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Un an après Django Unchained, de Quentin Tarantino, la question noire alimente à nouveau le débat critique. Cette fois, pas de polémique en vue : le « récit d’esclave » de Solomon Northup, dont le film est l’adaptation, ne souffre aucune contestation possible. Militant de l’appropriation exclusive de la cause noire par les Afro-Américains, Spike Lee l’énervé ne pourra pas, lui non plus, mettre son grain de sel puisque 12 Years a Slave est réalisé par un homme de couleur – britannique, certes. On peut donc apprécier, l’esprit « tranquille », ce récit-fleuve pour ce qu’il est réellement, à savoir un compte rendu circonstancié et cru de la vie des esclaves dans les plantations de coton au cours du XIXe siècle. Disons-le tout net : l’expérience est traumatisante. Spécialiste des sujets dérangeants (le radicalisme politique dans Hunger, l’addiction au sexe dans Shame) qu’il met en scène sans filtre et avec une volonté forte de démystification, Steve McQueen a appliqué le même traitement à cette sinistre aventure, aussi intime que collective. Un plan du film résume sa démarche : « coupable » de s’être opposé physiquement à un contremaître blanc qui voulait le tuer, Northup (Chiwetel Ejiofor) est laissé pendu à une corde avec juste ce qu’il faut d’adhérence au sol pour que, sur la pointe des pieds, dans la boue, il ne meurt pas tout de suite. McQueen filme cette scène éprouvante en un plan-séquence fixe et large. Au début, Northup occupe seul le centre de l’écran, où il se débat au prix de sautillements insoutenables, puis l’image se remplit d’esclaves, les uns vaquant à leurs occupations, les autres (des enfants) jouant et riant. Tous les enjeux du film sont contenus dans cette scène-clé, qu’il s’agisse de la cruauté des Blancs considérant les Noirs comme des biens périssables, ou de la passivité – proche de la sidération – d’une population soumise à la pire exploitation de l’homme par l’homme. Si le réalisateur condamne en bloc un système, il nuance son point de vue à propos des individus qui le composent. Chrétien fervent, suspect d’humanisme, le premier maître de l’esclave choisit l’inertie au lieu de l’action. Est-il meilleur que l’horrible Epps, malade dont l’attirance culpabilisante pour sa « meilleure ouvrière » se transforme en hyperviolence ? Et que dire de l’indifférence de Northup envers ses semblables maltraités (un subtil flash-back en fait état), lorsqu’il était un homme libre ? Cousin américain de Vénus noire par son objectivité relative, sa factualité froide et son profond désir de résilience, 12 Years a Slave regarde le passé droit dans les yeux et les lui fait baisser
Toutes les critiques de 12 Years a Slave
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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12 Years a Slave est un film puissant qui évoque des émotions fortes. Qui tire cette puissance de ses comédiens et de son contexte historique fort et évocateur, et qui est maintenu en une unité homogène crédible par un réalisateur en plein contrôle. C'est, avec La vie d'Adèle, le meilleur film de l'année.
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Ce film provoque en nous de la compassion, on réalise que l’inimaginable a existé.
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Tout en condamnant un système, le cinéaste virtuose ne veut pas juger. La lâche passivité d’un propriétaire vaut-elle mieux que la cruauté hystérique d’un autre ? La mise en scène, à la sobriété brutale, laisse la part belle à ses acteurs, tous d’une formidable justesse : Chiwetel Ejiofor, remarquable de courage, Michael Fassbender révoltant de folie et de sadisme, et la jeune Lupita Nyong’o bouleversante de détresse. Steve McQueen nous oblige ici à regarder bien en face les atrocités dont l’homme est capable.
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Pas de mélodrame, pas de tire-larmes, l'émotion à l'état brut, dans la mousseuse torture des champs de coton de la Louisiane.
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12 years of a slave est très pénible à regarder, pourtant c’est l’histoire vraie et tragique d’un homme ainsi que l’histoire de milliers d’autres personnes.
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La performance de l’acteur Chiwetel Ejiofor est absolument bouleversante du premier au tout dernier plan. Mais il faut le dire, ce n’est pas un film facile à regarder, parce que Steve McQueen aime
traiter son sujet droit dans les yeux. Il filme la question de l’esclavage de face et celle de la violence sans détour, avec des séquences de torture presque en temps réel, menées par un propriétaire sadique et malade joué par le grand Michael Fassbender qui, ici, est tout sauf séducteur. -
Brutal et sublime à la fois, il pousse les spectateurs à affronter une réalité qui a existé.
