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Le nouveau golden boy Cannoise s’appelle Lukas Dhont. Après sa Caméra d’Or pour Girl, le jeune cinéaste belge a fêté son entrée en compétition avec un Grand Prix du Jury pour ce Close auquel nombre de festivaliers, sortis en larmes de sa projection, auraient volontiers décerné la Palme du cœur, même si cette émotion- là a pu laisser de marbre certains chez Première. Pourtant, Dhont y prouve une fois encore son aisance sur le terrain du mélo pudique, conscient que la force émotionnelle de l’épreuve vécue par ses personnages serait trahie par toute dérive larmoyante. Le cinéaste installe ici très vite le lien qui unit ses héros, deux mômes de 13 ans. Une amitié fusionnelle et très tactile qui, au moment d’entrer dans les heures tumultueuses de l’adolescence, leur vaut d’être pointés du doigt par certains de leurs camarades. Les mots « pédale » ou « tapette » commencent à fuser en classe ou dans la cour de récréation et à créer une distance entre eux deux. Léo s’éloigne et Rémi ne comprend pas, souffre, enrage, explose, avant de ne plus supporter de vivre, comme si on lui avait enlevé son oxygène. Close devient alors un film sur la culpabilité de celui qui reste et Dhont joue des ellipses pour ne jamais verser dans l’insoutenable, quitte parfois à retenir un peu trop artificiellement les chevaux. Et comme il l’avait fait avec Victor Polster dans Girl, il révèle deux jeunes comédiens saisissants de justesse, Eden Dambrine et Gustav de Waele, aux côtés, dans le rôle de la mère de Rémi, d’Emilie Dequenne, une fois encore impériale dans ce registre ultra- émotionnel.