Avec Chien 51, Cédric Jimenez s’attaque à la SF. Et de grande ampleur. Dès l’ouverture, on retrouve l’ADN du cinéaste : un fourgon file à toute blinde, s’arrête à un checkpoint, une fusillade débute et une course-poursuite commence… Tension, rythme imparable. Le réalisateur de BAC Nord est dans la place. Il sait tenir une caméra et nous plonge dès le générique dans son Paris futuriste. C’est l’autre bonne surprise du film : sa mégapole compartimentée en trois zones sociales, est magnifiquement recréée. Rarement une production hexagonale aura affiché une telle ambition visuelle. Les décors sont soufflants et la manière dont la caméra de Jimenez franchit les zones, file sur les traces de ses flics ou fonce à travers les dance-floors est tétanisante. Ce n’est pas que de l’esbrouffe… Vidéosurveillance, État oppressif, individus broyés : ses obsessions se déploient dans cet univers dystopiques un peu trop proches de nous. On regrettera alors que la mécanique du scénario ne soit pas toujours à la hauteur de son style. En adaptant Laurent Gaudé, Jimenez et son scénariste Olivier Demangel ne gardent que le décor. Ils se débarrassent des sous-intrigues et des thèmes (la nostalgie, le broyage capitalistique, la rédemption impossible) qui faisaient la richesse du roman. Et on a parfois l’impression que le polar futuriste se contente d’aller droit devant, quitte à laisser la profondeur du livre original en Zone 3. Heureusement, Adèle Exarchopoulos électrise chaque scène. Et si face à elle Gilles Lellouche assure, c’est elle qui donne du chien et de l’intensité dramatique au film. Un spectacle solide, visuellement bluffant, même si narrativement inégal.