Ce sont les labels Chain Reaction puis Mille Plateaux / Force Inc. qui révèlent Thomas Köner au milieu des années 90. A l'époque il s'illustre avec Andy Mellwig (Experimental Audio Research) sous le nom de code de Porter Ricks. Ils apportent une pierre de plus à l'édifice de la techno minimale et dubby qui se construit en Allemagne. Trois maxis précèdent un premier album, Biokinetics qui paraît en 1996. Souffle, pulsation mate de la rythmique, "redondances" et variations électroniques : ils sont vraiment dans le ton des productions de Maurizio. Deux autres albums suivront, dont une collaboration avec Techno Animal, Symbiotics, qui marque la fin de cette aventure en 1999. Ce projet a contribué à jeter un éclairage particulier sur ses travaux solo qu'il mène depuis 1990. En fait, Thomas Köner se définit non pas comme un musicien mais comme un artiste multimédia. Il a pourtant une formation très classique : Conservatoire de Musique de Dortmund après avoir appris et joué du piano, du violon et du sax durant son enfance à Bochum, ville où il est né en 1965. Après, il poursuit des études musicales, version électroniques, au CEM Studio à Arnhem... Mais il a une vision plus globale de la musique. Professionnellement, il a notamment travaillé en tant qu'ingénieur du son pour RuhrSound. Un studio de post-production pour le ciné et la télé. Artistiquement, il s'est très tôt intéressé à l'image, aux ciné-mixes sur des films muets et aux installations sonores. Les plus grands musées européens lui ont commandé des pièces (en particulier Le Louvre et La Biennale de Venise). Musicalement, Thomas Köner est catalogué dans l'ambient environnemental, voire "isolationniste"; bien que ce terme forgé par le journaliste-musicien Kevin Martin pour décrire des ambiances assez spartiates (cf. Ambient 4 : Isolationism) soit postérieures à ses premiers faits d'arme. Au delà de ces étiquettes, ses compositions froides et climatiques se réfèrent, comme certaines réalisations de Biosphere par exemple, au Grand Nord et aux Esquimaux : Nunatak Gongamur (pochette blanche avec la silhouette d'un homme et de ses chiens de traîneau), Teimo, Permafrost etc. Mais ce qui surprend, c'est le contraste entre cet enracinement dans un univers désertique, à la blancheur immaculée, et la sonorité très dark de ses morceaux qui se dissolvent dans la durée. Ses dernières productions reposent sur ce genre de trame mais Thomas Köner y surajoute des collages, des lectures de textes, des field recordings, des éléments "radiophoniques" (Zyklop en 2003, des "topographies sonores" commanditée par Radio France et [people]Yann Beauvais de Lightcone) ou"vidéographiques" (Nuuk doublé d'un DVD en 2004 sur MillePlateauxMedia). De l'ambient cinématographique, finalement...