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Chaque année, c’est la même chose : on va voir le nouveau Woody Allen. Le rituel est immuable (générique sur fond noir, bande-son jazzy), la déco fleure les années 70-80 (photo un peu jaunie, dress code désuet), les invités ne changent pas (des névrosés, des pudiques, des vulgaires)... Mais Blue Jasmine, d’entrée, laisse entendre une musique différente. La frêle silhouette de Cate Blanchett se détache étrangement sur un ciel d’azur et son teint de porcelaine est plutôt cireux. Il y a quelque chose de cassé chez ce personnage insaisissable, en permanence sur le qui-vive, tour à tour irritant, hystérique ou touchant. La structure en flash-back, qui révèle son passé florissant mais trompeur, éclaire une nature complexe et blessée ; les personnages secondaires jouent leur rôle de révélateur ; le ton se fait de plus en plus sombre. Le réalisateur surprend, évite les bons mots gratuits et les scènes en trop. Film de mise au point, Blue Jasmine jette un regard sans complaisance sur une vie de lâcheté et d’aveuglement où le confort l’a emporté sur la prise de risques et la réflexion. Il y a quelque chose d’Une autre femme, autre grand mélo allenien qui sondait douloureusement le passé et la psyché féminine, dans cette fuite en avant qui s’achève comme elle a commencé : dans le noir.
Toutes les critiques de Blue Jasmine
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Woody Allen, sa rencontre avec Cate Blanchett pour « Blue Jasmine » donne un film épatant.
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Mêlant des flashbacks de sa vie de luxe à son présent sous Xanax, offrant à la prodigieuse Cate Blanchett un rôle qui nous fait passer du rire aux larmes, Blue Jasmine permet au réalisateur de renouer avec le drame, nous offrant ainsi sa meilleure comédie douce-amère de ces dernières années.
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Une splendide comédie cafardeuse teintée d'amertume désenchantée.
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On croyait presque l’avoir perdu. Après avoir consacré sa septième décennie à l’enluminure ringardissime d’une Europe de carte postale (de Paris à Rome en passant par Londres et Barcelone), le cinéaste revient en puissance, et en majesté. Fin, raide, précis, tragique : Blue Jasmine est un grand Woody
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(...) rarement le cinéaste se sera autant plu à orchestrer une aussi savante construction entre passé et présent.
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Woody Allen signe un de ses meilleurs films, au sommet de son art, et sublime l’actrice qui incarne une riche femme au foyer récemment séparée.
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Entourée par une troupe d'acteurs à sa mesure, elle livre une composition éblouissante en femme confrontée à un choc de cultures désopilant mais jamais à ses dépens. Puisse Allen limiter ses sorties hors de ses frontières. Car c'est de là qu'il raconte le mieux notre monde.
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La déchéance sociale d’une épouse de milliardaire. Une fable virtuose, où la drôlerie le cède peu à peu à une noirceur inouïe.
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Sous ses dehors carnassiers de fable contemporaine, Blue Jasmine recèle une méditation dont l’idée même de résilience serait à la fois l’objet et l’enjeu : jusqu’où sa protagoniste peut-elle sombrer sans perdre tout à fait la raison, jusqu’où l’empathie du spectateur peut-elle l’accompagner dans sa folie ? Si prendre part à l’expérience en vaut la peine, Allen le doit pour l’essentiel à l’étincelant génie de son actrice. Une Cate Blanchett dont le port noueux, la gestuelle inquiète et le regard dément jamais tout à fait focalisé sur rien parviennent à percer sans cesse l’amer limon de ce film qu’elle transfigure de sa présence enfiévrée.
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Blue Jasmine, un grand Woody Allen mine de rien.
