Quelques hommes descendent lentement un lourd cercueil à travers l’interminable escalier d’une tour de banlieue (l’ascenseur est en panne). Avec cette séquence d’introduction aussi impressionnante que sentencieuse, Ladj Ly dit le projet de son film. Les communautés, l’insalubrité des bâtiments, la misère sociale dans les banlieues… c’est tout cela que le film raconte en suivant Haby, jeune militante pour le droit au logement. On croise aussi Pierre, un médecin idéaliste (joué par Alexis Manenti), nommé pour remplacer le maire de la ville mort subitement. Pendant que Pierre poursuit les plans de réaménagement de son prédécesseur, Haby et d'autres habitants du quartier tentent de résister aux expulsions. Mais la tension monte d’un cran quand un restaurant clandestin prend feu au sein d’une des tours. Après Les Misérables, Bâtiment 5. Et après la police, les pouvoirs publics (la mairie) et la politique de logements. Le cinéaste explore donc la vie des banlieues sous un autre prisme. Il voudrait faire son The Wire français qu’il ne s’y prendrait pas autrement : même envie de dénoncer le racisme institutionnel, les faillites des politiques publiques et les inégalités sociales. Malheureusement, Ladj Ly tombe dans tous les pièges qu’il avait en partie su éviter sur son premier film. Didactique (le rôle de Haby), artificiel dans l’enchaînement des situations et caricatural dans le jeu des comédiens comme dans la caractérisation des personnages (notamment celui de Manenti), Bâtiment 5 n’est plus mené que par de bons sentiments, l’agit-prop et l’envie de régler des comptes. C’est légitime, mais tout cela rend la fiction manichéenne et inefficace.