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Avec un plaisir cruel, Polanski s’amuse à décaper le vernis social de deux couples new-yorkais pour montrer leur penchant naturel à l’hostilité. Ils cherchent tous les prétextes pour s’opposer alors qu’ils prétendent réparer le mal causé par leurs enfants, sans se rendre compte que ces derniers ne font que les imiter. Petit à petit, des glissements s’opèrent, les alliances se défont, et ce n’est plus un couple contre l’autre mais les hommes contre les femmes. À part quelques détails datés (les références à John Wayne), la plupart des travers sont épinglés avec une ironie contemporaine : la prétention culturelle, l’irritante « bonne volonté » des adultes, l’addiction au téléphone portable, etc. Le tout emballé sans effort par des acteurs que mène le toujours excellent Christoph Waltz. Mais Carnage n’est pas aussi léger qu’il en a l’air. Il fait écho à une scène faussement anecdotique de The Ghost Writer dans laquelle un homme tente de balayer des feuilles en plein vent. Ce gag cruel sur l’inutilité des efforts humains à dompter la nature est typique de la lucidité caustique de Polanski. Lorsque l’espoir n’existe plus, il ne reste que le rire.
Toutes les critiques de Carnage
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le spectacle est tout aussi fascinant que grandiose, le film excellant véritablement à susciter le malaise sous la couverture de la franche comédie. On rit, beaucoup, mais on sort glacé par la vérité qui se dégage de cet affrontement. Du grand cinéma et un vrai dieu du carnage : Roman Polanski
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… Roman Polanski adapte la brillante et intelligente pièce de l’auteure française Yasmina Reza transposée dans le milieu de la moyenne bourgeoisie américaine, laquelle se retrouve, sous la loupe féroce du réalisateur, pathétiquement laminée. Du théâtre filmé ? Pas seulement car, si les unités de temps, de lieu et d’action sont respectées dans cette tragi-comédie, la mise en scène du réalisateur cerne les corps filmés sous toutes les coutures, sans laisser ni répit ni cachette à ses personnages, exposant leurs failles, leurs angoisses, leurs doutes. Les différentes combinaisons (seul, à deux, à trois) donnent lieu à des règlements de compte sur le couple, l’art, la bonne conscience, la culpabilité, le capitalisme cynique… Pour interpréter ces bobos au bord de la crise de nerfs, un exceptionnel quatuor d’acteurs, Kate Winslet, Christoph Waltz, Jodie Foster et John C. Reilly : leur pétage de plomb est du grand art.
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Deux couples s’affrontent lors d’une réunion de conciliation: leurs enfants se sont bagarrés à la récré. La discussion commence courtoisement et s’achève dans le fiel et le vomi. Adapté d’une pièce de Yasmina Reza ("le Dieu du carnage"), le film de Polanski est fidèle à l’œuvre originale. Pourquoi le cinéaste, après le succès de "Ghost Writer" et ses épreuves en Suisse, a-t-il choisi ce huis clos ? Mystère. Il y passe une rage terrible, magnifiquement jouée par les acteurs, Kate Winslet et Jodie Foster en tête. Le film est violent, drôle, cruel. Mais bref, 80 minutes, trop bref.
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C'est drôle. On est à cheval entre Le Dîner De Cons, de Francis Veber et La Corde d'Hitchcock.
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Le rire s'étrangle parfois dans la gorge devant la méchanceté des propos, tandis que les yeux s'écarquillent tout rond devant la maestria de la mise en scène. « Roman ne m'a pas déçu » dit Reilly. Nous non plus.
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Adaptation haut de gamme de la pièce de Yasmina Reza, Le Dieu du Carnage, ce huis clos grinçant et jubilatoire convoque un quatuor d'acteurs grand standing pour notre plus grand plaisir.
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Plaisir de l'intelligence et bonheur des acteurs : en déplaçant la pièce de Yasmina Reza dans un contexte américain, Roman Polanski accentue sa virulence, tout en la rendant encore plus irrésistible.
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Carnage a la subtilité et l’humour de l’écriture de Yasmina Reza, la splendeur de comédiens qui n’ont plus rien à prouver (Jodie Foster, Kate Winslet, John C. Reilly et Christoph Waltz… Seul l’un des quatre n’a pas encore eu son Oscar) et l’intelligence méticuleuse de la mise en scène de Polanski. Ça a beau être du théâtre filmé… quelle gifle !
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Le réalisateur s’est entouré de quatre acteurs exceptionnels, poussés dans leurs retranchements, qu’il filme souvent en gros plan. Bien que les caméras soient statiques, cette comédie caustique ne manque pas de rythme. Un jouissif exercice de style.
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Carnage est certes moins beau et moins emballant que The Ghost Writer mais, sous des apparences a priori convenues, Polanski signe un nouveau film très personnel.
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Pour tirer le portrait à des personnages qui tournent en rond, campent sur leur position, tentent le compromis mais se poussent réciproquement dans leurs retranchements, le réalisateur n’avait pas vraiment le choix que celui de respecter les limites d’une scène fictionnelle. Il nous paraît simplement dommage que la mise en scène, basée sur des plans relativement sages, ne soit pas transcendée à l’intérieur de ce décor. CARNAGE n’a de réellement spectaculaire que l’interprétation : John C. Reilly en mari pleutre se muant progressivement en parfait connard ; Jodie Foster en femme pétrie de certitudes, les imposant jusqu’à en devenir hystérique ; Christoph Waltz en avocat fier de son propre nihilisme et Kate Winslet en mère concernée et bourrée d’angoisses… Chacun porte son personnage avec un aplomb inouï, et le jeu de massacre entre les quatre vire à la démonstration de talent. Une leçon, vraiment. Il faut dire qu’à la base, le texte, sensé, avisé voire philosophe, sonne vrai et laisse à réfléchir sur « l’épanouissement par la famille » ou « l’Homme, cette bête sociale ». Mais si le film est particulièrement réussi lorsque tous se cachent derrière la bienséance pour apaiser l’affaire, à deux ou trois reproches près, on pourra déplorer que la finesse du film s’étiole plus le règlement de comptes se muscle et se noie dans l’alcool – quoique l’ivresse convienne parfaitement à Mme Winslet, convenons-en.
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Après le coquet Ghost-Writer, Roman Polanski s'enferme dans les quatre murs d'un appartement bourgeois pour un film carcéral et d'acteurs qui met indirectement en pièces son expérience pénitentiaire. Mordant mais un peu lourd.
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De ce sujet apparemment sur mesure pour lui, Polanski fait, curieusement, un film pas assez méchant. Presque un reportage, en réalité, qui, par sa fluidité, donne l'impression troublante d'avoir été tourné en temps réel. Presque un épisode de téléréalité, aussi, qui se voudrait magnifié par la mise en scène...
Elle est rudement efficace, cette mise en scène, mais elle ne sauve pas tout.
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Dans ce huis clos acide, tiré de la pièce de Yasmina Reza, Polanski dépiaute en temps réels les non-dits, frustrations et faux-semblants du jeu social et du couple, avec un quatuor remarquable.Mais la la tuerie annoncée, trop bavarde, déçoit.