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Le film glisse de la comédie au drame et Woody Allen donne son interprétation de l’affaire Madoff . Drôle, tendre et cruel, Blue Jasmine est une réussite. Les dialogues sont brillants et Cate Blanchett, tour à tour hystérique et touchante, est magistrale. A ses côtés dans des seconds rôles, Sally Hawkins et Alec Baldwin ne font pas de la figuration. Woody Allen a trouvé en Cate Blanchett une nouvelle muse et il serait bien inspiré de lui offrir un nouveau film.
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Entre conte moral et portrait de femme, entre satire sociale et citations des grands classiques (Madame Bovary, Un tramway nommé Désir), Woody Allen et ses interprètes offrent un spectacle éblouissant d'intelligence et d'humour amer.
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Après une série de comédies de qualité inégale, Woody Allen revient à ce qu’il sait faire de mieux, la radiographie d’un personnage névrosé qui se bat pour garder la tête hors de l’eau. Au fil d’un récit
qui procède par flash-back, cette tragédie existentielle, dépourvue de cet humour caustique qui caractérise d’ordinaire le cinéaste, offre à Cate Blanchett le plus beau rôle de sa carrière. L’actrice
australienne se met à nu émotionnellement et, alternant rires et larmes, se livre à un prodigieux numéro de funambule. -
Attention, un Woody Allen peut souvent en cacher un autre, et même un meilleur encore qu’on n’a pas vu venir. Après s’être pris les pieds dans les ruelles italiennes avec « To Rome with Love », il retrouve ici tout son souffle et ajoute à sa galerie de portraits celui d’une femme américaine qu’on n’est pas près d’oublier. (...) Cate Blanchett donne une profondeur au malaise de cette femme, qui est perceptible dans le moindre de ses regards et de ses gestes. Elle est une Jasmine aussi fragile, détestable et touchante qu’elle est une actrice éblouissante. Un beau coup de cœur pour un sacré coup de blues.
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Un véritable petit bijou. On retrouve le réalisateur à son meilleur depuis « Match Point » avec Scarlett Johansson. Il semble comme dopé par la présence de son actrice, Cate Blanchett. On savait l’Australienne, férue de théâtre, capable de tout jouer. « Blue Jasmine », qui repose (presque) entièrement sur ses épaules, prouve qu’elle est désormais une des grandes de Hollywood.
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Portrait d'une femme déclassée, une Blanche DuBois contemporaine, qui aurait eu le tort d'épousé un genre de Bernard Madoff. Avec une Cate Blanchett au sommet, Woody Allen réussit l'exploit de signer à la fois un mélo bouleversant et une comédie irrésistible.
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Capable du pire (To Rome With Love), Woody Allen l'est aussi du meilleur. Témoin, ce subtil portrait de femme brisée (inspiré de laffaire Madoff), dont Cate Blanchett fait une oeuvre d'art.
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Cate Blanchett, toujours sur la corde raide, pas forcément sympathique, est impressionnante entre faux semblants et détresse. Criant d'actualité, le film passe en revue, avec une aisance admirable, le clivage social entre grande bourgeoisie et "gens du commun", sans jamais tomber dans les clichés ni dans le mélodrame.
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« Blue Jasmine », le plus beau film de cet immense artiste depuis « Match point » en 2005, nous attendrit avec cette femme perdue et totalement désespérée, qui a feint une bonne partie de sa vie et se retrouve à la quarantaine, obligée d‘affronter le principe de réalité. Du très grand cinéma et une immense actrice. Merci Mr Allen !
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Assez irrégulier au niveau de la narration mais les moments d’inattention sont étouffés par la performance captivante de Cate Blanchett.
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Le film de Woody Allen est à la fois drôle et cruel, avec un excellent casting de second rôles légèrement caricaturaux. Dans un rôle de composition sur le fil, Cate Blanchett est délectable. Mais pas de quoi crier au génie retrouvé.
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Un film qui rassemble le plus gros casting de cette année : Cate Blanchett est exceptionnel dans le rôle principal supportée par les performances incroyables de Alec Baldwin, Sally Hawkins et Andrew Dice Clay dans un rôle dramatique.
