ses plus grands succès, si ce n'est l'œuvre-phare de sa production cinématographique : S21, la machine de mort Khmère rouge. Coproduit par Arte France et l'Institut National de l'Audiovisuel, ce film documentaire sorti en 2003 a pour cadre le musée du génocide S21. Ce bâtiment abritait vers la deuxième moitié des années soixante-dix un lycée réquisitionné par les Khmers rouges pour détenir, torturer et exécuter leurs prisonniers (17 000 au total). Le réalisateur y donne la parole à deux survivants des années noires traversées par Phnom Penh ainsi qu'à leurs tortionnaires. Ce document saisissant entraîne une véritable moisson de récompenses, près d'une dizaine en tout. On peut citer notamment La Plaque d'Or pour le Meilleur documentaire au festival International du Film de Chicago, l'International Human Rights Film Award à Nuremberg, le prix François Chalais au Festival de Cannes ou encore le Prix Humanitaire pour le Meilleur documentaire au Festival International du Film de Hong-Kong.
Un réalisateur multi-primé
Rithy Panh revient sur la Croisette hors compétition en 2005, avec le film Les Artistes du théâtre brûlé. En 2006, Rithy Panh reçoit le Prix Scam pour l'ensemble de son œuvre, une année après avoir conçu ce documentaire. Les protagonistes en sont sont des défenseurs des arts du spectacle cambodgiens qui n'ont plus d'espace d'expression après la destruction des infrastructures culturelles du pays par les Khmers rouges.Les distinctions sont encore au rendez-vous en 2007, à l'issue des premières projections du film Le papier ne peut pas envelopper la braise. Ce documentaire narrant le quotidien tragique de prostitués cambodgiennes récolte le Fipa d'Or dans la catégorie Documentaires de création et essais au Festival International des Programmes Audiovisuels.René Clément avait réalisé Barrage contre le Pacifique en 1958. Cinquante ans plus tard, Rithy Panh reprend ce drame et présente Un Barrage contre le Pacifique, où il met en scène Isabelle Huppert et Gaspard Ulliel dans le portrait d'une famille française vivant en Indochine lorsque celle-ci était encore colonie française dans l'entre-deux-guerres. Le récit est une adaptation du roman éponyme de Marguerite Duras.Panh milite aussi avec sa plumeRithy Panh est l'auteur de deux ouvrages. Le premier, La Machine khmère rouge: Monti Sansétok S-21 est co-écrit avec Christine Chaumeau et paraît en 2003 aux éditions Flammarion. Le second est distribué par Grasset et mis en vente dès avril 2007 sous le titre éponyme du film Le papier ne peut pas envelopper la braise. Acteur également, il joue dans Holy Lola de Bertrand Tavernier. Et lors du 60ème anniversaire du Festival de Cannes, il reçoit le prix France Culture 2007.Il est en outre à l'origine du Centre Bophana de Ressources Audiovisuelles du Cambodge, fondé le 4 décembre 2006 et rassemblant les documents retraçant l'histoire du génocide cambodgien.Côté cinéma, après avoir sorti le documentaire Duch, le Maîtres forges de l'enfer en 2012 (film nommé au César du meilleur documentaire en 2013), Rithy Panh se rend une fois encore au Festival de Cannes en 2013 pour présenter son film L'Image Manquante dans la sélection Un certain regard. Le film est nommé au César du meilleur documentaire en 2016.