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De cette histoire vraie, publiée en 1853 aux Etats-Unis sous forme d’un journal vécu, aucun fi lm n’a jamais été adapté. C’est chose faite avec le troisième long-métrage du Britannique Steve McQueen qui, depuis Hunger (2008) puis Shame (2011), interroge l’homme contraint, que ce soit par lui-même ou par les autres. On retrouve face à la force stoïque de Chiwetel Ejiofor, acteur éblouissant, le venin dont Michael Fassbender accompagne certaines de ses compositions les plus talentueuses. Au-delà du nécessaire message à rappeler haut et fort, 12 Years a Slave est un immense film.
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Un des films les plus courageux de l’année.
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"12 years a slave" est une impressionnante fresque sur la liberté. Chiwetel Ejiofor est formidable dans le rôle principal, entouré notamment de Michael Fassbender et Brad Pitt.
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Difficile à regarder mais impossible de détourner le regard non plus.
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Un an après Tarantino et son Django Unchained, le cinéaste revient sur cette page sinistre de l’Histoire américaine. Ici, la violence n’a rien de spectaculaire, le show n’est pas de mise. Seule l’autopsie au scalpel de ce système totalitaire importe. Elle fait froid dans le dos et laisse la gorge serrée.
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On ne ressort pas indemne de cette longue descente aux enfers, qui donne à méditer.
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Ce n’est pas seulement un médicament désagréable à avaler pour l’Amérique, c’est surtout une réalisation de la plus grande envergure.
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D’autres films et livres sur ce thème ont déjà vu le jour mais aucun d’entre eux n’ont bénéficié d’une aussi grande précision.
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"12 Years a Slave" n'a rien d'une jérémiade ni d'un constat kafkaïen de déréliction, c'est une étude de la résistance à l'injustice la plus intolérable, l'épopée modeste d'une liberté reconquise.
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Il faut tout de même dire quelques mots du talent de cinéaste de McQueen, capable de plans-séquences d’une intensité exceptionnelle – avec, entre autres, quelques mémorables scènes de gospel ou de torture. Certes, son cinéma reste d’un évident classicisme, auquel on pourrait reprocher une certaine linéarité – et, sans doute aussi, l’agaçante musique de Hans Zimmer. Mais il aura tout de même réalisé, avec ‘Twelve years a slave’, le grand film contemporain sur la question de l’esclavage. Qui, jusqu’ici, manquait manifestement.
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Une jouissance d'esthète.
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Un film qui marque au fer rouge.
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Absolument remarquable.
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12 YEARS A SLAVE refuse tout sentimentalisme et, paradoxalement, y gagne une force émotionnelle exceptionnelle : comme cette fureur qui contamine chaque plan sans jamais s’extérioriser totalement, les larmes du spectateur restent sèches. Jamais ne parviendraient-elles à atténuer les émotions suscitées par le film. L’expérience de cinéma proposée par Steve McQueen est douloureuse, insoutenable. Lorsque Solomon Northup (incarné par un Chiwetel Ejiofor extraordinaire) plonge ses yeux dans ceux du public en un regard caméra d’une beauté indicible, McQueen ne se pose même pas en accusateur. Tout juste rappelle-t-il qu’à défaut de nous juger, l’Histoire nous observe pour nous éviter de réitérer ces horreurs passées, pour nous encourager à corriger celles du présent.
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On ne peut qu’acclamer un film si unique dans son genre.
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Douze années d’un calvaire innommable contées ici avec le réalisme et l’intensité auxquelles Steve McQueen, le réalisateur de Shame et de Hunger, nous a habitués, et qui font de ce film un témoignage plus que gagnant : nécessaire.
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Ce film marquera évidemment les esprits car il reste un choc quoi qu’on en pense. En tout cas, le film a le mérite de proposer un regard différent sur cette histoire de l’Amérique et n’a pas peur de concrétiser la souffrance. Un grand film !
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Steve McQueen montre avec réalisme toute la cruauté des planteurs de coton.
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Les sévices, les coups et les spoliations que subissent les âmes et les corps de ces hommes nous broient littéralement. Au final, il est difficile de parler d’un beau film tant le résultat vendange les entrailles par son réalisme criant et son refus constant de la sensiblerie.
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Libre, un Noir est enlevé et exploité douze ans comme esclave. S’emparant de l’autobiographie de Solomon Northup, Steve McQueen prolonge la veine de Hunger et Shame, tout en signant le brûlot qui permet à l’Amérique de regarder son histoire en face.
