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Dans Fragile, Emma Benestan lâchait Oulaya Amamra au milieu d’une bande de mecs sous le brûlant soleil de Sète. Si les prémices d’Animale sont identiques – même actrice, en femme parmi les hommes, endurant la chaleur du sud de la France – l’atmosphère ne pourrait être plus différente. Ici, loin de l’ambiance farniente de son premier film, machisme et patriarcat sont de mise : Nejma navigue le milieu très masculin de la course camarguaise. Un soir de fête avec ses potes, après avoir hurlé des chants paillards et s’être ingurgitée une bouteille de vodka, c’est le black-out. Son corps meurtri au réveil l’amène à se questionner sur ce qu’il s’est passé cette nuit-là. Un twist qui n’en est pas vraiment un, puisque la nature sexuelle du traumatisme se devine rapidement. Choix périlleux que de s’emparer du rape and revenge pour toucher du doigt le politique, mais la réalisatrice s’en sort en décalant le curseur loin des habituelles représailles sexy et expéditives. Surgit alors au milieu des taureaux une bête plus féroce encore, la femme vengeresse, dont le corps subit une métamorphose animale titanesque à mesure que le traumatisme se révèle à elle. Un poncif du récent cinéma de genre qui donne forcément un film d’un air de déjà vu mais, parallèlement, l’élève en un western fantasmagorique dont l’atout majeur réside dans la construction d’une atmosphère irriguée du folklore camarguais. Et Oulaya Amamra au milieu de tout ça, monstrueuse de talent.