-
Il était inévitable que les deux Angelina Jolie se rencontrent un jour : la femme engagée (ambassadrice pour le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) et l’icône glamour. Elle prend néanmoins tout le monde à contre-pied avec ce premier film sans stars et en langue serbe/bosniaque, qu’elle a entièrement écrit et derrière lequel elle s’est sagement effacée. Entre Romeo et Juliette et Portier de nuit, entre la tragédie classique et le huis-clos sadien, Au pays du sang et du miel aborde le conflit bosniaque par l’esquive mais avec une certaine hauteur. La tragédie de Danijel et d’Ajla, c’est, métaphoriquement, celle de tous les pays déchirés par la guerre civile : difficile de (se) reconstruire quand le sang et les larmes ont coulé avec une telle violence et dans un tel déni d’humanité. À travers le personnage de Danijel et de quelques autres, Jolie s’emploie à ne pas mettre tous les Serbes dans le même panier comme elle ne surdramatise pas le calvaire des victimes féminines, déshumanisées par leurs tortionnaires mais capables de discernement. Bien sûr, il y a une forme d’idéalisme dans sa démarche (du mal peut naître le bien) mais, au moins, se démarque-t-elle du cynisme à la mode ou du défaitisme de circonstance. Bien épaulée par le vétéran Dean Semler à la photo et par des acteurs concernés, Angelina Jolie démontre une belle capacité de rebondissement. Sa deuxième partie de carrière s’annonce passionnante.
Toutes les critiques de Au pays du sang et du miel
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Au Pays du Sang et du Miel, (...) est un cri de révolte contre la violence faite aux femmes et le principe de non-intervention de la communauté internationale. Le drame a du souffle.
-
Malgré (...) un goût très poussé pour la cruauté et le mélo, et un rythme un peu poussif, le film à le mérite d'offrir la vision d'une femme sur ce terrible conflit qui a ensanglanté l'ex-Yougoslavie il y a un vingtaine d'année.
-
Au pays du sang et du miel veut faire ressurgir la vérité sur ces femmes agressées et ces hommes massacrés. Ce que nous voyons de l'Amérique c'est surtout l'aveuglement dont elle a fait preuve face à ses atrocités. (...) Eh bien, Angelina Jolie est en guerre avec cette indifférence. A certains moments, Jolie monte à la tribune alors qu'elle devrait rester à terre. Son thème est trop complexe pour englober son scénario confus. C'est aussi en tant que réalisatrice que Jolie brille. Elle obtient des performances cuisantes et fortes de Kostic et Marjanovic. Le pouvoir sexuel qui se joue entre leurs personnages peine à masquer une vendetta qui traverse les années. Jolie a l'oeil vif pour trouver le coeur d'une scène ainsi que le véritable instinct du cinéaste pour le rythme qui en définit le caractère. Son film est là pour nous secouer. Ce qu'il réussit.
-
Film d'une femme, sur les femmes et leur vie en temps de guerre. Au Pays du Sang et du Miel a toutefois la bonne idée de ne pas exclure les hommes. (...) l(humilité global et la sincérité qui émanent du film suffisent à nous faire penser qu'Angelina Jolie (...) pourrait bien être meilleure cinéaste qu'actrice. Nous sommes désormais tout ouïe pour la suite.
-
Angelina Jolie surprend... derrière la caméra (...) On regrettera peut-être une réalisation trop soignée, malgré quelques idées audacieuses. Mais on sent que la réalisatrice a aussi voulu donner une leçon d'histoire en rappelant régulièrement (par le biais d'une radio) les dégâts de la guerre.
-
Pour sa première réalisation, Angelina Jolie n'a pas choisi la facilité. D'une violence insoutenable, son film ne nous épargne rien (...) Dans un souci d'éviter à tout prix le pathos, elle joue la carte de la sobriété : peu de pleurs, de cris et de plans larges où le victimes souffrent en silence. Revers de la médaille, cela manque cruellement d'émotion. On est révolté par ce que l'on voit, captivé par l'actrice principale, mais le couple vedette ne dégage aucune sensualité. Angelina Jolie signe un film d'utilité publique, mais passe de peu à côté d'un grand film, dommage.
-
Angelina Jolie signe un film ni mièvre ni caricatural, dont elle a aussi écrit le scénario axé sur les relations bourreau- victime. On pense à Portier de nuit, même si l’ensemble reste très pudique et romanesque. Bien que très honorable dans sa réalisation, ce film n’en réduit pas moins cette guerre d’épuration à une petite histoire.
-
Geste courageux et presque insensé, "Au pays du sang et du miel" ne fait qu'approcher les ambitions de son auteur.
-
Les choix d'actrice [d'Angelina Jolie] ont parfois été malheureux (...). Son choix de réalisatrice est plus réussi. Il est (...) à son image, double, le film oscillant entre la rage et le voyeurisme, entre l'honnêteté et l'obscénité.
-
Deux films en un. Le premier, fresque guerrière en Bosnie d’une grande naïveté, évoque moins la brutalité d’un Samuel Fuller (c’était pourtant le but) que la mièvrerie gazouillante d’Elie Chouraqui. Mais le second, centré sur la romance tordue d’une prisonnière bosniaque et d’un gradé serbe, s’avère nettement plus inspiré. Angelina Jolie y dénude plutôt justement les racines sadomaso du désir homme-femme, entretenant jusqu’au bout les flammèches d’une tension sexuelle. D’accord, tout cela n’arrive pas à l’orteil d’Oshima, mais cet embryon de film contient suffisamment de fulgurances pour espérer, qu’à l’avenir, la néo-cinéaste en fasse son miel.
-
le film, tourné avec des acteurs serbes et bosniaques, a le mérite de rester relativement sobre et de ne pas s’appesantir complaisamment sur les larmes et le sang versés. (...) dans un récit somme toute courageux mais trop long et très mal fichu, qui articule avec difficulté le contexte guerrier, et notamment les violences faites aux femmes, avec une histoire d’amour passionnelle entre un soldat serbe et une bosniaque musulmane, prisonnière privilégiée du camp ennemi. Réduits à illustrer les paradoxes du conflit ethnique (de voisins amis, on devient ennemis), les personnages manquent d’épaisseur et de nuance romanesque.
-
On n’en tirera pas une leçon d’histoire sur le conflit, mais plutôt un beau geste de femme engagée et sensible. Tenu par une excellente direction d’acteurs et un vrai sens de la distance, notamment pendant les scènes les plus pénibles, où la caméra est toujours à la juste place. Si Angelina Jolie ne se voyait vraiment pas réalisatrice, elle ferait bien d’y repenser à deux fois.
-
Racoleur et lourdement didactique malgré de bonnes intentions, le premier film d’Angelina Jolie est un pamphlet caricatural contre la guerre, doublé d’un éloge maladroit de l’interventionnisme made in USA