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Le rôle de Verbal Kint reste l'une des performances les plus iconiques de Kevin Spacey, oscarisé pour le film de Bryan Singer, diffusé ce soir à 22h55 sur France 4.

Au panthéon des plus grands twists de l'histoire du cinéma, Usual Suspects trône encore en bonne place, tant le script tortueux de Christopher McQuarrie avait à l'époque subjugué les spectateurs. L'histoire (à tiroirs) de ce groupe de malfrats aux ordres de l'énigmatique Keyzer Söze reste plus de vingt ans après sa sortie en salles l'un des thrillers les plus emblématiques de son époque, en grande partie grâce à l'interprétation de Kevin Spacey, sacré par l'Oscar du meilleur second pour son interprétation du malfrat infirme Verbal Kint.

Révélé à la fin des années 1980 par le regretté Mike Nichols, Kevin Spacey est à l'époque en pleine ascension à Hollywood grâce à ses prestations dans Glengarry Glen Ross puis dans les dernières minutes de Seven de David Fincher. Usual Suspects achèvera de faire de lui une star hollywoodienne de premier plan, pavant la voie de tous les futurs grands rôles de l'acteur, du père de famille envoûtée par la lolita d'American Beauty au vénéneux et charismatique Frank Underwood de House of Cards.

Le tour de force scénaristique d'Usual Suspects (que l'on ne dévoilera pas pour les quelques dernières personnes à ne pas le connaître encore) repose en grande partie sur les épaules du volubile Verbal Kint, aussi docile et doucereux que fuyant et énigmatique face à l'enquêteur Dave Kujan, interprété par Chazz Palmintieri. Une dualité qui requiert un travail de précision, sur lequel est revenu en longueur l'acteur lors de son passage sur le plateau de l'émission Inside the Actors Studio en 2000, soit cinq ans après la sortie du film de Bryan Singer.

Face au journaliste et écrivain James Lipton, Spacey revenait dans le détail sur la genèse de son personnage, et sur la difficulté de faire reposer un twist aussi crucial sur ses épaules sans que le spectateur ne se doute de rien à aucun moment.

"L'aspect du film que je trouve le plus fascinant du point de vue du storytelling, c'est que la vérité est en face de vous depuis le début. Le défi, c'est donc d'être vrai et honnête, d'arriver à ce niveau juste en-dessous de la surface afin qu'au moment où la vérité reprend le dessus, la réaction ne soit pas juste : 'Hein ?'. Verbal est à la surface quelqu'un de très doux, de très faible, de très timide, quelqu'un d'aisément manipulable ou du moins qui semble l'être".

Sur le tournage du film, Kevin Spacey travailla son rôle avec une application digne du method acting : pour travailler son infirmité physique, l'acteur se fit coller les doigts à la glu et fit limer ses chaussures pour renforcer sa démarche boiteuse. Une application qui ne fut cependant pas incompatible avec ce qu'il souhaitait insuffler au personnage de Verbal Kint : "L'astuce, c'est de faire croire que votre spontanéité n'est pas quelque chose de réfléchi. Ce que je voulais par-dessus tout, c'est que le public ressente exactement la même chose que ce que j'ai ressenti la première fois que j'ai lu le script. Ça implique de tout déconstruire, de tout révéler, d'en comprendre tous les aspects, autant que vous le pouvez. Pas au point de détruire toute forme d'instinct, mais d'essayer de revenir à cette sensation. Tout cela pour que le public puisse aussi vivre cette incroyable révélation, ce moment de joie, de peine ou tout ce que j'ai pu ressentir la toute première fois que j'ai lu le script".

Pour sa prestation, Kevin Spacey remporta l'Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, battant cette année-là James Cromwell (Babe), Ed Harris (Apollo 13), Brad Pitt (L'armée des douze singes) et Tim Roth (Rob Roy). Un Oscar qui, selon l'acteur, lui arriva comme par surprise : "Je pensais qu'Ed Harris allait gagner. Pas juste pour son rôle, mais pour son travail corporel".

L'histoire d'Usual Suspects : A New-York, la police a arrêté cinq gangsters, Keaton, Kint, Mac Manus, Fenster et Hockney, dénoncés anonymement et connus de ses services, suspects d'avoir détourné un camion d'armes. Relâchés, les cinq hommes s'allient, dévalisent les taxis new-yorkais, puis s'envolent pour Los Angeles où leur receleur Redfoot leur propose une autre affaire. Mais celle-ci finit dans le sang du joaillier texan attaqué. Redfoot avoue qu'en fait les ordres viennent de l'anglais Kobayashi, lui-même soumis à un mystérieux Keyser Söze, qui a imaginé de les réunir dans les locaux de la police, car chacun d'eux lui devait de l'argent. Pour régler cette dette, Söze leur demande de détruire un bateau bourré de cocaïne. Une fusillade meurtrière avec explosion tue une partie de la bande. 


Usual Suspects est diffusé ce soir à 22h55 sur France 4.