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Le portrait dévastateur d’une femme dont la vie est complètement disloquée.
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Blanchett est très constante dans son rôle, elle nous livre le rôle plus enivrant de l’année.
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Fable cruelle sur fond de crise, BLUE JASMINE prouve que Woody Allen n’est jamais plus intéressant que lorsqu’il reste sur le fil, entre comédie amère et mélodrame vachard. Au centre, Cate Blanchett, immense en Blanche Dubois d’aujourd’hui.
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Malgré une écriture un peu légère, c’est le travail le plus conséquent de Woody Allen sur les dernières années.
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Dans ce registre qui flirte avec le mélo, Cate Blanchett compose un personnage bouleversant, complexe, bleu comme le blues. Pas de fioritures dans cette histoire de femme, pas de digressions. Woody Allen va à l’essentiel des sentiments humains et signe tout simplement un grand film. Taillé sur mesure pour une actrice fragile comme de la porcelaine.
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Le théâtre russe n’est jamais loin dans cette fable douce-amère, où Allen s’efface presque trop derrière deux actrices exceptionnelles.
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Dans la veine dramatique de Match Point, ce nouveau Woody Allen propose un portrait de femme au bord de la crise de nerfs, merveilleusement interprétée par Cate Blanchett.
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La cuvée 2013 du cinéaste est donc un très bon cru, le meilleur depuis années, et une vraie bouffée d'air frais en cette rentrée morose. Comme quoi, Woody Allen n'avait pas forcément besoin d'aller faire le touriste en Europe pour réussir à dépayser !
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Blanchett porte ce filme tout comme son personnage porte la désillusion.
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Pourquoi on s’intéresserait à la vie de Jasmine ? Tout simplement parce que Blanchett est hypnotisante.
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L’intrigue est moyenne, les flashbacks sont paresseux et comme toujours, tout le monde bégaie comme Woody.
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Prodigieuse comédienne, Cate Blanchett laisse sourdre les angoisses des années qui passent et des « occasions » qui se feront de plus en plus rares. C’est une main qui tremble, de fines rides aux coins des yeux, des cheveux emmêlés… C’est aussi une lassitude qu’on ne cherche pas à dissimuler face à la vitalité inépuisable d’une sœur trop gentille (formidable Sally Hawkins) ou aux reproches d’un beau-fils que l’on n’a pas su accompagner quand il en avait besoin. S’il conserve longtemps son parfum entêtant, le jasmin finit par se faner.
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Cate Blanchett est tellement incroyable d’abandon que ça fait mal aux yeux. Malgré ça, difficile de compatir à la chute libre de cette trophy wife incapable de voir la réalité en face. La noirceur du propos n’est pas, en soi, ce qui pose problème : de "Crimes et délits" à "Vicky Cristina Barcelona", en passant par "Match Point", on ne peut pas dire que Woody Allen se fasse beaucoup d’illusions sur la nature humaine. Sauf qu’il le communiquait avec une finesse qui, ici, fait cruellement défaut. De facilités scénaristiques en personnages caricaturaux, ce "Blue Jasmine" est une sitcom de luxe qui peine à émouvoir.
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Au mieux mesquin, au pire sévèrement gâté, l’humour du film ne sauve rien, mais branle dangereusement sur son axe central (le contraste entre la grande bourgeoise et les prolos bas du front), et se vautre ça et là dans un comique de boulevard qui poussera les fanatiques d’Allen à baisser le regard, comme on détourne les yeux d’un accident. Mais tout est une question de point de vue, si le film méprise sciemment sa toile de fond pour mieux souligner l’aveuglement volontaire et la claustration mentale de son personnage, alors Blue Jasmine évolue quelques coudées au-dessus de la concurrence. Si ce n’est pas le cas, il s’agit tout simplement d’un film raté. Et vous savez ce qu’on en pense.