Au sein d’un cinéma français formaté, Albert Dupontel fait office de tornade salutaire. Un comique démolisseur dont le burlesque énervé fait péter les coutures du bon goût. Dans le genre, 9 Mois ferme, c’est du brutal. Son personnage borderline, son énergie, ses références (Buster Keaton et Tex Avery) passées à la centrifugeuse trash composent une forme de slapstick sous acide réjouissant. L’idée de génie est d’avoir placé Sandrine Kiberlain au coeur du dispositif. Elle décroche enfin son grand rôle comique, véritable mécanique de précision, contrepoint frigide à une partition foutraque. Foutraque mais pas vaine car, comme toujours, derrière la caricature survoltée, Dupontel pose son regard sur la société. Ici, c’est la justice qui prend cher. On peut lire le film comme une version folle de 10e Chambre – Instants d’audiences, de Raymond Depardon, avec ses magistrats aveugles et ses fonctionnaires impuissants ou à côté de la plaque. La farce n’a alors plus d’égale que la vérité