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Après Django déchaîné, de Quentin « fuck the history » Tarantino, et Lincoln, de Steven « God bless America » Spielberg, c'est au tour de Steve McQueen, (...) de réaliser un film touchant à l'esclavage. (...) Son propos est plus âpre et plus réaliste que fabulesque ou apologétique. En d'autres termes, McQueen a fait le voyage aux Etats-Unis avec ses armes personnelles, dont on sait que pour être moins ludiques que celles de maître Quentin et moins romantiques que celles de maître Steven, elles n'en sont pas moins efficaces.
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Steeve McQueen donne des raisons d’espérer en filmant la solidarité entre esclaves et la détermination d’un homme qui, enchaîné, humilié et torturé, a gardé en lui pendant douze ans la force de recouvrer sa liberté.
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En adaptant le roman autobiographique de Solomon Northup (éd. Michel Lafon), le cinéaste anglais nous livre une œuvre forte et pleinement maîtrisée où il utilise avec efficacité son talent pour retranscrire la souffrance humaine. Enfants arrachés à leurs mères, séances de fouet insoutenables, sans oublier les abus sexuels car, pour les maîtres, la propriété c’est le viol. Coproduit par Brad Pitt, qui fait une courte apparition, ce film peut décevoir par son écriture cinématographique un peu trop convenue, disons moins originale que les œuvres précédentes de McQueen.
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un film coup-de-poing, loin des images d'Épinal et des visions édulcorées des plantations de coton dans le Sud. Sans complaisance, mais sans détourner non plus le regard, le cinéaste filme torture et horreur (...)
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Le réalisateur surdoué du dérangeant Shame signe un biopic intense et romanesque, inspiré d’une histoire vraie.
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Le martyre d'un Noir vendu comme esclave en Amérique, juste avant la guerre de Sécession... Film lyrique et spectaculaire où l'on retrouve, dans la mise en scène, le style de l'auteur de "Hunger" et de "Shame". Superbe interprétation...
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Ce film pointe du doigt et remet en cause d’une manière juste toute la cruauté dont l’être humain est capable.
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Twelve Years a Slave de Steve McQueen a créé une onde de choc aux Etats-Unis. La vie de Solomon Northup, homme libre kidnappé et vendu comme esclave dans l’Amérique de 1841, a bouleversé les spectateurs.
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12 Years a Slave est un film qu'il vaut mieux aller voir lors d'une soirée calme, histoire de bénéficier du temps et de l'espace nécessaires afin de laisser tout cela s'imprégner. Croyez-moi, ce sera nécessaire... Un film à ne pas rater.
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La maturité filmique de McQueen est toujours aussi saisissante. Dans un registre plus “classique” (plus Oscars) que ses précédentes œuvres, le cinéaste n’en explore pas moins avec toujours autant de brio ses thèmes de prédilection.
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A côté de cette maestria, on regrette l'écriture sans nuances de certains personnages et trop de dialogues signifiants. Décidément, McQueen préfère les images aux mots.
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McQueen obtient sur la durée un vrai malaise. Tout circule, tout y est montré, dénoncé : le voyeurisme, la passivité, l'indifférence, l'exploitation, l'obscénité, la cruauté ordinaire etc. On est bien loin de la fresque académique, policée. Et, en même temps, il y a un tour de force ostentatoire, une volonté de s'afficher en grand cinéaste rétif aux normes et aux conventions, au-dessus de ce qu'il doit filmer.
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McQueen signe un film complaisant et déroutant.
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Après un premier film sur l'enfermement carcéral, Hunger, un deuxième sur l'addiction sexuelle, Shame, c'est un autre thème fort que choisit de développer Steve McQueen dans 12 Years a slave, l'esclavage. Il nous prouve ainsi qu'il est un virtuose de la mise en scène, mais ceci au détriment du thème qu'il ne parvient jamais à s'approprier, jusqu'à se tourner parfois vers le cliché.
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McQueen a pris le parti de faire de cette addition d’horreurs l’exclusif argument de son réquisitoire. Cette virulence rageuse finit par occulter involontairement une dimension essentielle. L’ignominie de l’esclavage est tout entière contenue dans son caractère institutionnel, dans le fait qu’il répondait à des besoins économiques précis. Le droit des planteurs à disposer des individus à leur guise, pour se remplir les poches ou pour assouvir leurs pires pulsions, en est la conséquence.
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Le filmage est si conventionnel qu’on s’attend à trouver le nom d’un artisan hollywoodien au générique.